samedi 7 janvier 2012

Chapitre 5 : Mésentente

Cela faisait presque un quart d'heure que Patrick était enfermé dans le cabinet avec Sarah, Phil devenait de plus en plus inquiet et avait énormément de mal à dominer son impatience, il faisait les cent pas dans la salle d'attente ce qui commençait à agacer Haley.

- Tu vas arrêter oui, tu vas finir par me faire vomir à me donner le tournis comme tu le fais, râla Haley.
- Désolé, mais ça fait déjà quinze minutes qu'il nous laisse poireauter comme des imbéciles ça commence à devenir insupportable !
- Phil, s’il y avait le moindre souci, il serait venu nous chercher depuis longtemps. Alors maintenant tu t'assieds s'il te plaît où je vais le chercher qu'il te fasse une piqûre de tranquillisant.

Reprenant un minimum de self contrôle, il se rassit sur son fauteuil d'attente. Cependant, il jouait avec ses mains ce qui agaçait Haley autant que de le voir faire marcher sans but. Pour ne plus voir ce petit jeu, de façon subtile et calme, elle posa ses mains sur les siennes pour le rassurer, il la remercia avec un sourire.


Patrick mit les tubes qu’il avait remplis de sang dans un petit carton puis colla une étiquette dessus avec l'adresse du laboratoire d'analyses le plus proche afin d'avoir les résultats  au plus vite.


 Il rejoignit Sarah, toujours allongée sur la table d'examens.

- A présent, je vais vous faire une échographie pour avoir une petite idée en attendant la réponse.
- Une petite idée sur quoi ? lui demanda-t-elle presque agressive.
- Sarah, pourquoi vous méfiez-vous autant de ce que vous pouvez peut-être avoir ? La médecine n'est pas une science exacte. Enfin, elle l'est la plupart du temps mais dans votre cas, disons que ce serait plutôt bien qu'elle ait eu tort, non ?

Elle faisait la dure mais au fond, son cœur se déchira à l'idée que le Docteur puisse avoir eu une mauvaise intuition.

- Allez-y, faites l'éco, qu'on soit fixé une bonne fois pour toutes. Je n'ai rien à perdre, à part le peu d’espoir que vous m’avez donné mais ma déception sera à la hauteur, je vous le garantis.
- Je vous comprends, calmez-vous, respirez profondément, on sera fixé dans quelques instants. Ca risque d'être un peu froid. Vous êtes prête ?

Elle hocha la tête, de peur d’éclater en sanglots si elle ouvrait à nouveau la bouche.


Patrick appliqua une bonne dose de gel, ce qui provoqua un léger sursaut à Sarah qui était hyper tendue puis fit glisser la sonde de l'échographe sur le bas du ventre de sa patiente.
Tous deux fixaient l’écran sur lequel apparaissait les images transmissent par l’échographe. Patrick était concentré. Sarah quant à elle faisait des allers-retours entre le moniteur et le visage du médecin. Il déplaçait la sonde en mouvements circulaires, vers le haut, le bas, à gauche, à droite, … Sarah commençait à transpirer, elle était épuisée et les larmes qu’elle contenait difficilement perlaient sur le bord de ses paupières. Elle ne savait plus si elle devait regarder l’appareil de contrôle ou le visage impassible de Patrick car elle ne décryptait ni l’un ni l’autre.
Le médecin retira la sonde et adressa à Sarah un sourire bienveillant et un regard de lequel  elle crut décelé une étincelle de satisfaction.

- Vous voyez, je vous l'avais dit, les miracles existent.
- Co... co... comment, j’ai bien compris ? C’est possible ? demanda-t-elle toute émue.
- Je vous l'ai dit Sarah, la médecine peut parfois se tromper et dans votre cas, c’est une merveilleuse nouvelle.
- C'est pas possible. C'est pas réel, dit-elle tout bas encore sous le choc.
- Et pourtant, ça l'est. Tenez essuyez-vous avec ce morceau de sopalin. Je vais chercher Phil.
- Merci.

