dimanche 8 janvier 2012

Chapitre 29 : Délivrance

Le véhicule qui se trouvait dans le jardin était vide, rien ne se trouvait à l'intérieur, pas même un petit bout de papier. La porte d'entrée était verrouillée, Chad avait vérifié discrètement et fut rassuré que le sol ne soit pas du plancher mais du carrelage ce qui est rare dans les maisons de cet état des Etats-Unis.

Sentant son téléphone vibrer, Chad le sortit de sa poche et vit qu'il avait reçu un texto. C'était Chase, pour lui dire de venir à l'arrière de la maison. Il fit signe à Patrick de le suivre, ce dernier ne se fit pas prier et le suivit d'un pas discret mais rapide.

A l'arrière de la maison se trouvait une vieille annexe à l'abandon, qui autrefois, devait être utilisée comme une dépendance.

- Il y un sous-sol, fit remarquer Chase à son patron.
- La maison n'a pas l'air animée.
- Non, aucune apparence de vie à l'intérieur, affirma Chad.
- Je propose alors de se rendre à cette vieille bâtisse.
- Sauf que nous ne pouvons venir comme ça à découvert. Nous devons faire le tour. Reprenons par le devant de la maison et nous irons en passant par la forêt on sera plus à couvert.



- Je... je ne savais pas qu'elle avait une sœur, dit James.
- Comme beaucoup de personnes puis qu'elle m'avait rayée de sa vie.
- C'est pour cela que vous faites tout ça ?
- Eh bien, comme je l'ai dit à votre camarade de cellule, la vengeance est un plat qui se mange froid. Certes, je ne lui ai pas dit dans ces termes mais ça voulait dire la même chose. Elle m'a piqué tous mes rêves pour ne plus me prêter aucune attention par la suite. Vous trouvez cela normal de la part d'une sœur qui a toujours été là pour vous et vice versa ? Pas moi ! Cria-t-elle pour se faire entendre.


- Vous avez entendu ? Demanda Patrick aux trois garçons ?
- Oui. On aurait dit un cri.
- Cette fois, pas de doute, nous savons que c'est ici, dit Patrick.
- Non, rien nous prouve que c'est la voix d'Elena. Je ne l'ai même pas reconnue d'ailleurs. Nous continuons notre progression dans la discrétion. Avançons.

Ils continuèrent leur avancée dans les bois.


- Pourquoi Elena comme complice ?
- Après mon divorce, cette ville m'a évitée comme un animal pestiféré, n'acceptant pas cette carapace que je m'étais forgée et cette nouvelle personnalité. Je me suis rendu compte, que ces personnes qui prétendaient être mes amis ne l'étaient pas. Les faux semblants, ça ne dure qu'un temps voyez-vous et je n'étais pas dupe. Pourquoi rester avec des gens qui me détestent et que je déteste ? Donc, j'ai accepté l'offre de votre ex-belle-sœur, Charlène, lorsqu'elle s'est présentée à moi.
- Tuer des gens pour si peu c'est... très mature, en effet, répondit James sur un ton ironique.
- Ca suffit maintenant. Aucune des personnes que nous avons retenues ici n'ont fait part d'une telle arrogance mise à part vous. Ce petit jeu a assez duré…

Se dirigeant vers la table qui se trouvait de l'autre côté de la pièce, elle saisit un objet léger et pointu qui se trouvait sur la table. S'approchant doucement de James, elle lui lança un regard amusé qui le glaça sur place en découvrant ce qu'elle tenait dans la main. Un ciseau. Haley était paniqué en la voyant s'approcher de lui de la sorte, devinant trop bien ce qu'elle comptait faire.

James bougeait essayant de dénouer les liens que lui avait faits Elena, en vain. Un regard paniqué se lisait sur son visage. S'abaissant à son niveau, elle dirigea le ciseau sur l'une des blessures de l'homme, insérant la pointe de l'objet dans la blessure qui se trouvait sur la jambe gauche, celle-ci se mit à saigner à nouveau déclenchant un cri de couleur de la bouche de James. Elle tournait le ciseau d'un côté à l'autre jusqu'à ce qu'elle atteigne le tendon puis s'arrêta.


- Et là faut pas se presser peut-être ? S'affola Patrick.
- C'est la voix d'un homme, fit Chad.
- Je connais cette voix...
- Vraiment ?
- Oui on dirait la voix de James !

Les quatre hommes se regardèrent stupéfaits en entendant un deuxième cri plus féminin et donc plus aigu qui fit peur à certains animaux de la forêt.

- Cette fois, on accélère le pas.



Le poignet gauche ensanglanté par la blessure que venait de lui provoquer la jumelle, le pouls d’Halay s'accéléra.

