samedi 7 janvier 2012

Chapitre 4 : Surprise

Arrivant à proximité de son cabinet, Patrick remarqua un homme assez grand et maigre qui faisait les cent pas.
Il se dirigea vers son visiteur qui au son de ses pas, se retourna pour lui faire face.
- Ah ! Bonjour ! Vous devez être Patrick Rice, supposa l’inconnu avec une note d’espoir dans la voix.
- Oui, en effet. Et vous êtes… ?
- Excusez-moi, je suis monsieur Stanley. Je travaille pour Deliverer Entreprise. Je suis chargé de la livraison de vos meubles.
- Ah, oui ! C’est super ! Je les attendais. Vous êtes en avance mais je ne m’en plains pas ! Loin de là, je suis impatient de poursuivre mon installation.
- Voilà tout ce dont vous avez besoin ! Où dois-je déposer tout ça ? demanda-t-il en désignant les caisses alignées sur le trottoir.
- Dans la première pièce, sur votre gauche. Ce sera très bien, merci beaucoup !

Monsieur Stanley déposa tous les cartons à l’endroit indiqué par le médecin.
Après une heure et demi de travail, il alla informer Patrick que c’était terminé et l’invita à signer le bon de livraison. Après un dernier salut, il monta dans son camion et repris la route vers New-York.
Patrick prit la mesure du travail qui l’attendait et commença à réfléchir afin d’organiser au mieux le déballage et le montage de chaque élément constituant son mobilier. Il réalisa tout à coup qu’il lui manquait un élément essentiel… une boîte à outils ! Ayant sympathisé avec Phil, il décida spontanément d’aller le trouver afin de lui demander s’il accepterait de lui venir en aide.
Sarah et Haley étaient sur le chemin qui les ramenait au centre-ville. Elles avaient bien profité de leur pause-déjeuner et il était temps de retourner travailler ! Elles avaient rechargé leurs batteries et savouré le calme qui régnait au bord du lac… En effet, les habitants étaient au Stephenie Coffee’s et les touristes n’avaient pas encore envahis les lieux.
Elles avaient passé leur temps à rire et à se taquiner et elles continuaient…
- Avoue que si l’occasion se présentait, tu ne dirais pas non, dit Sarah avec un sourire qui en disait long.
- Tu te fais des films, ma grande !
- Moi ? Ben voyons ! Tu oublies que je suis ta meilleure amie, je te connais trop. J’ai vu cette étincelle quand vous échangez un regard !
- Il y a certes, je l’admets, une grande complicité entre nous mais c’est parce que nous sommes amis ! se défendit Haley.
- Oui, vous êtes amis, mais vous êtes toujours attirés l’un par l’autre, insista Sarah.
- J’admets que physiquement, il me plaît mais le sexe ne suffit pas dans une relation. Pourquoi crois-tu que nous avons rompu ?
- Tout à fait, mais si vous vous retrouviez ivres et isolés dans une pièce, je suis certaine que ça finirait en super partie de jambes en l’air ! répondit Sarah, avant d’éclater de rire.

Haley soupira avant de céder, elle aussi à une crise de fou rire.
Arrivées devant la boutique, elles virent le docteur sortir de son cabinet. Haley, toujours d’humeur taquine et ravie de changer de sujet, lui lança :
- Il me semble que notre nouveau médecin passe plus de temps à se promener que dans son cabinet !
- En effet, mais c’est pour la bonne cause, je me rends à l’épicerie car j’ai besoin de l’aide de Phil ! J’ai enfin reçu mes meubles mais ils sont en kit et je cherche de la main d’œuvre outillée pour les monter et les installer.
- Le connaissant, il acceptera volontiers ! Pas vrai, Sarah ?

Cette dernière avait l’air un peu  perdue dans ses pensées mais répondit cependant sur un ton neutre:
- Euh oui, tout à fait, il adore rendre service. Il sera ravi que vous ayez pensé à lui.
- Tant mieux car seul, c’est mission impossible. Je vous souhaite une excellente après-midi. Je m’en vais de ce pas voir si vous avez raison et si Phil accepterait de lâcher son carnet de commandes pour m’aider.
- Bonne après-midi à vous aussi, Docteur, s’exclamèrent les filles en cœur.
Elles observèrent Patrick jusqu’à ce qu’il pénètre dans le magasin.
- Rien à faire, je l’aime pas, dit Sarah.
- Moi, je le trouve gentil.
- Je ne dis pas qu’il est méchant… c’est plus subtile que ça. Il a l’air trop poli pour être honnête. Il a l’art de faire parler les gens sans rien dévoiler sur lui ! Comme s’il avait quelque chose à cacher.
- Je vais dire à ton mari de surveiller tes lectures et ce que tu regardes à la télévision, tu deviens parano, répliqua Haley en riant.
- Ah, ah, très drôle, en attendant, tu peux te fier à ma première impression, je ne me trompe jamais !
- La perfection n’existe pas, même toi, tu peux commettre une erreur !
-Possible, on verra, mais je reste prudente.

