dimanche 8 janvier 2012

Chapitre 28 : Réponses


Le shérif accompagné du médecin était prêt à prendre la route pour partir à la fouille des demeures qu'ils avaient réussies à trouver quand le téléphone sonna. Il s'agissait du shérif que Chad avait contacté quelques heures plus tôt pour lui faire part oralement du mandat qu'il recevrait par fax. Celui-ci devait le tenir informé une fois la fouille complétée. Reconnaissant le numéro qui s'affichait sur son téléphone, il décrocha sans plus attendre.

L'appel dura à peu près une dizaine de minutes ce qui parut une éternité pour Patrick qui ne cessait de faire les cents pas à côté de son ami qui étaient en pleine conversation et des agents de police qui commençaient à perdre patience à le voir tourner ne rond comme cela. Voyant leurs regards chargés comme des mitraillettes, il comprit qu'il devait se calmer et attendre que Chad finisse sa conversation.

Après avoir raccroché, le shérif expliqua le motif de l'appel à ses employés ainsi qu'à son ami qui en tenait vraiment plus en place.

- Donc il nous reste deux logements à fouiller, dont un qui se trouve très au nord de la ville.
- Je dirais même très excentré de la ville.
- On procède comment alors ? Demanda l'un des officiers.
- Eh bien, je pense qu'on devrait se séparer mais si nous tombons l'un comme l'autre sur une des deux maisons, nous ne serons pas assez pour intervenir.
- Donc nous restons ensemble ? Interrogea Patrick.
- Oui. Nous allons commencer par la plus proche de la ville et nous finirons par la plus éloignée.
- Tu crois qu'il y a des chances pour que ce soit celle-là ?
- Honnêtement, ça me paraît beaucoup trop facile que ce soit dans cette maison mais, si jamais c'est le cas, tant mieux pour nous, sinon il faudra redoubler nos efforts. Ne perdons pas de temps, allons-y. Aucune sirène, et à l'approche de la maison on roule au pas. Je crois même que si il y a une entrée de jardin ou un chemin, on se garera juste avant et nous continuerons à pied l'effet de surprise peut être un plus.
- Chef, peut-être devrions-nous dans ce cas prendre qu'une seule voiture...
- Bonne idée Chase. On prend la vôtre, elle est plus discrète.
- Mais... Intervint Patrick.
- Quoi ? Demanda Chad à l'intention de son ami.
- Si on les retrouve il n'y aura pas assez de place.
- Patrick, les renforts ça existe, répondit le shérif sur un ton moqueur.

Ils montèrent dans la voiture de Chase, Chad et Patrick à l'avant alors que les deux officiers se retrouvèrent à l'arrière du véhicule. Le moteur allumé, il démarra en faisant crier les pneus sur le bitume et prit la direction du sud de la ville où se trouvait la première maison plus excentré que celle qui se trouvait beaucoup plus au nord. Entre deux, il s'était dit que c'était plus celle là qui valait le coup d'être fouillée. Le ciel toujours aussi bleu rassurait le shérif, car s’il devait y avoir le moindre indice se trouvant à l'extérieur de l'une des maisons, il ne voulait pas que la pluie en vienne les effacer les ramenant à zéro.

Patrick, crispé au siège passager, attendait avec impatience que la fin du trajet se profile. Il ne voulait qu'une seule chose, récupérer sa bien-aimée saine et sauve.
- Si jamais elle lui a fait la moindre petite blessure, je...
- Tu rien du tout. C'est moi qui dois m'occuper des coupables, c'est mon boulot.
- Oui mais...
- Rien du tout Patrick. Tu récupères Haley et tu sortiras de la maison pendant que nous occuperons d'Elena. L'un des gars appellera les renforts et vous attendrez tous les deux dans la voiture. Si jamais tu fais un pas de travers, ça peut nous coûter cher à nous tous. C'est clair ?
- Oui, très clair. Mais, si jamais Elena se retrouve blesser, ne me demande pas de la soigner.
- C'est noté. Mais la seule façon de la blesser serait qu'on lui tire dessus.
- Tu es sûr de connaître Haley, demanda le médecin avec un petit sourire en direction de son ami.
- Oui, c'est vrai, tu n'as pas tort, elle peut se transformer en vraie tigresse quand elle est en danger. Nous devrions peut-être nous mettre à prier pour Elena finalement.
- Peut-être bien...

