samedi 7 janvier 2012

Chapitre 6 : Rancune

Dès qu’elle vit Jack entrer dans le café, Haley remarqua qu’il était en colère. Elle se demanda immédiatement si c’était lié à l’entretien qu’il venait d’avoir avec le docteur et que ce que ces deux-là avaient bien pu se dire… Elle connaissait Jack sur le bout des doigts, ils étaient séparés mais en tant que meilleure amie, elle s’inquiétait de le voir dans un tel état.
Il s’assit en face d’elle et malgré ses efforts, Haley le fixait d’un regard qui disait « Vas y, crache le morceau ! »
- Quoi ? demanda-t-il ? sur un ton agressif.
- Houlà ! On se calme, je ne suis pas un suspect ni un voyou, juste ton amie !
- Excuse-moi, je suis…
- Enervé ?
- Contrarié plutôt ! rectifia-t-il.

Stephenie s'approcha de leur table pour prendre leur commande. Voyant la mine renfrogné de Jake, elle ne s'éternisa pas à leur table. Elle se contenta de noter sur son carnet la commande et la déposa sur le comptoir. Ce soir, c'était elle qui servait les clients, parfois elle aimait se mêler à la foule même pouvait être rude. Elle savait qu'il y avait quelque chose qui avait contrarié le shérif adjoint cependant elle n'était pas assez curieuse ni assez proche de lui pour vouloir poser des questions et de toute façon, elle savait très bien que rien ne restait secret dans sa petite ville, elle saurait très vite de quoi il retournait.
- Que s'est-il passé avec Patrick pour que tu sois de si mauvaise humeur? lui demanda Haley essayant de relancer la conversation.
- Rien, c'est juste qu'il est très agressif. Je comprends pas pourquoi il réagit de la sorte. On procède exactement de la même façon avec n'importe quel nouvel habitant dans la ville et aucun n'a réagi de cette façon. Je trouve ça très bizarre. On dirait qu'il a peur de quelque chose alors que c'est juste une petite enquête de routine.
- Il vient d'une grande ville, les médecins réputés n'ont pas l'habitude d'être traités comme des voyous que veux-tu ! Sa réaction est instinctive, ça n’a rien avoir avec toi ! Si il veut se faire accepter, il n’aura pas le choix.
- Je pense qu'il se fiche d'être accepté ou pas.
- J’ai plutôt l’impression qu’il n’est pas habitué au mode de fonctionnement d’une petite ville, il est seulement pas très... sociable c'est tout.
- Pas très sociable ?, dit-il ironiquement. C'est peu de le dire, il vient vers les gens seulement par intérêt comme avec Phil.
- Tu dis n'importe quoi Jack. Tu es de mauvaise humeur car tu n'as pas l'habitude qu'on te tienne tête mais arrête de réagir comme un gamin. Tu n'es plus à la cours de récré. Laisse-lui le temps de s’adapter !

Stephenie leur avait déposé leur repas depuis plusieurs minutes déjà mais ils étaient tellement pris par leur conversation qu'ils avaient à peine touché à leur plat.