- On fait moins la maline, petite Haley.
- C'est tellement plus facile de s'en prendre à quelqu'un qui se retrouve assis et attaché à une chaise.

A ces paroles, des doigts se mirent à trifouiller le trou formé sur le poignet faisant pleurer Haley qui ne voulait pas crier de nouveau.

- Où vas-tu ? Demanda Charlène à Elena.
- Je vais prendre l'air
- Ne fais pas ta chochotte veux-tu !
- Je vais dehors ! Que ça te plaise ou non.

Elle claqua la porte

- Je m'occuperai d'elle plus tard.


L'odeur de l'herbe et des feuillages de la forêt lui permirent de ne pas vomir. Jusque-là, elle avait assisté à peu de détails sur les tortures qui avaient été infligées aux victimes mais là, elle en voyait plus que ce qu'elle aurait voulu. Elle marcha un peu, puis s'assit sur le banc qui se trouvait à une dizaine de mètres de la porte du rez-de-chaussée.


- Regardez...
- Elena, dit Chad. Ne faites pas le moindre bruit.


Les yeux fermés et toujours assise sur le banc, elle pensait à son mari et à tout ce qu'ils avaient vécu.

- Quelle belle après-midi n'est-ce pas ?

Elle ouvrit les yeux et sauta du banc paniquée de trouver Patrick juste à côté d'elle.

- Que...
- Ce que je fais ici ?
- La même chose que nous, répondit Chad.

Elle se retourna vers le shérif qui braquait son arme dans sa direction et sursauta en voyant cette dernière. Il avança d'un pas en sa direction l'arme toujours pointée sur elle la forçant à se positionner de nouveau sur le banc ; elle le fixait essayant de comprendre mais ne réalisait pas vraiment ce qu'il se passait, d'où sa pâleur sur son visage, elle était encore effrayée par l'effet de surprise du médecin.

- Maintenant Elena, vous allez m'écouter attentivement et ne faire aucun geste brusque, ni essayer d'avertir votre complice. Vous allez nous dire tout ce que nous avons besoin de savoir. Ceci est votre seule et unique option. Suis-je bien assez clair ?
- Oui, dit-elle d'un regard méprisant.
- Où est Haley ? Demanda Patrick hargneux.
- En train de souffrir, lui répondit Elena avec un sourire haineux sur le visage.

A cette réponse, il leva sa main droite en direction du visage de la jeune femme mais Chad l'arrêta net lui évitant de créer un acte qu'il regretterait par la suite. Mais son amour pour Haley le mettait hors de lui, si bien que, par moment, il ne savait comment se contrôler lorsque l'on s'approchait un peu trop d'elle de façon agressive.

- Eh bien docteur, on frappe les femmes maintenant ?
- Pas les femmes, juste les pourritures dans votre genre.
- Ca me va droit au cœur.
- Stop ! Dit Chad d'un ton sec mais assez bas de façon à ce qu'aucun écho ne surgisse. Maintenant Elena vous allez tout nous raconter et nous dire où se trouve Haley !

Un énième cri retentit donnant des frissons à Patrick mais faisant naître un sourire sur le visage du médecin.

- C'était pas la voix d'Haley ça.
- James..., souffla Elena.
- Quoi ? James ? Vous retenez James en plus d'Haley ? Demanda Patrick horrifié.
- Maintenant Elena, vous nous dites tout dès à présent !



- Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaïe, espèce de folle.
- Vous trouvez ?

Elle tourna plus violemment le couteau dans la blessure ouverte et sanguinolente du bras gauche de James. Haley essayait de défaire les liens qui lui brûlaient les bras mais en vain, ils étaient beaucoup trop liés pour être dénoués à l'aveugle. Pourtant, elle voulait aider James à tout prix, pas seulement parce que ses cris commençaient à la rendre dingue mais parce qu'elle ne supportait plus la vue du sang ni de le voir souffrir.

A sa gauche, au niveau de ses pieds se trouvait une espèce de caillou qu'elle aurait voulu projeter d'un revers de coup de pied mais l'idée était trop stupide et surtout impossible, il faudrait qu'elle réussisse à se rapprocher sans faire de bruit mais qu'est-ce que cela lui apportera ? Ca ne l'assommerait même pas un petit peu, pensa-t-elle. Elle décida donc d'attirer l'attention sur elle d'une autre manière.

- Vous n'avez jamais essayé cette technique sur vous, ça pourrait être sympa !

Charlène arrêta de suite son acte, retirant violemment le couteau de la blessure faisant pâlir James qui se retint de crier. Elle se leva et tourna le dos à l'homme qui se trouvait par terre à moitié inconscient à cause de la douleur.