La voiture continua son chemin en traversant les bois qui longeaient la partie sud de Angel's First. En passant devant la maison de Haley, Patrick eut un petit moment de tristesse en imaginant qu'elle pourrait ne jamais revenir à son domicile. Entendant les voix des trois autres hommes, il sortit de sa rêverie.

- C'est là que je dois tourner à gauche ? Demanda le shérif à Chase.
- D'après l'itinéraire, oui.

Il mit alors son clignotant et tourna sur la gauche empruntant une nouvelle route un peu plus étroite que la précédente.

- Là, vous continuez sur une dizaine de kilomètres.
- D'accord.



Le moindre mouvement lui provoquait des douleurs d'une intensité différente selon la façon dont il bougeait. Certaines de ses plaies avaient commencé à sécher mais leur profondeur ne changeait pas, ce qui lui provoquait ses douleurs. N'entendant aucun cri venant d'une pièce quelconque, il commençait à s'inquiéter sérieusement pour Haley et à s’interroger sur le fond de toute cette histoire.

Pourquoi faire tant de mal à des personnes innocentes ? Il ne comprenait pas et aimerait obtenir des réponses mais il savait que cela relèverait de l'impossible à moins d'y risquer sa vie. Le point de départ était Elena, mais sa complice l'intriguait beaucoup plus, cherchant qui cela pouvait être et ses motivations... Il n'avait reconnu aucune voix parmi les habitants qu'il avait pu rencontrer à Angel's First mais peut-être les avaient-elles été trafiquées... Tant de questions qui se bousculaient dans sa tête lui faisant alors oublier brièvement ses blessures qui elles ne manquaient pas de lui rappeler leur présence.

Il sursauta lorsqu'il entendit un bruit sourd retentir dans la pièce où il se trouvait, ce qui accéléra d'un coup les battements de son cœur, le faisant haleter et balayer la pièce d'un regard inquiet ; il était persuadé d’être seul depuis le départ d'Haley. Entendant un nouveau bruit sourd et distinct, il s’éloigna de l'endroit où il se trouvait sans regarder derrière lui, sans réfléchir, jusqu'à ce qu'il sente quelque chose effleurer sa main à peine quelques secondes mais assez pour le faire de nouveau sursauter et regarder derrière lui. Il recula alors jusqu'au mur voulant être sûr que rien ni personne ne pouvait se retrouver derrière lui comme ce fut le cas quelques secondes auparavant. Le seul problème de cette pièce : son manque de luminosité ; il pouvait seulement être sûr que personne ne se trouvait derrière lui grâce au mur contre lequel son dos était collé, mais aucune certitude de n'avoir personne à côté de lui ce qui d'un coup le fit paniquer un peu plus. Il prit son courage à deux mains et dirigea l'une de ses mains à sa gauche qui brassa le vent vainement, puis il fit de même du côté droit, toujours rien. Il n’entendit qu'une seule chose : un souffle léger mais distinct.



Une autre gifle retentit comme un bruit sourd sur la joue droite d'Haley lui faisant craquer la mâchoire comme si un coup de massue était venu la lui briser. Elle regarda ses tortionnaires d'un regard noir leur faisant comprendre qu'elle ne comptait pas encaisser cela très longtemps et décida alors de les provoquer pour tester leurs limites, après tout, elle n'était plus à ça près, du moins, c'est ce qu'elle pensait car, au final, elle n'avait aucun idée de ce que ces personnes lui réservaient.

- C'est bon, vous prenez votre pied ? Ca doit être jouissif de pouvoir torturer et tuer des gens pour le plaisir, sans leur expliquer pourquoi, ni leur dire qui vous êtes. Oh, y’a pas à dire, niveau lâcheté vous êtes au sommet de votre gloire. Félicitations, vous venez de gagner le meilleur prix de débilité humaine. Si vous pensez que tuer des gens pour arranger vos petits soucis personnels est la solution, eh bien, vous vous trompez.

Les deux personnes se regardèrent stupéfaites de l'audace de la jeune femme mais en même temps énervées, très énervées, ce qui n’allait probablement pas arranger son cas mais, au point où en était cette histoire, c'était quitte ou double. Alors, elle alla encore plus loin dans sa démarche.