Patrick ouvrit la porte de la salle d’attente et Phil se leva immédiatement comme s’il était monté sur ressort, il fixa son ami avec inquiétude.


- J'ai fini mon examen.
- Alors ?
- Eh bien, les résultats de la prise de sang devraient me revenir dans une semaine, enfin, je l'espère mais en attendant j'ai fait d'autres examens.
- Tu vas me dire ce qui passe s'il te plaît, dit Phil sur la défensive.
- Je n'ai qu'un mot à te dire : félicitations.
- Quoi ? je comprends rien.

Haley, surgit à côté de lui, émue mais voulant avoir la confirmation de ce qu’elle pensait avoir compris.

- J'y crois pas ! C'est ça alors ? Sarah est enceinte ?
- En effet, oui. Les miracles existent, lui répondit Patrick
- C'est ... pas possible, souffla Phil.
- Oh je peux t'assurer que si Phil, rien n’est impossible ! Si vous voulez entrer, on va vous montrer l'écographie... Je lui ai fait une prise de sang pour savoir exactement la date du début de la grossesse.
- Je vais être papa ! réagit Phil pas encore tout à fait remis de sa surprise.
- Viens, tu vas pouvoir fêter ça avec ta femme. Haley, vous pouvez vous joindre à eux si vous le désirez...


Ils le suivirent dans la salle d'examens et virent Sarah, le sourire aux lèvres et les joues inondées de larmes de joie.

- Hey ma puce...
- Il t'a dit ?
- Oui. Quelle merveilleuse nouvelle, non ?

Sarah hocha de la tête en guise de réponse positive mais Phil voyait bien que quelque chose n'allait pas.

- Sarah, ça va ? demanda Haley après avoir vu de l’inquiétude dans le regard de son amie.
- C'est que... comment dire... et si ça faisait comme la dernière fois..., dit-elle en regardant Phil droit dans les yeux, les larmes ruisselant sur ses joues.
- Sarah, la dernière fois, vous n'aviez pas un suivi régulier de votre grossesse car au départ tout se passait bien. A présent, connaissant vos antécédents médicaux, je n'ai pas l'intention de vous lâcher. Je vais suivre votre grossesse le plus rigoureusement possible vous pouvez compter sur moi, intervint Patrick pour la rassurer.
- Vous avez intérêt, lui répondit-elle un léger sourire aux lèvres.
- Bien, nous sommes donc d'accord. Vous allez gentiment rentrer chez vous et vous reposer. Puis se tournant vers Phil, je compte sur toi pour  prendre soin d'elle et demain pas question qu’elle aille travailler. Si je vous vois à la boutique je vous tire les oreilles.
- Ne vous inquiétez pas, si elle débarque je la renvoie chez elle avec un coup de pied aux fesses, intervint Haley.
- Quoi ? Tu oserais taper une femme enceinte qui plus est ta meilleure amie ? Mais quelle honte, fit Sarah sur un ton faussement offusqué.


Ils sortirent du cabinet. Sarah s'installa dans la voiture, elle était si épuisée qu'elle s'assoupit  à peine installée. La voiture démarra. Haley et Patrick les regarda s'éloigner.

- Merci encore Patrick, sans vous je pense que son état aurait pu rester comme cela sans que nous nous en rendions compte. Je ne comprends pas comment nous  n'avons pas pensé dès le premier instant à une grossesse ? s’interrogea-t-elle à haute voix.
- Vous savez Haley, parfois les choses les plus évidentes ne sont pas celles qui nous viennent de suite à l'esprit. Qui plus est, votre amie avait des antécédents médicaux qui laissaient entendre qu'elle ne pourrait plus jamais porter d'enfant, honnêtement, si je n'avais pas été médecin, je pense que j'aurais eu la même réaction que vous.

Il jeta un regard sur le trottoir d'en face. Haley fit de même puis observa Patrick.

Il fixait Jack Handson  qui traversait la route dans leur direction. Tout de suite, le regard du Docteur devint froid.

