dimanche 8 janvier 2012

Chapitre 27 : Le chat et la souris

A chacun des cris qu'elle entendait Haley sursautait et ne pouvait s'empêcher d'imaginer tout ce que James pouvait traverser, elle se remémorait les corps trouvés il y a quelques semaines : celui de Jake, celui de Sophia, le visage brûlé par l'acide de Stephenie ; puis elle repensait à Elena et son innocence incarnée ce qui la révolta d'autant plus, provoquant le désir de lui arracher les cheveux et de la frapper à coups de pied dans le ventre.

Sa rage la brûlait intérieurement mais elle ne pouvait en faire grand-chose à cause de ces chaînes qui l'emprisonnaient, cependant, elle ne pouvait s'enlever l'image qu'elle avait en tête : le visage de James brûlé par de l'acide. Les cris cessèrent et la porte s'ouvrit la surprenant, provoquant l’accélération des battements de son cœur. La femme était masquée mais elle savait à la façon dont elle était habillée et à ce qu'elle avait déjà repéré que c’était Elena qui venait d’entrer dans la pièce où elle se trouvait.


- Voilà de quoi manger et boire un peu.
- James, que lui avez-vous fait ?
- James ? Demanda-t-elle surprise.

A cette instant, Haley comprit la bourde qu'elle venait de faire, ils n'étaient pas censés se parler même à travers les murs. Elle ne devait pas refaire la même erreur sur l'identité de ses ravisseurs même si elle en connaissait un seul sur les deux.

- Oh, je vois, on a ouvert un salon de thé avec son compagnon de cellule.
- Non c'est juste que j'ai entendu un bruit et forcément j'ai vu qu'il y avait quelqu'un...
- Et donc, pour te rassurer, tu lui as tapé la causette.
- Si votre prison n’était pas si sombre et triste ça ne me serait jamais venu à l'idée, dit Haley tentant de se défendre.
- Peu importe, dans tous les cas vous finirez pareil, alors qu'importe que tu connaisses ton compagnon de cellule ou non.
- Ce n'est pas mon compagnon de cellule.
- Désormais si.

A l'instant même où elle prononçait ces mots, l'autre femme apparut jetant à terre un corps inanimé tout sanguinolent.

- Quand on parle du loup, fit Elena. Voilà plus besoin de coller vos oreilles au mur.

A ces paroles, elle ferma la porte sous le regard horrifié de Haley qui ne pouvait répondre tant elle était figée sur le corps inerte de James. Il lui restait tous ses membres en apparence, mais son visage était maculé de sang pas encore séché. Elle s'en approcha de plus près pour mieux observer ce qu’elles lui avaient fait et vit des dizaines de petites coupures éparpillées sur son torse ainsi que sur son visage. Les yeux de James s'ouvrirent la faisant sursauter.

Elle retira son gilet en lin, ouvrit la bouteille d'eau et mouilla le tissu pour laver ses blessures dans la mesure du possible ne voulant pas lui faire mal. A la sensation de l'eau sur les entailles, il grimaça de douleur, même si cela lui faisait parfois du bien quand elles n'étaient pas trop profondes.

- Il va vous falloir des points de sutures pour certaines.

Il rit jaune à cette phrase, elle ne comprit pas de suite pourquoi puis réalisa la stupidité de sa phrase.

- J'aime votre optimisme Haley.

Ils se regardèrent partageant la même pensée, une vérité qui n'était pas dure à comprendre : ils ne sortiraient jamais d'ici vivant.



Cela faisait presque une demi-heure que le shérif, ses employés et Patrick fouillaient la maison d'Elena espérant y trouver quelque chose, un indice révélateur de l'endroit où elle pouvait être mais ils ne trouvèrent rien jusqu'à ce que Patrick tombe sur un fond  de tiroir. Tout en appelant Chad, il l’ouvrit - qu'importe le protocole, il en allait de la vie de la femme qu'il aimait - et y découvrit des documents révélant plusieurs destinations aux quatre coins du monde. Certaines trop éloignées pour avoir été choisies, d'autres trop près mais cela n'empêcha pas Chad de garder cette piste comme indice.

De retour dans son bureau, il mena plusieurs recherches sur d'éventuelles réservations. Même si il y a avait des réservations beaucoup trop éloignés, il gardait en tête que n'importe quel transport aurait pu lui permettre une éventuelle évasion. Mais à quel prix ? Cependant, dans sa tête, il se disait aussi qu'elle ne pouvait pas transporter des corps humains un peu partout dans le monde sans qu'on le remarque, voilà pourquoi il mit cette piste de côté persuadé qu'elle ne le mènerait nulle part.