- Dites-moi... Elena.

Les deux femmes se regardèrent estomaquées ne sachant pas comment réagir fasse à cette révélation : Haley savait que l'une d'elles était la pharmacienne de la ville dans laquelle elle habitait.

Haley rigola nerveusement mais fière de ce coup de poker. Elle jubilait.

- Ba alors, pas de coup de couteau, pas d'acide dans le visage, pas scalpel pour m'arracher le cœur ?
- Comment... Comment avez-vous...
- Votre poignet !
- Mon poignet ?! Demanda-t-elle surprise.

Elle baissa alors son regard en direction de celui-ci et comprit l'erreur qu'elle avait faite. De la colère apparut dans ses yeux lorsqu'elle fixa Haley mais fut interrompue par sa partenaire qui, elle, était folle de rage à cause cette erreur fatale.

- Mais quelle idiote que tu fais ! C'était trop te demander de faire attention, d'être plus prudente ?!
- Oh excuse-moi Madame « je suis si parfaite que je souhaite détruire toute cette ville juste par jalousie ». Je ne pouvais pas m'occuper de ces fichues locations de maisons dans divers états et tout ce qui va derrière ton sublime plan et faire attention aux moindres petits détails de mon corps pendant que toi, tu jouais la fainéantise à torturer ces gens.
- Fainéantise ? Non, mais je crois rêver. Je te rappelle que tu n'as pas hésité une seconde lorsque je suis venue à ta rencontre et te proposer ce plan. Toi qui étais si malheureuse depuis ta rupture à laquelle personne ne portait la moindre attention, si bien que lorsque je t'ai tout dévoilé, tu n'as pas hésité le moins du monde, alors cesse de faire ta sainte ni touche et assume.

Haley jubilait de les voir se crêper le chignon, c'était la faille de leur duo, elles ne se faisaient pas confiance à cent pour cent et utiliser leur point faible pouvait peut-être lui faire gagner du temps. Mais elle ne montra pas qu'elle était contente de cela pour ne pas qu'elles se retournent contre elle tout de suite. Tout en les regardant, elle cherchait qui pouvait être cette deuxième personne et cette phrase résonnait dans sa tête "Oh excuse-moi Madame je suis si parfaite que je souhaite détruire toute cette ville juste par jalousie" ; elle avait beau chercher elle n'arrivait pas à mettre un nom sur cette personne. Jalousie... jalouse de Sophia, Jake, Stephenie ? Mais pourquoi ? S'interrogea-t-elle.

La deuxième femme s'arrêta net dans le conflit et tourna la tête vers Haley posant sur elle un regard des plus méprisants. La prisonnière soutint alors son regard sans y laisser paraître la moindre émotion même si, au fond d'elle, leur réaction imprévisible lui faisait peur.

- Vous pensez être maligne avec votre super découverte.
- C'est vous qui le dites, répondit Haley.
- Ignorez-vous donc ce que ça va engendrer ?
- Parce que, sans ça, vous m'auriez laissé vivre ? Demanda-t-elle ironiquement.
- Vous êtes intelligente Haley, une qualité que Patrick aime beaucoup.
- Patrick ? Comment... ?
- Ah ! Un mystère que vous n'avez pas encore résolu pas vrai ? De toute façon, votre sort est celé, alors autant vous en dire un peu plus avant de continuer notre petit jeu.
- Tu es sûre ? Questionna Elena.
- T’occupe. Tu as assez fait de dégâts pour aujourd'hui. Va voir son copain, il est peut-être déjà mort, dit-elle avec un sourire haineux.

Elena tourna les talons et sortit de la pièce.

- A nous deux, Haley.



James était toujours paniqué rien qu'au son qui se dégageait dans la pièce sombre où il se trouvait. Ca ne cessait de bouger dans le noir mais il n'arrivait pas à savoir ce dont il s'agissait.

- Qui... Qui est là ?

Des couinements retentirent à cette question, affolant un peu plus les battements de son cœur.
La chose (il la définit ainsi ne sachant pas ce dont il s'agissait) le frôla de nouveau le faisant reculer un peu plus contre le mur si bien qu'il se cogna douloureusement le dos réveillant la plaie qui s'y trouvait. Il sentit quelque chose monter sur son pied et le griffer. Il secoua sa jambe faisant dégager la chose et se déplaça dans le minuscule faisceau de lumière qui se trouvait sur sa gauche. On rampa de nouveau sur sa jambe. Il cria et secoua tout son corps quand il vu qu'il s'agissait de quatre rats qui montaient sur son corps attirés par le sang à peine séché de ses blessures.