C’est sur cette conclusion qu’elles ouvrirent la librairie. Le travail ne manquait pas. Une grosse commande avait été livrée en prévision de la saison estivale et de son cortège de clients de passage. Le temps n’était donc plus à la discussion mais à la concentration.

Patrick de son côté, enthousiaste et optimiste entra dans la boutique et chercha Phil du regard. Ne le voyant pas, il décida de parcourir les rayons lorsque celui-ci émergea de ce qu’il supposa être la réserve, l’air renfrogné.
- Un problème ?
- Non, mais j’en ai marre de faire de la paperasse ! Les touristes c’est indispensable pour le commerce et ça met de l’animation mais les préparatifs que ça demande, c’est une autre histoire !
- Alors je tombe bien, enfin, je pense… je suis justement venu vous proposer de faire un travail manuel pendant disons une heure ou deux…
- Vous pourriez être plus précis ? demanda Phil intrigué.
- Eh bien, je viens de recevoir mes meubles et sans une paire de bras supplémentaire et quelques outils, je n’y arriverais jamais ! Alors, j’ai immédiatement pensé à vous… si vous êtes d’accord bien sûr…
- Avec plaisir ! Sans compter qu’ici vous trouverez tout l’outillage dont vous avez besoin.
- Certes et vous êtes une des rares personnes avec qui j’ai réellement pu sympathiser jusqu’à présent, compléta Patrick.
- Y a pas de problème ! C’est avec plaisir que j’accepte. Laissez-moi juste une petite heure et je vous rejoins. Les  gens ne s’étonneront pas que je ferme de bonne heure. C’est calme pour le moment !
- Bien, à tout à et merci !
Patrick était soulagé et motivé. Son antre allait pouvoir accueillir ses patients de façon agréable, dans un cadre convivial. C’est d’un pas déterminé qu’il avançait lorsqu’il se retrouva face au shérif adjoint.
Celui-ci avait l’habitude de parcourir les rues de la ville à pied, chaque après-midi. Histoire de rassurer ceux qui en auraient besoin. Par conséquent, son chemin croisa celui du docteur qui visiblement ne l’appréciait pas beaucoup.
- Décidément, ça va devenir une habitude, Docteur ! On n’arrête pas de se croiser. C’est peut-être un signe du destin…
- Oui, on peut se poser la question, répondit le médecin avec une moue dubitative.
- J’ai cru comprendre que vos meubles sont arrivés… Vous devez être content, vous allez pouvoir ranger et achever vos aménagements.
- En effet, c’est justement ce que je m’apprêtais à faire !
- Ca va vous changer de New-York, en tout cas…
-Comment savez-vous que je viens de là ? Je n’en ai parlé à personne, interrogea Patrick sur la défensive.
- Je vous confirme, vous n’avez livré aucun détail sur votre passé, répondit Jake ironiquement, mais il est de coutume ici, de se renseigner sur les nouveaux arrivants.
- Ah vraiment, j’en conclus que vous avez mené votre enquête ! Bonjour la confiance, dit-il avec agacement.
- Ne le prenez pas mal. C’est toujours comme ça !
- Si vous le dites… Bon, je vous laisse, comme vous le savez, j’ai encore beaucoup de choses à faire ! Bonne continuation.
- A vous aussi docteur. Bon courage !
- Merci.

Passablement énervé par cet entretien, Patrick déploya toute son énergie dans le déballage de ses cartons. Cela l’aiderait, espérait-il, à ne plus penser au manque de respect pour sa vie privée dont il venait d’être victime. Il entendit un coup frappé à la porte. « L’installation d’un interphone va être indispensable, il faut que j’en parle à Phil. »
Il alla ouvrir et découvrit avec soulagement que c’était son ami et non le shérif adjoint.
- Phil ! Vous êtes déjà là ? J’en suis ravi mais je ne vous attendais pas avant 16h00 !
- Grâce à vous, j’avais une excuse, donc j’ai abandonné, le cœur léger, mon carnet de commandes !
- Excellente initiative ! Plus tôt on commencera, plus vite ce sera fini.
- Oui, ne perdons pas de temps. On discutera après, je vous offrirai le couvert chez Stephenie ! Le travail pour la récompense ! Vous avez votre matériel ?
- Bien sûr mais j’ai quelque chose à vous demander !
- Euh oui, je vous écoute…
- Si on passait au tutoiement ? Nous ne sommes plus en 1900 !
- Avec joie !
Tous deux se mirent à rire. Une confiance mutuelle s’installait et une belle amitié semblait sur le point de naître.
Vers 18h00, leur dur labeur venait enfin de se terminer et la salle d’attente et celle réservée aux examens étaient prêtes à recevoir les patients. Patrick invita son nouvel ami à déguster un bon repas comme promis. « Après les efforts, le réconfort ! »
Le café commençait à se remplir doucement mais on n’était pas encore en plein coup de feu. Ils purent donc s’installer à la table habituelle de Phil.
Sarah et Haley firent leur entrée à leur tour. Phil regarda sa montre et une expression étonnée put aisément se lire sur son visage. En effet, les filles ne fermaient jamais avant 19h30 pendant la saison creuse.
- Il y a un problème ? lui demanda Patrick.
- Hein ? Quoi ? Excuse-moi. Nous allons avoir la réponse tout de suite. Je me demande pourquoi ma femme et Haley ont avancé l’heure de la fermeture de la librairie.
- Elles ont probablement fait comme toi, lui répondit le médecin avec un clin d’œil. Elles ont raison d’en profiter avant le rush !
- Les voilà, le suspens aura été de très courte durée !