- Une crise de jalousie Haley ? Ne vous inquiétez pas, je ne vous ai pas oubliée bien au contraire mais... Comment dit-on déjà ? Ah oui, le meilleur pour la fin. Vous n'imaginez pas ce que j'ai prévu pour vous... Alors un peu de patience !



Elena leur avait expliqué comment elle s'était organisée pour les locations des logements, pourquoi elle s'est laissé embarquer dans ce plan diabolique et pourquoi elle avait décidé de droguer Patrick.

- Où est Haley espèce de folle ?
- En bas.
- Allons-y.
- Patrick attend. Je t'ai dit de ne pas te jeter dans la gueule du loup comme ça et j'étais sérieux, alors tu attends les ordres sinon je te fais garder d'office ici. Les renforts arrivent sans faire le moindre bruit alors ne va pas tout faire foirer. Elena, pourquoi James ?
- Vous comprendrez mieux quand vous serez en bas. Enfin... si vous y arrivez vivant.
- Shérif ?

Cinq hommes arrivèrent tout doucement à leur niveau, armés comme Colin Farrell dans le film S.W.A.T. ne sachant pas trop à quoi s'attendre, ils avaient pris les devants.

- Maintenant nous pouvons y aller. Vous restez là. Elle reste menottée au banc et en aucun cas vous ne vous en approchez. La seule tolérance que je vous laisse, c'est une distance de maximum un mètre pas plus, ne vous approchez surtout pas, on en sait pas de quoi elle est capable même menottée.
- Pas de soucis shérif.
- Bien. Il y a combien d'entrée ?
- Pour descendre, il y en a qu'une.
- Faites le tour de la maison au cas où, ses paroles ne valent pas grand chose à mes yeux. Avec Patrick, nous allons prendre la soi-disant unique porte pour descendre en bas, accompagnés de deux de vos hommes.
- Allons-y, répondit celui qui semblait être le chef de l'unité.



La tête vers l'arrière tenue par une main tenant une poignée de ses cheveux, Haley commençait à avoir sérieusement mal au cou mais ne voulait pas paraître faible face à sa tortionnaire, alors elle tint bon malgré les brûlures que lui provoquait le fer qu'avait saisi Charlène, le mettant en contact quelques secondes avec la peau de Haley.

- Alors, un peu moins jalouse ?
- Je suis très... touchée par votre attention, Charlène.
- Oh ! Le plaisir est pour moi, lui répondit-elle sur un ton moqueur suivi du rire qui allait avec.

Un rire qui s'arrêta net lorsqu'elle sentit quelque chose de froid sur sa nuque.

- Je vous conseille fortement de laisser tomber ce que vous tenez dans votre main et de lâcher Haley.
- Elenaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa ! Cria-t-elle furieuse.
- Elena est menottée au banc qui se trouve dans la cour. Echec et mat je dirais.

Patrick passa le pied dans la pièce et accourut en la direction d'Haley dès qu'il la vit.

- Tu vas bien ?
- Patrick...

Mais son regard était déjà sur celle que Chad tenait en joue.

- Oh mon dieu !
- Surprise Docteur.

Patrick n'arrivait pas à en croire ses yeux. Une guirlande de noël n'aurait pas eu assez de courant pour clignoter comme le faisaient ses paupières. Pourtant, Charlène était bien là devant lui, reflétant le visage de la femme qu'il avait épousé et aimé pendant des années. C'est alors qu'il se rappela de ce détail qu'il avait occulté durant des années comme Shanna n'en parlait presque jamais et ne l'ayant vu que deux ou trois fois en petit comité : sa sœur jumelle.

- Je... pourquoi ?
- Elle était amoureuse de toi Patrick, lui répondit Haley.
- La ferme ! cria Charlène à la limite de l'hystérie.

Patrick comprit alors que tout ce petit stratagème était de sa faute toutes ces personnes mortes, tuées sauvagement avaient été les victimes d'un amour et d'une jalousie démesurés. Un sentiment de culpabilité naquit au fond de son cœur, lui donnant la nausée.

- Embarquez-la.

Elle tourna le dos tout en gardant le sourire.

- Echec et mat.

Un bruit fit sursauter Patrick qui se retourna et vit James qui gisait sur le sol à moitié conscient mais baignant dans le sang qui coulait de sa blessure au bras ainsi qu'à son genou.

- James ?
- Eh Patrick. La forme ?
- Une ambulance va venir, tiens bon.
- T'inquiète, je suis dur comme la roche.

Chad étant remonté avec Charlène pour s'assurer qu'elle était bien amenée au camion des "S.W.A.T." et Elena dans un autre véhicule, Patrick défit les liens d'Haley. Un secouriste arriva en direction de James qui fut soulagé de voir quelqu'un susceptible d’atténuer de cette douleur interminable et insoutenable.