La voiture était à mi-chemin de leur destination, le chemin qu'ils avaient emprunté était humide, il avait dû pleuvoir dans cette partie de l'état ce qui ne fit pas du tout plaisir au shérif ainsi qu'aux trois hommes qui l'accompagnaient. Un carrefour se présentait à eux à la fin de cette route ; le shérif écoutant l’officier Chase lui indiquer le chemin à prendre, il mit son clignotant droit et continua dans cette direction. Un panneau indiquant un village à quelques kilomètres de là se trouvait sur le bord de la route, il s'agissait du nom d’une des adresses qui était sur les papiers d'Elena.

- On y est presque, conclut Chad.
- En espérant que ce soit la bonne, rétorqua le médecin pas du tout rassuré.
- Je l'espère aussi...

Ils continuèrent à rouler dans le silence, peu rassurés par le nuage qui se trouvait au-dessus d'eux.

- On dirait que le climat n'est pas avec nous, dit Chase.
- En effet, espérons que ce n'est pas pour nous. Avec un peu de chance...
- Sinon, nous sommes foutus, paniqua le médecin.
- Non, ce sera juste plus difficile mais pas foutu, je ne baisserai pas les bras pour des gouttes de pluie !

La route était déserte ce qui facilitait la circulation et permettait à Chad de rouler à une vitesse légèrement supérieure à la limitation autorisée, même si cela lui faisait gagner quelques petites minutes, c'étaient des minutes importantes dans ce genre d'affaire, surtout quand il s'agit d'une amie.

Patrick regardait derrière la fenêtre retournant à sa rêverie.


Quelques semaines plus tôt.

- Tu crois que Sarah va finir par nous fiche la paix et vivre notre histoire sans se mêler de quoi que ce soit ?
- Alors là, je crois que tu rêves mon petit. Déjà quand je sortais avec Jake, c'était limite si on ne devait pas sortir à quatre tous les soirs.
- Oh... Euh, je crois que je vais la faire accoucher plus vite alors, dit-il en souriant.

Haley explosa dans un fou rire qu'elle ne put contrôler, si bien que des larmes roulèrent sur ses joues.

- Ce n'est pas très correct venant d'un médecin, dit-elle en reprenant son calme mais gardant un ton amusé.
- Mais je sais que tu ne le répèteras pas, de toute façon, désormais, tu es ma complice. Si tu lui dis quoi que ce soit, je serai obligé de te dévorer tout crue.

Il lui sauta dessus la recouvrant de baisers, ce qui la fit rire comme une enfant. Leurs regards se croisèrent, une atmosphère intense les entourait désormais.

- Je vous aime, Haley James.
- Je vous aime aussi Docteur Patrick Rice.

Ils s'embrassèrent avec passion.


Un klaxon sortit Patrick de ses pensées et sursauter mais il se rassura lorsqu'il vit que c’était un camion qui râlait parce qu'il n'avait pas assez de place sur la route.



Haley restait silencieuse face à cette inconnue qui lui racontait les débuts de sa vie. Voyant l'attitude de la jeune femme, sa narratrice s'arrêta et la questionna d'un regard interrogateur avant d'ouvrir la bouche.

- Je vous ennuie peut-être ? Lui demanda-t-elle sur un ton menaçant.
- A vrai dire, je ne vois ce que le récit de votre enfance peut m'apporter comme réponses.  
- Mais Haley, c'est le point de départ à mon histoire voyons. Regardez-vous un film sans en connaître le début ?
- Non. Je ne suis pas film.
- C'est vrai, vous, ce sont les livres. Enfin, vous voyez ce que je veux dire.
- Donc ? Demanda Haley fatiguée de toute cette mascarade.

La femme se rapprocha d'elle, tout en prenant une chaise au passage et d'un regard sombre ne cessa de la fixer tout en s'asseyant en face d'elle.