- Il y a un problème? demanda Haley.
- Eh bien, je ne l'apprécie guère. Il s'est permis de fouiller dans mon passé comme si j'étais un vulgaire criminel, je considère que c’est un manque de respect.
- Oh, mais vous savez, c'est la procédure dans une petite ville comme la nôtre.
- Ah oui ? Donc si c'est systématique, il a l'intention de faire la même chose avec les touristes qui vont pas tarder à arriver dans la ville, dit-il agressivement.
- Vous exagérez Patrick. Et ne vous défoulez pas sur moi, je ne suis pas à l’origine de votre problème.
- Excusez-moi, il m'arrive d'avoir parfois des réactions excessives.
- Oui, ba pour un médecin c'est pas le top.


Jack arriva devant eux comme si de rien n'était. Pourtant, il avait bien remarqué le regard du médecin au loin et la tension qu’avait provoqué son arrivée.

- Jack, comment s'est passé ta journée ?
- Bien et toi ma belle ?
- Un peu mouvementée, mais ça va.
- Oui j'ai entendu dire que Sarah n’était pas bien. Rien de grave, j'espère ?
- Tu le sauras bien assez vite. Bon je vais vous laisser, mon ventre crie famine maintenant que le choc est passé.
- Tu n'as pas mangé ?
- On n’a pas eu le temps, nous sommes directement allez au cabinet de Patrick pour être sûr qu'elle avait rien de grave.
- Je vois. Ca te dirait de dîner avec moi ? l'invita-t-il.
- Si je te connaissais pas je dirais que c'est un rencart, lui dit-elle en rigolant avec un clin d'œil.
- Je prends ça pour un oui. Pars devant, je te rejoins chez Stephenie, il faut que je m'entretienne avec le Doc.
- Ok, ca marche. Pas de rivalité masculine, messieurs. Je compte sur votre savoir- vivre.

C'est sur cette remarque ironique et le sourire aux lèvres qu'elle s'avança en direction du café.


Patrick ne supportait pas de se retrouver à proximité du shérif adjoint. Il n'avait qu'une seule envie, rentrer dans son cabinet pour finaliser l'envoi de la prise de sang de Sarah.
Jack, de son côté ne prêtait pas attention à l'attitude du médecin, il trouvait même cela puéril mais il partait du principe que si il réagissait ainsi c'est qu'il avait quelque chose à se reprocher.

- Qu'est-ce que vous voulez ?
- Vous n'êtes pas obligé de m'agresser.
- Je ne vous agresse pas, je connais mes droits et je sais que je ne suis pas obligé de vous parler si je n’en ai pas envie ! Vous ne pouvez pas m'arrêter pour ça.
- Arrêter ce petit jeu, Patrick. Je ne sais pas pourquoi vous réagissez de cette façon mais si c'est en rapport avec la recherche sur votre passé, c'est une attitude très disproportionnée.
- Pardonnez-moi de ne pas aimer me sentir épier dès mon arrivée. Je trouve cela moyen comme accueil.
- Si vous n'avez rien à vous reprochez, je ne vois pas pourquoi vous réagissez de façon aussi excessive.
- Tout simplement parce que nous avons le droit à une vie privée et que c'est un manque de respect total de votre part. Et si je m'abaissais à votre niveau ? Il n'y a pas que vous qui pouvez mener votre petite enquête.
- Bien comme tout dialogue est impossible avec vous, je vais rejoindre Haley au restaurant. Je vais garder ma salive et mes excuses pour moi.
- Parce que vous alliez vous excuser ? Ne me prenez pas pour un idiot !

Jack lui tourna le dos, il était agacé et ne tenait pas à envenimer les choses ! Il prit la direction du café afin de rejoindre Haley qui l'attendait.
Patrick rentra dans son cabinet tout en ruminant son exaspération. Il décida pour se calmer de finaliser l'envoi de l'échantillon de sang de Sarah avant de rejoindre son domicile pour passer une soirée calme et reposante.



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