Les liens défaits, Haley se blottit dans les bras de Patrick en pleurs, la pression retombant et surtout la peur qu'elle avait réussis à cacher remontant à la surface : les nerfs lâchaient enfin.
Il en profita pour inspecter le peu de blessures qu'elle avait et fut rassuré de voir que ce n’était pas très grave en ce qui concernait la blessure au visage mais pour son bras...

- Il faut désinfecter ces brûlures.
- Quoi ? Demanda-t-elle abasourdie.
- Tes brûlures...
- Ah oui. On peut, sortir d'ici s'il te plaît ?

Il la prit dans ses bras de peur qu'elle ne perde l'équilibre vu son état émotionnel et l'aida à passer la porte. La lumière du jour agressa ses yeux mais elle réussit à s'adapter au bout de quelques minutes.

Arrivant dehors, elle vit Elena dans une voiture le regard vide comme si elle ne faisait plus partie de ce corps.

- Elle va être inculpée pour complicité et devra être suivie par un psychanalyste.
- Et pour elle, demanda-t-elle en direction de Charlène.
- Meurtres au premier degré avec séquestration et torture, elle risque la peine capitale mais pas dans une prison quatre étoiles.
- Tant mieux. On récolte ce que l'on sème.
- Oui. Haley ?
- Hum.
- Je suis content que tu sois...
- Vivante ?
- Oui, répondit Chad avec un sourire.
- Moi aussi.


- Vous devrez changer vos pansements chaque soir avant de vous coucher. Eviter de les mouiller lorsque vous prendrez une douche pour éviter que cela forme des cloques.
- Aucun problème.
- De toute façon, vu votre garde du corps, je pense qu'il n'y aura pas de soucis, fit l'ambulancier en parlant de Patrick qui avait surveillé ses moindre faits et gestes.
- Merci.
- Je vous en prie.
- Je vous laisse un moment.

Il sortit du véhicule pour leur laisser un peu d'intimité.

Ils se regardèrent droit dans les yeux pendant un moment sans rien se dire.

- Patrick...
- Je sais ce que tu vas dire et je t'en supplie ne dis rien. Ce sentiment de culpabilité restera toujours en moi à présent  que je sais la vérité.
- Je t'aime.

Il le va les yeux vers elle voyant des larmes couler sur ses joues. Il se leva pour changer de place et s'approcha d'elle la serrant très fort dans ses bras.

- Moi aussi, je t'aime. Plus que tout Haley, si tu savais.
- Je sais, dit-elle en plongeant ses yeux dans les siens.

"Je m'y noierais volontiers", pensa-t-elle.

- Phil !
- Quoi ?
- Mon portable vibre, ça doit être lui.
- Pourquoi ?
- Euh...
- Sarah ?
- Non Sarah ça va... Attends !
- Allô ? Tout s'est arrangé ne t'inquiète pas. Quoi ? D'accord. Courage c'est un médecin génial vous verrez. Nous venons dès que possible. Je lui dirai.

Il raccrocha.

Haley le regardait avec des yeux ronds essayant de comprendre et voulant avoir les réponses aux questions qu'elle se posait.

- Il a compris que quelque chose n'allait pas quand tu étais... enfin...
- Kidnappée ?
- Il a réussi à le cacher à Sarah mais elle a compris que quelque chose n'allait pas ce matin et le travail a commencé il y a deux heures. Il a essayé de me joindre mais le réseau est un peu pourri ici...
- Elle est en train d’accoucher ? Mais...
- Haley ne t'inquiète pas, le médecin leur a certifié que les bébés étaient en pleine forme. Ils naîtront avec un mois d'avance ce n'est pas grave. Beaucoup de bébés naissent avant l'heure, ce n'est pas pour ça qu'ils vont mal par la suite.
- Oui mais avec ses soucis...
- Ma puce, si je te dis que tout va bien ce n'est pas dans le vent, crois-moi. Leur rythme cardiaque est bon, leurs physionomies aussi ainsi que leurs poids. Tout va bien se passer. Tu vas te reposer et nous partirons les rejoindre d'accord ?

Elle acquiesça en guise de réponse mais son inquiétude ne diminuait pas.

- Tu devrais aller le voir..., dit-elle en désignant James.
- Oui, je crois que nous devons parler.
- Maintenant que la vérité a éclaté, il serait temps de renouer avec cette amitié.
- Je ne sais pas si c'est possible après toutes ces horreurs et surtout après ce qu'il m'a fait mais à présent, nous savons qu'aucun de nous n'est responsable de la mort de Shanna.
- Je n'en ai jamais douté à ton sujet.
- Tuer sa sœur par jalousie et manipuler son entourage pour qu'il se retourne contre toi, c'est...
- Démoniaque.
- Y’a pas de mots.
- Je reviens vite.