- Donc... Il me semble que j'ai oublié un détail dans mon histoire. Un détail essentiel...
- Lequel ? Interrogea Haley se prêtant au jeu, gagnant un peu de temps sur l'issue de cette histoire.
- Ma sœur.
- Votre sœur ?
- Oui, ma sœur. Ma sœur jumelle.
- Je ne comprends absolument rien, dit-elle agacée.
- Au collège nous étions inséparables, si bien qu'on nous appelait les siamoises ce qui avait le dont de m'agacer car nous étions seulement liées par le sang pas par la peau. Nous partions le matin ensemble, nous mangions ensemble, avec nos amis bien sûr, nous avions cours ensemble et nous rentions ensemble le soir de l'école. Arrivées au lycée, tout a changé. Il y avait ce garçon.
- Il y a toujours un garçon, la coupa Haley faisait naître sur elle un regard meurtrier.
- Sauf que là ce n'était pas n'importe quel garçon. Il était beau, intelligent, en fait, tout ce dont les filles de cet âge rêvent mais, bizarrement, ce n'était pas un amoureux du football américain. J'avais littéralement flashé sur lui mais il ne m'avait pas remarquée, par contre elle...
- Votre sœur ?
- Oui. Ils sortirent ensemble peu de temps après la rentrée scolaire de seconde et ne se quittèrent plus, si bien qu'elle ne faisait plus attention à moi. J'étais laissée pour compte. Je me fichais qu'elle sorte avec, après tout, je ne lui avais pas dit mes sentiments, elle ne pouvait pas savoir et j'étais heureuse de son bonheur, jusqu'à ce que je sois complètement transparente à ses yeux. A la fin du cycle secondaire, elle a choisi de le suivre dans son université sans s'occuper de mes projets à moi. Mes parents étaient tristes de voir que notre relation s'était détériorée à ce point mais ils n'imaginaient pas combien je souffrais de cet abandon.
- Pourquoi ne pas essayer d'en parler avec elle ?
- Qu'est-ce que vous croyez que j'ai essayé de faire ?!, Dit-elle d'une voix des plus méprisantes. Elle disait que je me trompais, que c'est moi qui me mettais à l'écart, alors j'ai laissé tomber. Je restais seule dans mon coin avec ma peine et parfois quelques larmes... A la fin de l'été, elle avait pris toutes ses affaires et ils sont partis dans cette somptueuse université.
Quelques années plus tard, elle a obtenu son diplôme qu'elle fêta à la maison avec toute la famille et lui bien sûr. Moi, je n'étais pas là, faisant mes études à l'étranger, je ne pouvais pas me permettre de faire des dizaines d'aller-retour sachant que, deux mois auparavant, j'étais venue passer une semaine chez mes parents. Pas un message pour me dire qu'elle était triste que je ne sois pas là.

- Je ne vois toujours pas le rapport avec moi...
- J'y arrive !

Haley continua de la regarder, ne voyant que ses yeux à travers cette espèce de cagoule.

- Comme il lui restait encore trois années d'étude, ils s'installèrent dans un petit appartement en dehors du campus. Elle avait trouvé un travail et subvenait à leur besoin en attendant.

Elle s'arrêta quelques secondes pour être sûre qu'Haley continue d'écouter et de suivre son récit.

- Il obtint enfin son diplôme. Il n'eut pas besoin de chercher du travail très loin car il avait déjà un poste réservé pour lui sur son lieu de formation. Il commença dès le lendemain de la validation de son diplôme à travailler dans le plus grand hôpital de New York et épousa ma sœur quelques mois après.

Haley était abasourdie, elle avait arrêté de respirer et quand elle s'en rendit compte suffoqua essayant de respirer normalement.

- Ah non, pas de malaise, c'est moi qui doit vous tuer je vous rappelle.
- Patrick ! Depuis le début vous en aviez après Patrick ?!
- Eh oui, il m'a tout pris. Il est temps pour lui d'avoir le revers de la médaille.
- Mais il n'y est pour rien lui, si votre sœur vous a laissée de côté.
- C'est lui qui l'a rendue heureuse me laissant pour compte. C'est à cause de lui que j'ai passé mes soirées à pleurer dans mon lit, que j'ai souffert pendant toutes ces années.
- Et vous croyez qu'il n'a pas assez souffert lorsque votre sœur est morte ?
- Non, pas suffisamment, sinon il serait toujours seul. Et aucun d'entre vous ne serait mêlé à cette histoire. Vous êtes celle qui lui a redonné le sourire comme si ma sœur, Shana, n'avait jamais existé. Voilà pourquoi vous êtes là aujourd'hui, pourquoi votre meilleur ami fut ma première victime.
- Il n'a pas oublié Shana, il m'en parle assez souvent à vrai dire, C'est son premier véritable amour ! Vous agissez comme une égoïste.