En effet, les deux amies arrivaient à leur table. Ils remarquèrent tout de suite que Sarah n’avait pas l’air en forme. Elle s’assit auprès de son mari avec un faible sourire.
- Tu n’as pas l’air en forme, mon Amour…
- Ça va. Juste un coup de mou.
- Il te faut du sucré, intervint Haley qui se retourna vers Stephenie et passa commande.
- Que se passe-t-il, demanda Phil réellement inquiet.
- Elle a eu des vertiges et des nausées.
- Avez-vous mangé à midi, interrogea Patrick.
- Bien sûr, mon jambon beurre habituel, pourquoi ?
- J’essaye juste de comprendre, déformation professionnelle. Votre sommeil est bon ? Etes-vous nerveuse, stressée ?
- C’est clair que pour le moment, je suis fatiguée mais c’est toujours pareil à cette période de l’année.
- Vos nausées, elle sont fréquentes ?
- Disons qu’elles sont en augmentation depuis deux jours.
- Pourquoi tu n’as rien dit ? intervint Haley. J’aurais pu me débrouiller, tu te serais reposée au lieu de venir à la boutique !
- Ça va, c’est juste en fin de matinée et de journée et ça ne dure pas.
- Mon Amour ! Tu ne dois pas me cacher ce genre de choses ! Je suis là pour prendre soin de toi.
- Justement et comme tu le sais, je ne supporte pas qu’on me materne !
- Voilà ton soda, ma belle, intervint Stephenie.
- Merci Steph !
- Pardonnez-moi Sarah, ce n’est pas de l’indiscrétion, juste un intérêt médical. De quand datent vos dernières règles ?

Tous trois le regardèrent avec surprise.
- A vrai dire, depuis ma fausse couche, je ne fais plus vraiment attention.
- Je vous propose, si vous êtes d’accord, de vous ausculter. Une prise de sang, un examen gynécologique. J’imagine que ce n’est pas une fin de journée de rêve mais vous aurez l’honneur d’inaugurer mon cabinet, ajouta-t-il pour tenter d’alléger l’atmosphère.
- Que voulez-vous dire ? Où voulez-vous en venir ?
- Eh bien, vertiges, nausées, fatigue,…
- Enceinte, souffla Haley. Comment n’y a-t-on pas pensé tout de suite !
- Quoi ? réagit Phil ? Mais c’est impossible depuis sa fausse couche !
- Rien n’est impossible. La vie nous réserve son lot de surprises ! Mais sans examens médicaux, je ne saurais rien confirmer !
- Qu’attendons-nous, alors ? Haley, prends les affaires de Sarah, s’il te plaît ! Je l’emmène au cabinet de Patrick.
-Calme-toi mon chéri ! Respire sinon c’est toi qui auras besoin d’une consultation ! Et surtout, ne te fais pas de faux espoirs !

Elle était méfiante par rapport au nouvel habitant et là, elle allait devoir lui confier sa santé et mettre de côté sa pudeur. Voilà qui n’était pas facile à gérer !
Elle repensa au dernier examen médical qu’elle avait passé… confirmation de la perte de son bébé et l’annonce de l’impossibilité d’une autre grossesse… elle se concentra sur Phil, ce n’était pas le moment de craquer ! Une chose à la fois ! On verrait après avoir pris connaissance des conclusions du médecin.
-Oui, bien sûr mais il faut de toute façon qu’on sache ce que tu as et Patrick est l’homme de la situation.
Haley paya le soda pendant que les autres quittaient l’établissement.
- Garde la monnaie !
- Tout va bien ? Sarah n’a pas l’air dans son assiette, remarque Stephenie.
- Rien de grave… enfin, j’espère ! Je te tiens au courant dès que j’ai du nouveau. Courage, les affamés arrivent !

Haley se hâta de rejoindre ses amis.
- Je vous demande de patienter là, demanda le praticien en désignant la salle d’attente. Je vous promets de vous avertir dès que j’aurai terminé. Ne vous inquiétez pas !
- Allez, Phil, ça va aller. Assieds-toi, tu trembles comme une feuille !
Haley et Phil prirent place sur les nouveaux sièges.
Patrick, quant à lui alla dans son bureau avec Sarah.



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