Il déposa un baiser sur son front et se dirigea vers James qui se trouvait allongé dans un autre camion ambulancier.


Entendant un bruit, James leva la tête et fut rassuré mais à la fois angoissé de voir que c'était Patrick. Il ne savait trop que dire... C'est le médecin qui débuta la conversation.

- Comment tu te sens ?
- J'ai connu mieux, beaucoup mieux.
- Je n'en doute pas. A voir tes blessures, tu as de la chance d'être encore conscient.
- Oh ne crois pas ca, c'est l'effet des médocs qui me choutent à mort qui me font tenir dans ce bas monde, sinon je serais déjà au pays de Morphée je pense.
- Qu'a dit le médecin ?
- L’artère fémoral n'est pas touchée, c'est déjà une bonne chose car avec tout ce sang, c'était moins une je pense mais je ne vais pas remarcher de suite, il va me falloir une bonne petite opération car elle a touché certains muscles de la cuisse...
- Aïe, fit le médecin tout ne grimaçant.
- A qui le dis-tu ! Et pour le bras, ça devrait aller juste quelques points de suture mais à surveiller tout de même, on ne sait jamais. Ils m'ont quand même fait un vaccin contre la rage ou je ne sais quoi à cause des rats.
- Des rats ?
- Oui des rats. J'ai eu le droit à de la visite quand elles étaient avec Haley.
- Quel cauchemar...
- Je ne savais même pas que Shanna avait une sœur jumelle.
- Moi si, mais disons pour faire court que leurs rapports n'ont plus été les mêmes au lycée et c'est de là que toute cette histoire est partie. C'est vraiment triste d'en arriver là par jalousie.
- Tant de victimes pour une histoire de sentiments...
- Je suis désolé pour Sophia.
- Merci.
- Excuse-moi de te poser cette question, mais, tu l'aimais vraiment ?
- Oui. Peut-être pas de la meilleure des façons ou je ne lui ai pas assez montré, je ne sais pas, mais oui je l'aimais vraiment. Au départ, pour être honnête, à mon arrivée dans cette ville, je fus hors de moi quand j'ai vu que tu pratiquais ici.
- Mais tu avais dit...
- Je sais ce que j'ai dit mais j'ai menti, je venais vraiment passer des vacances loin de tout et j'étais loin de me douter que tu te retrouvais dans une aussi petite ville touristique. Alors, quand j'ai vu que tu étais là où je voulais être pour mes vacances, tranquille loin de tout, de cette souffrance qui me rongeait depuis des années, je t'ai provoqué et je suis content que tu n'aies pas répondu à cette provocation car, aujourd'hui, je me rends compte à quel point c'était stupide.
- On a tous souffert dans cette histoire.
- Sophia ne savait pas de tout de moi, c'est vrai que je lui ai caché certaines choses mais je l'aimais, ça j'en suis sûr au plus profond de mon cœur.

Patrick sourit en guise de réconfort, il ne savait trop que dire dans ce genre de situation même avec un de ses meilleurs amis de l'époque.

- Tu devrais te reposer.
- Oui, en effet, je commence à sentir mes yeux un peu lourds.
- Tu vas à quel hôpital ?

Ce fut au tour de James de sourire.

- Je rentre chez moi. Je suis sûr d'être bien soigné là-bas. Les médecins de LA me font trop peur avec leur bistouris, ils pourraient me prendre pour une bimbo qui veut se refaire les seins.

Patrick rigola de bon cœur.

- Va pour New York alors.
- Oh oui, New-York, dit-il d'un ton rêveur. Et Haley, comment va-t-elle ? Demanda-t-il revenant de sa rêverie.
- Elle tient le coup. Mais elle a eu très peur.
- Tu sais, elle a été super courageuse là dedans, elle leur a tenu tête pendant un moment, j'ai même cru qu'elles allaient s'entretuer devant nous tant Haley avait mis la zizanie, ça nous a fait gagner un peu de temps.
- Elle tient ça de sa meilleure amie.
- Prends soin d'elle.
- Prends soin de toi.

Il sortit du camion fermant les portes et se rendit de nouveau auprès d'Haley qui sourit en le voyant arriver.

- On peut y aller ? Demanda-t-elle. J'aimerais me coucher, je suis fatiguée.
- Bien sûr, je demande à Chad si c'est bon.
- D'accord.
Il se dirigea vers le shérif qui sortait de la maison accompagné de plusieurs hommes armés.