A ces paroles, la jumelle lui mit une gifle si forte qu'elle résonna dans la pièce. Elle se leva et fit le tour d'Haley en prenant tout son temps puis lui tira les cheveux.

- Jake ne comprenait pas ce qui lui arrivait le pauvre mais je vous rassure, ça n'a pas duré longtemps.
- Faut vous faire soigner !
- Me faire soigner ? Mais j'ai une pharmacienne avec moi, pas besoin de voir un médecin. Qui plus est, le vôtre sera bientôt entre mes filets ou mort si la dernière dose était trop forte.
- La dernière dose de quoi ? Demanda Haley paniquée et agressive.
- Vous pensiez vraiment que perdre la tête comme ça, c'était dans son habitude ?
- Vous l'avez drogué ?
- Tout à fait. D'où l'utilité d'Elena par moments.
- Je m'en doutais.
- Vraiment ?! Demanda-t-elle étonnée.
- Oui. Ce changement d'attitude, du jour au lendemain, c'était vraiment trop bizarre.
- Vous êtes plutôt intelligente Haley. Voilà ce qui pose problème depuis le début en réalité.
- Cessez de trouver des excuses bidon.
- Votre arrogance commence sérieusement à m'insupporter.
- Donc vous aviez décidé de me tuer mais avant de passer par mon entourage. Pourquoi pas Sarah ?
- Je ne sais pas, cela aurait été trop direct je pense. Je voulais un peu de subtilité.
- Pourquoi Stephenie ?
- Ca c'était un accident. Elena était paniquée et quand elle a croisé Stephenie dehors elle n'a pas réfléchi. Mais la serveuse s'en sort bien si j'ai bien compris, c'est le principal.
- Si vous le dites. Sophia, James ?
- Sophia avait comprit que quelque chose clochait chez Elena après un déjeuner et a essayé de savoir ce dont il s'agissait, ce fut son première erreur. La deuxième, c'était d'avoir épousé James.
- L'ancien amant de votre sœur.
- Oui. Il n'aurait jamais dû s'en approcher. A cause de lui, Patrick l'a quitté et elle est morte. Morte par la faute de ce cher médecin.
- Il a été innocenté, je vous signale.
- Par la justice oui mais pas à mes yeux. Il est et sera toujours le premier coupable ! Si il ne s'était pas approché d'elle, elle ne serait jamais partie, elle ne l'aurait jamais épousé et ne l'aurait jamais trompé parce qu'il était trop accaparé par son métier et surtout elle serait toujours en vie.

Haley ne répondit pas, fatiguée de débattre sur une vie qu'elle ne connaissait et dont elle ne sentait pas responsable.

- Rien à dire ?
- Pourquoi faire ? Vous avez déjà clôturé le dernier chapitre de votre histoire, pourquoi l'argumenter d'avantage ?
- Je veux connaître votre avis et à vrai dire vous n'avez pas du tout le choix, lui dit-elle la menaçant d'un couteau.

Voyant le manque de réaction de la jeune femme, elle appuya la lame du couteau contre la joue de sa prisonnière qui d'un regard paniqué l’observa comprenant où elle venait en venir. Mais ne réagissant toujours pas face à cette menace, elle poussa la sœur de Shana à bout si bien que cette dernière fit saigner sa joue d'un geste vif mais avec efficacité de sorte qu'un trait long et fin coloré de rouge marquait cette partie du visage. Le sang coulait le long du cou de la fiancée de Patrick infiltrant le tissu de la chemise qu'elle portait depuis la veille.

- Alors là, je suis stupéfaite Haley ! Pas un cri, pas un sursaut ni un frisson. Vous m'impressionnez. Vous n'avez donc pas peur ?
- Je n'ai pas pour habitude de laisser paraître mes émotions, vous m'en voyez désolé.
- Mais je suis sûre qu'au fond vous êtes angoissée, terrifiée mais trop fière pour le montrer. Donnez-moi votre avis ! Se mit-elle à crier.