- Tu as raison, je devrais me calmer au lieu de m'emporter bêtement. J'étais prêt à m'excuser mais il m’a pris de haut, du coup je ne voulais pas envenimer les choses et je suis parti. Je l’allais pas me rabaisser à ce genre de conflits dignes de gamins mal élevés.
- Mais tu t'entends parler ? Au vu de ton humeur, je dirais pourtant que tu étais prêt à en découdre !
- C'est bon, j'ai compris promis… maman, dit-il en rigolant. En tout cas, une chose est sûre, il t'apprécie beaucoup.
- Ne dis pas n'importe quoi.
- Ok, si tu veux mais je sais ce que je vois.
- Et si tu arrêtais de manger cette glace qui te givre les neurones et pour que je puisse en profiter, hein ? Moi je dis que ce serait la meilleure chose que tu ferais de ta journée, se moqua-t-elle.
- Ah ah très drôle. De toute façon, j'ai plus faim.
- Moi je suis fatiguée, je vais rentrer.
- Ca marche. Ce soir c'est moi qui offre, ma belle
- Merci beaucoup, cher monsieur.
Elle se leva de la banquette pour rejoindre la sortie. Sa journée l'avait épuisée ! Entre l'enregistrement des nouveaux livres, le stock de la librairie qui avait dépassé le maximum gérable confortablement, la fin de l'après-midi avait été mouvementée avec l’annonce de la grossesse inattendue de sa meilleure amie et enfin, cette scène entre Patrick et Jack, ses nerfs avaient été mis à rude épreuve. Elle non plus ne comprenait pas pourquoi Patrick réagissait ainsi mais elle devait absolument se sortit cette question de la tête car dans le cas contraire, c’était la nuit blanche assurée ! Hors, demain elle serait seule à la boutique et elle devait absolument dormir.
Patrick était occupé avec le dossier de Sarah, il venait de se renseigner par internet pour connaître l'adresse du laboratoire médical le plus proche. Il se trouvait à cinquante kilomètre de Angel's Fist, il mit les échantillons de sang dans un petit carton entouré de bulle gomme pour bien les protéger afin qu'il n'y ait pas dégât lors du trajet. Il joint un courrier afin de recevoir une réponse le plus vite possible. Il tenait à avoir tous les éléments possibles pour  pouvoir suivre sa patiente le plus sérieusement possible. Il sursauta quand il vit Haley sur le seuil de son bureau. Il ne l'avait pas entendue entrer, trop concentré sur ses recherches.
- Je vous ai fait peur ?
- Oui, mais c'est de ma faute j'étais absorbé par mes recherches et par conséquent, je ne vous ai pas entendu frapper à la porte.
- Je n'ai pas frappé, dit-elle sèchement.
- Eh bien, voilà qui n'est pas très poli.
- Oui je sais, nous sommes très impolis dans cette ville.
- Haley, il y a un problème ? Vous m'avez l'air de mauvaise humeur...
- Je suis bien déçue à vrai dire ! De quel droit vous permettez-vous d'être aussi arrogant avec les gens de cette ville alors qu’ils vous ont accueillis plus que chaleureusement. Vous vous prenez pour qui franchement ?
- Je vous demande pardon ? Personnellement, je ne pense pas que fouiller dans mon passé puisse être considéré comme un accueil chaleureux !
- Oh arrêtez de jouer ce rôle d’enfant gâté qui fait un caprice ! Qui a piqué mon jouet ? Qui a bu dans mon soda ? On est où là à la maternelle ? s'énerva-t-elle. Si vous voulez continuer à avoir des patients, je vous conseille d'arrêtez d'être aussi arrogant et narcissique. Vous n'êtes pas le centre du monde Patrick. Ici ce n'est pas New York, c'est juste une petite ville où on se fiche de qui vous êtes, ce que vous mangez ou autre. On a nos petites habitudes, les procédures sont les même pour tout le monde que ce soit pour vous ou pour les autres. Si vous n'avez rien à vous reprocher, cessez vos enfantillages.
- Bien. Vous avez fini ?
Il s'était levé pendant qu'elle lui faisait part de ses quatre vérités et ils étaient à présent face à face, tels deux duellistes.
- Oui j'ai finis. Pourquoi ?
C'est alors qu'il s'approcha d'elle et qu'il l'embrassa. Choquée et étonnée, elle recula puis le gifla.
- Ca va pas non ! Faut vous faire soigner !
Elle sortit du cabinet tellement furieuse qu’elle jurait tout bas. Le geste de Patrick n'avait pas été de très bon goût. Peut-être qu'en temps normal, sans toute cette pression qu’elle avait accumulée, elle n'aurait pas réagit de la sorte mais là, à ce moment précis, elle avait comme une envie de meurtre. Le moteur de la camionnette rugit lorsqu'elle passa sauvagement la troisième puis accéléra jusqu'à son domicile, une fois sur place, elle prendrait une bonne douche chaude pour se détendre afin de passer une bonne nuit de sommeil.

Patrick regarda dans son miroir la marque lui avait laissé la main de Haley. Il était encore surprit de sa réaction et ne comprenait pas pourquoi il avait eu ce geste impulsif et pour le moins stupide, pourtant il ne le regrettait pas. Il devait admettre que la réaction de la jeune femme était logique, elle défendait son meilleur ami et lui avait voulu calmer le jeu en essayant de la courtiser. Il l'appréciait beaucoup mais pas au point de vouloir être proche d'elle, du moins essayait-il de s’en convaincre.
Il grimpa jusqu’au premier étage, c’était vraiment pratique d’avoir son appartement juste au-dessus de son cabinet. Il mit son pyjama pour aller au lit. Après avoir mis quelque chose sur sa joue afin de calmer la douleur, il plongea sans mal dans un sommeil profond. Le lendemain, il irait s'excuser auprès de Haley en espérant qu'elle lui laisse le temps de le faire !



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