- Plus rien dans la maison.
- Tant mieux.
- Haley voudrait rentrer, elle est fatiguée.
- Oui, je m’en doute bien.
- Tiens, prenez ma voiture, je vais appeler Judith pour qu'elle vienne nous chercher, elle était en déplacement à une trentaine de kilomètres d'ici aujourd'hui.
- Tu es sûr ?
- Oui vas-y, faut qu'elle se repose, elle a vécu quelque chose d'assez traumatisant.
- On peut vous ramener nous shérif.
- Non merci, c'est très gentil mais voir un camion d'hommes armés jusqu'aux dents débarquer dans ma ville ne va pas rassurer mes habitants.
- La voir débarquer dans cet état non plus.
- Un point pour vous agent Stewart. Très bien, mais vous nous laisserez à l'entrée de la ville, s'il vous plaît.
- Entendu. Allez les gars,  on finit le travail et on décolle.



Haley avait dormi un peu dans la voiture mais fut réveillée par le vacarme qui venait de l’extérieur. Elle ouvrit les yeux et essaya de comprendre ce qu'il se passait.

- Ca va ? Lui demanda Patrick.
- Oui, t'inquiète pas, je n'ai pas fait de cauchemars, c'est les bruits de dehors qui m'ont réveillée.
- Oh désolé, j'aurais dû fermer les fenêtres.
- Pas grave. J'avais oublié que c'était la période des bûcherons mais ils ont dû oublier leur hache.

Patrick souriait tout en lui caressant le visage.

- Tu m'as manquée tu sais.

Elle lui sourit en retour. Son regard se porta en direction du restaurant et vit Stephenie qui en sortait se dirigeant vers eux

- C'est parti.

Patrick se retourna et comprit de quoi elle voulait parler.

- Stephenie je ne pense pas que ce soit le moment pour...
- Je ne veux pas l'agresser de questions, je veux juste...

Au moment même où Haley sortit de la voiture, Stephenie en fit le tour pour la prendre dans ses bras.

- Je suis tellement soulagée que tu sois toujours en vie ma belle, lui dit-elle les larmes aux yeux.
- Merci... Désolée, je suis encore un peu...
- Je comprends. Chad nous expliquera mieux, il ne voulait pas que tout le monde te saute dessus alors je les ai tous enfermés dans le restaurant.
- Merci Steph.
- C'est tout à fait normal ma belle.
- Maintenant, tu files au lit, tu as besoin de te reposer et de récupérer pour cicatriser et essayer d'oublier tout ça même si je me doute bien que c'est plus facile à dire qu'à faire... Je vous apporterai moi-même de quoi manger ce soir. Ton plat préféré avec une bonne soupe. Offert par la maison.
- Merci mais tu n'es pas obligée.
-Chhhhhht maintenant au lit et plus vite que ça. Je te rappelle que tu as ta meilleure amie qui est en train d'accoucher alors faut que tu sois en forme pour tes neveux.

Haley la regardait les yeux ronds.

- Phil ne sait pas tenir sa langue, tu le connais. Elle a à peine eu une contraction qu'il était déjà en train de téléphoner ici !

Haley sourit se rappelant à quel point son ami était pressé mais aussi à quel point il devait être angoissé. Elle lui baisa le front, sourit à Patrick et retourna à son restaurant.

Patrick prit Haley par l'épaule où le bras n'était pas en écharpe et l'aida à marcher en direction de son appartement car elle était encore fragilisé au niveau des jambes.

A peine allongée dans le lit, ses yeux se fermèrent et son esprit s'échappa de son corps pour aller se balader dans un monde où règnent la sérénité et la plénitude. Patrick, assis à ses côtés, la regarda dormir.

- Je t'aime mon amour, lui chuchota-t-il à son oreille.
- Pas autant que moi, lui répondit-elle plongeant un peu plus dans son sommeil le sourire aux lèvres.

Le point fort de cet évènement était qu'elle avait retrouvé celui qu'elle aimait et tous ses amis. Elle ne remercierait jamais assez le bon dieu de l'avoir épargnée et, pour cela, elle décida intérieurement de devenir plus forte et de dépasser cette histoire. Elle ne voulait pas finir comme toutes ces personnes suivies par des psys pendant des années ne se remettant pas de ce qui leur étaient arrivé. Elle avait décidé d'être forte et d'aimer sa vie encore plus qu'avant.



Cela faisait presque trois heures qu'ils roulaient et la route paraissait très longue à Haley tant elle était pressée de voir sa meilleure amie ainsi son mari mais surtout ses neveux. Elle avait essayé d'imaginer leurs visages sans y parvenir. Sarah ne lui avait pas envoyé de photo mais elle savait pourquoi, elle se doutait bien que son amie voulait avant tout régler ses comptes, même si, au fond, elle savait que c'était pour la protéger.