Là, Haley sursauta.

- Ah ! L’effet de surprise ça fonctionne. Hum... Parlez ! Cria-t-elle de nouveau.
- Je pense que vous en voulez à Patrick mais pas pour avoir volé votre sœur comme vous le dites si bien mais parce qu'il ne vous a pas choisie vous, parce que comme toujours on l'a préférée à vous. Une fois de plus, vous vous êtes retrouvée seule, sans personne pour s'occuper de vous et donc effet de panique, angoisse et jalousie, plusieurs sentiments se sont mêlés en vous créant la colère que vous éprouvez aujourd'hui mais vous êtes trop fière pour vous l'avouer.

Se tenant debout face à Haley, la sœur de Shana la fixait sans laisser paraître aucune émotion si bien qu'Haley commençait à se dire qu'elle avait été trop loin. C'est alors qu'elle vit une larme couler sur sa joue gauche et ses membres trembler. D'un revers de la main, elle essuya cette larme.

En plein dans le mille, pensa Haley.


Soudain, la porte s'ouvrit dans un bruit sourd et elle vit Elena entrer dans la pièce tirant, avec le peu de force dont elle disposait, le corps de James ensanglanté à moitié inconscient.

- Mais que fais-tu ici ? Hurla sa partenaire en retrouvant ses esprits.
- Quand je suis arrivée dans leur cellule, il était couvert de rat.
- Et alors ?
- Et alors, je n'ai pas envie que ce soit des saletés de bestioles poilues qui fassent le travail à notre place.
- Pour une fois, tu réfléchis intelligemment. Mets-le là-bas, lui dit-elle en désignant le fond de la pièce.

Haley le suivit du regard éprouvant de la peine pour son compagnon de captivité qui n'avait pas encore vu qui était la deuxième personne à leur infliger de telles blessures. Mais, ayant enlevé ce qui protégeait son visage, il le verrait bien assez tôt et serait terrifié en voyant le visage angélique de celle qu'il a aimée autrefois, sauf qu'il ne s'agissait pas de Shanna.



- On y est presque, indiqua Chase.
- Encore combien de temps ? Demanda Chad.
- Une dizaine de minutes, je pense.
- D'accord. Je continue à rouler encore cinq minutes, puis je stopperai la voiture et nous continuerons à pieds. Patrick, tu devras te contrôler et suivre toutes les indications, c'est la seule condition pour que tu nous suives et que tu ne restes pas dans la voiture. C'est compris ?
- Oui, je ne ferai aucun zèle, je te le promets.

Après cette mise au point, les quatre hommes continuèrent de rouler en silence. La route sur laquelle ils roulaient, était couverte d'arbres aussi grands que les buildings que l'on pouvait trouver à New-York ce qui impressionnait Patrick n'ayant jamais vu ce côté de l'Etat depuis qu'il était arrivé.

- Voilà, c'est la moitié du chemin qu'ils nous restent à parcourir.
- Bien, j'arrête la voiture ici. Mettons les choses au clair, Patrick, tu me suis et...
- Je te l'ai promis, aucun zèle.
- Je sais mais je voulais me l'assurer, je me doute de ce que l'on peut ressentir quand il s'agit de la personne que l'on aime, je pense que je serais dans le même état que toi, même pire. Chase vous prendrez l'autre côté la maison. Surtout, aucun bruit et personne ne rentre dans la maison sans mon ordre. Ne vous faites pas voir. Pareil pour vous, dit-il en direction du deuxième officier.

Ces derniers acquiescèrent, tout en déverrouillant leurs armes.

- Ne tirez que si nécessaire mais, surtout, ne le tuez pas, je veux le fin mot de cette histoire. Si vous apercevez le moindre indice, ou quelque chose qui ne vous paraît pas normal, essayez de nous prévenir le plus discrètement possible. L'effet de surprise est notre point fort sur ce coup là, faut pas faire les malins, on s'est assez joué de nous.
- Compris, dirent en cœur les deux officiers.

C'est alors qu'ils commencèrent à parcourir la route qui les séparait de la maison.