Sa nuit de sommeil lui avait fait beaucoup de bien. Pas un seul cauchemar, son subconscient devait avoir occulté cet évènement qu'il avait caché derrière une porte fermée à double tours et jeté la clé au fond d'un gouffre que personne ne pourrait atteindre. C'est seulement la douleur à son bras qui l'avait réveillée une fois, mise à part cela, la nuit avait été fort agréable. Elle avait senti Patrick se coucher près d'elle la prenant dans ses bras tout en lui caressant les cheveux. Sa meilleure nuit depuis des jours. Leurs retrouvailles avaient été intenses et elle appréciait qu'il ne cherche pas à savoir ce qui s'était passé là bas, il avait attendu qu'elle décide de lui en parler, ce qu'elle avait ce matin au petit-déjeuner avant de prendre la route. Il n'avait dit aucun mot la laissant raconter son histoire; c'est seulement une fois qu'elle eut fini qu'il s'était levé pour se mettre à genoux devant elle, de façon d'être à sa hauteur.

- Plus jamais cela n’arrivera, je t'en fais la promesse. Plus personne ne te fera aucun mal.
- Je suis tellement soulagée d'être de retour à la maison.

"A la maison...", mais je suis chez lui pas chez moi.

Patrick sourit à l'écoute de ces paroles.

- Haley...
- Euh ce ton est un peu bizarre vu dans la position dans laquelle tu te tiens...
- Non, pas de demande en mariage, promis.
- Ouf, j'ai failli faire une crise cardiaque.
- Je veux revenir sur ce terme que tu viens d'employer.
- Quoi, crise cardiaque ?
- Non ! "A la maison".
- Oh... c'est une façon de parler, tu sais...
- Et si ce n'était pas qu'une façon de parler, si ça devenait... réel ?!
- Tu es sérieux ?
- Oui. On est soit chez toi, soit chez moi. Dans tous les cas, il est rare qu'on passe une soirée l'un sans l'autre. J'ai une brosse à dent chez toi, la tienne chez moi... Je pense, que l'on peut franchir cette étape après tout ce que nous venons de vivre et surtout c'est pas comme si on ne savait rien de l'autre. Certes, on continuera à apprendre à se connaître comme tout couple mais cette histoire m'a ouvert les yeux. Je savais déjà à quel point j'étais fou amoureux de toi mais ce dont je suis sûr à présent, c'est que je veux plus passer une seule minute loin de toi, sauf pour le travail mais bon, nous sommes à cent mètres l'un de l'autre. Je veux pouvoir me réveiller à tes côtés, te regarder dormir, rentrer le soir et savoir que je passerai ma nuit avec toi sans que tu me dises qu'il faut que tu rentres chez toi te changer.

A cette anecdote, elle sourit.

- Eh bien, pour une déclaration..., dit-elle ne trouvant pas les mots.
- Si tu trouves que je vais trop vite dis-le-moi.
- Ba, c'est vrai que c'est un peu rapide cependant tes arguments sont convaincants. Mais...
- Je ne veux pas d'une réponse maintenant, prends ton temps, on va déjà aller voir Sarah et ses petits monstres, tu auras tout le temps d'y repenser.
- D'accord, lui répondit-elle soulagée au fond de ne pas devoir lui donner une réponse de suite.

"Est-ce que je suis prête pour ca ? Avoir quelqu'un chez moi ou aller vivre chez une autre personne ?" Se demanda-t-elle mentalement.


Elle revint au moment présent quand son téléphone sonna.

- C'est Sarah.
- Tu vois qu'elle ne boude pas.
- Tu paries ?

Elle décrocha.

- Allô ?
- C'est moi.
- Comment tu te sens, tout s'est bien passé ?
- Beaucoup de travail, je pense que j'ai des abdos en béton à force d'avoir poussé cent mille fois mais tout s'est bien passé, lui répondit-elle sur un ton neutre.
- Je suis contente.
- J'en doute pas.

Une boule se forma dans la gorge d'Haley.

- Haley, je ne sais pas ce qu'il s'est passé exactement et je sais que vous vouliez me protéger bla bla mais tu le sais je ne supporte pas que l'on me mente...

Haley passa une demie heure à lui raconter toute l'histoire de A à Z afin de ne laisser passer aucun détail et surtout de se racheter auprès de sa meilleure amie mais elle omit volontairement l'histoire de la torture sur elle pour ne pas la stresser d'avantage, elle devait se reposer un minimum et l'inquiéter n'était pas la meilleure solution.

- La sœur jumelle de la femme de Patrick ?! Répéta-t-elle choquée.
- Oui.
- Je suis...
- Choquée ?
- Surprise ! Comme quoi les hommes créent toujours des histoires entre les filles.
- Ah ba, pour le coup, on ne peut pas dire le contraire.
- Il faut que je te laisse, c'est l'heure du biberon.
- D'accord.
- J'ai hâte que tu les vois. Vivement que je rentre.
- Moi aussi, je suis pressé de vous voir, vivement votre retour.

Elles raccrochèrent. Patrick souriait.

- Quoi ?
- Rien. Je suis juste étonné que tu n'ais pas vendu la mèche.
- Une surprise est une surprise.
- Elle était comment ?
- Sarah dans sa splendeur. Froide au début mais dès que je lui ai tout raconté, elle s'est radoucie.
- Tout ?
- Oui bon j'allais pas la stresser d'avantage.
- C'est sûr.


Plus qu’une heure trente de route avant d'arriver à l'hôpital et c'était cette dernière heure qui parut durer une éternité pour Haley.

- J'ai réfléchi.
- A quoi ? Demanda Patrick.
- A nous. A ce matin.
- Ah ! Mais je t'ai dit que tu avais tout le temps dont tu avais besoin.
- C'est ce que j'ai fait, j'ai eu presque quatre heures de route pour cela. Je veux plus vivre comme ça, un coup chez toi, un coup chez moi.

A ces paroles, il s'arrêta sur le bas côté de la route et stoppa le moteur.

- Vraiment ? Tu es sûre ?
- Oui, j'en sûre. Mais j'ai une question.
- Laquelle ?
- Comment on fait pour choisir dans lequel de nos logements on va vivre ?
- Euh ba, en fait, je ne comptais pas que ce soit là où on a déjà vécu.
- Ah bon ?!
- Je pensais qu'on aurait pu prendre une maison plus grande à nous, tu vois ?!
- Qu'est-ce qu'elle a ma maison ? Elle est pas assez grande ?
- Si à part le barbecue qui fait cramer les côtes de porc ça va.

Elle lui flanqua un coup taquin dans les côtes au souvenir de ce moment qui datait du début de leur relation.

- Sérieusement Haley, un endroit où on n’a jamais vécu, un terrain neutre pour donner un nouveau tournant à notre histoire.
- D'accord mais toujours au bord du lac sinon tu seras obligé de me faire construire une piscine.
- On peut avoir une maison près du lac et la piscine aussi.
- Mouais, on verra ça. On n'est pas dans le monde des bisounours. On peut reprendre la route, s'il te plaît ?
- Il nous reste à peu près quarante cinq minutes de route et on y sera.

Il l'embrassa sur le front et remit le moteur en route puis engagea le véhicule sur la route. Haley retomba dans ses pensées, une esquisse de sourire se dessina sur ses lèvres.



Le parking de l'hôpital était rempli pour la saison, Haley supposa qu'avec la période estivale il devait y avoir pas mal de blessés sur les plages. Avant de passer à l'hôpital, elle était allée dire bonjour aux parents de Jake, accompagnée du médecin qu'ils avaient déjà vu lors de leur précédente visite. Ils avaient été heureux de cette visite et de savoir que les personnes responsables de la mort de leur fils étaient derrière les barreaux d'une prison pour l'une et d’un hôpital psychiatrique pour l'autre.

- Voilà, on y est mon ange. Ca va ? Tu n'as pas dit un mot depuis que nous avons quitté les parents de Jake.
- Un peu nostalgique. La dernière fois que nous y sommes allés, c'était...
- Pour les cendres de Jake.
- Oui. Mais ça va aller, c'était juste un coup de mou. Allez, on y va. Je veux voir la tête des deux petits de la furie.
- Ca promet.
- Rooo.

Ils se dirigèrent à l'accueil pour demander le numéro de la chambre de Sarah. Arrivés dans le couloir du bon étage, ils ne disaient plus un mot de peur que la porte de chambre soit ouverte. Une fois devant, ils frappèrent, on leur dit d'entrer et la tête d'Haley passa en premier le seuil de la porte. En la voyant, Sarah eut les larmes aux yeux n'y croyant pas et voyant Patrick derrière elle, elle comprit qu'elle ne rêvait pas.

- Surprise ma belle.
- Tu le savais Phil ?
- Ah non, cette fois, je te jure que je ne savais rien.

Haley se dirigea vers son ami pour l'embrasser puis vers la fouine pour la serrer dans ses bras sans se faire mal.

- Ton bras ?
- Petit détail que j'ai omis au téléphone.
- Mais ça va ?
- Oui, juste des brûlures qui cicatrisent tout doucement.
- Elles t'ont torturée ?
- Moi et James.
- James ? Eh ba, quelle histoire.
- Comme tu dis. Bon fais-moi voir ces petites merveilles.
- Sam, Dean, je vous présente votre marraine Haley, dit Sarah en se dirigeant vers ses bébés qu'elle prit dans ses bras.



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