James était toujours à moitié inconscient dans le fond de la pièce mais il arrivait tout de même, par moments, à entendre des brides de conversation sans y reconnaître réellement les voix. Il essayait de se concentrer un minimum tentant d'ouvrir à nouveau les yeux mais cela lui donnait mal à la tête, alors il se concentrait sur ce qu'il pouvait entendre. Reconnaissant la voix de Haley, il se sentit rassuré, découvrant qu'elle était toujours vivante ; il en déduit qu'elle ne devait pas être tant abîmée que ça au son de sa voix.

- Il bouge un peu, dit Elena à l'intention de sa partenaire.

Haley essaya alors de se retourner mais ce fut impossible à moins de faire un trois cent soixante degrés avec son cou tout en se brisant la colonne vertébrale.

- Oh, vous voulez voir votre camarade Haley. Mais ce n'est pas un souci.

Sa tortionnaire fit tourner la chaise de la jeune femme, lui permettant ainsi de voir James.

- Voilà, comme ça, vous assisterez au spectacle dès le premier rang.

James luttait toujours dans son état léthargique mais il sentait un mouvement autour de lui, alors il se força à ouvrir les yeux malgré la douleur que cela provoqua dans sa tête.

- Vous savez Haley, je vous appréciais beaucoup mais il a fallu que vous tombiez amoureuse de ce médecin. Cela aurait été tellement plus simple si, pour une fois, vous étiez restée enfermée complètement dans votre saleté de monument à livres.
- Ca s'appelle une librairie, pauvre conne.
- Je serais vous, je ferais très attention à mon vocabulaire... Haley ! Lui dit Elena qui lui tira les cheveux si fort qu'une poignée lui resta en main.

D'un geste simple, elle s'en débarrassa. Haley regarda la touffe de cheveux tomber lentement par terre avant de fixer à nouveau James qui se retrouvait à présent face à face avec le sosie de son Grand Amour. Mais, pour le moment, il n'en avait aucune idée.

- Regardez, ça va très intéressant.

James réussit à ouvrir les yeux tout en ressentant une forte douleur au niveau de son crâne mais il se fit violence et continua d'ouvrir les yeux jusqu'à ce qu'il y voie complètement la pièce. Il aperçut Haley et émit un petit sourire de soulagement en réalisant qu'elle était saine et sauve sans presque aucune marque très importante. Puis, une silhouette se mit devant lui. Il vit d'abord les jambes de la personne puisqu'elle se tenait debout devant lui et conclut à la fine ligne qu'elles dessinaient qu'il s'agissait d'une femme. Puis, cette femme, s'abaissa lentement devant lui faisant apparaître son visage ce qui provoqua un choc à James, qui s'affola à nouveau. Il voulut reculer mais se heurta au mur qui se trouvait derrière lui et se fit mal au dos.

- Mais... mais... tu es...
- Morte ? Surprise !
- Comment est-ce possible ?
- Hum... Un fantôme ? Elle éclata de rire.
- Ce n'est pas Shana, James, intervint Haley.
- Vous venez de gâcher ma chute de l'histoire. Vous devriez être punie pour cela.
- Sans blague ?! Répondit Haley aussi méprisante qu'elle.
- Mais qui êtes vous, bordel ? S'énerva James à cause de l'adrénaline qui l’envahissait à cause de sa peur.
- Eh bien, voyez-vous James, Shana avait comment dire... Ce qu'elle considérait autrefois comme une sœur !

Elle raconta le même discours qu'elle avait fait à Haley et James ne réussissait pas à tout assimiler mais il ne le fit pas voir. La fierté d'un homme...

- Maintenant nous allons enfin pouvoir jouer correctement.
- Et après quoi ?
- Après ? Eh bien imaginez votre cher docteur assis sur votre chaise mais en plus mauvais état.

Haley s'énerva mais elle était impuissante et se contenait pour essayer de garder le dessus sur la peur qui la terrassait au fond d'elle.



- Voilà la maison, chuchota Chad.
- Nous, on prend le côté droit avec Patrick, vous, le côté gauche. Soyez prudent.
- Chad, attends, regarde.

Patrick lui montra du doigt un véhicule qui stationnait devant la maison. Celui d’Elena.

- C'est trop simple.
- Pourquoi ne pas dire, que pour une fois la chance est de notre côté ? Dit Patrick.
- Allons-y, fit Chad.


Ils avancèrent alors prudemment dans le chemin de verdure qui menait à la maison.



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