Chacun avec un téléphone, ils appelèrent différentes agences de location saisonnière et non saisonnière afin de savoir si une dame au physique d'Elena aurait à tout hasard fait une réservation d'une certaine durée par le biais de leur prestataire. Plusieurs réponses négatives les découragèrent jusqu'à ce que trois agences leur confirme qu'une dame d'environ trente ans aux cheveux foncés, habillée très chic avait fait une réservation. A présent, il fallait trouver laquelle de ces trois locations étaient la bonne.

- Comment procédons-nous ? Demanda le médecin qui faisait ressentir un peu plus son inquiétude qu'auparavant.
- Nous allons devoir émettre des mandats pour faire fouiller chacune de ces maisons.
- Toutes les 5 ?
- Avons-nous vraiment le choix ?
- Eh bien, pour ma part, je trouve bizarre de prendre 2 maisons dans une même agence.
- Les agences se moquent de combien de maison tu vas leur louer tant que tu payes ton loyer.
- C'est vrai. Nous devrions peut-être nous renseigner si, éventuellement, ses demeures ne possèdent pas de granges ou d'une cave.
- Je vois que Miss Haley t'a fait part de certaines de ses lectures.
- Non, mais à la télévision on voit souvent ce genre de chose. Sérieusement, c'est un détail à développer je pense.
- Et je pense que tu as raison.

Patrick sourit en constant que son ami le shérif ne le mettait pas à l'écart et surtout qu'il prenait en compte certaines de ses idées quand elles s'avéraient nécessaires et judicieuses.

Cette fois le nombre de coups de téléphone fut plus rapide que les précédents étant donné que la liste avait diminué et des résultats plutôt encourageants redonnèrent du courage aux deux amis, même si l'un d'entre eux commençait sérieusement à avoir les nerfs à rude épreuve de se sentir aussi impuissant alors que celle qu'il aime se trouve quelque part dans la nature avec une folle furieuse qui torture et tue ses victimes par plaisir ou pas. Chad se devait de rester calme cela faisait partie de son métier, mais au fond de lui, plus les heures passaient, plus l'inquiétude se faisait sentir mais, pour ne pas faire d'avantage paniquer son ami, il faisait tout ce qu'il pouvait pour ne pas le montrer.

Trois maisons correspondaient aux critères recherchés dont une qui se trouvait à une centaine de kilomètres de Angel's Fist. Cela paraissait beaucoup trop éloigné pour Chad mais, afin de ne pas laisser échapper la moindre piste, il contacta la police de la ville concernée qui accepta, après avoir reçu le fax du mandat qu'il avait demandé quelques minutes auparavant, d'aller fouiller la maison en question.

- Pendant ce temps là on fait quoi ?
- Je n'ai pas demandé qu'un seul mandat au juge, Patrick.
- Qu'attendons-nous alors ? Demanda le médecin sur la défensive.
- Nous n'irons pas tous les deux. Je dois avoir un maximum d'hommes à mes côtés pour ce genre d'affaire. Nous ne sommes pas dans une série télévisée où on agit tête baissée sans réfléchir. Il faut un minimum de bon sens. Pour avoir réussi à cacher son identité aussi longtemps, c'est que c'est un plan mit en marche depuis des semaines voire des mois, rien jusque là n'a été négligé alors il faut aussi se mettre dans la tête que peut-être ces maisons soient de fausses pistes.
- Et si ça ne l'est pas et qu'Haley est en train de boire de l'acide ou de se faire couper un doigt ou...
- Ca suffit Patrick ! Ici c'est moi qui décide et, si tu n'écoutes pas ce que je dis, je t'éjecte de cette enquête. Tu es là parce que tu es mon ami, tu as travaillé sur cette affaire et Haley est ta petite amie mais je n'accepterai pas une telle insubordination quelle qu'elle soit. Est-ce clair ? Demanda le shérif plus qu'énervé par le comportement de son ami.
- Désolé je suis...
- Moi aussi je suis inquiet et dépassé par les évènement mais nous énerver et nous précipiter ne nous mènera nulle part, du moins à rien de bon.

C'est alors que le portable de Patrick sonna. Il regarda l'expéditeur de cet appel. En voyant sa tête Chad s'interrogea.

- De qui s'agit-il ?
- Phil.
- Oh ! Tu devrais peut-être répondre.
- Je pense oui.

Il décrocha essayant de garder sa voix la plus neutre possible.

- Tout va bien Phil ?
- C'est à vous qu'il faut demander ça. Depuis le dernier message d'Haley, nous n'avons plus de nouvelles.
- Désolé mais c'est un peu la course ici. Les derniers touristes ont débarqué avant leur départ, par conséquent, elle a beaucoup de travail et moi ba, du coup, je soigne les derniers petits bobos des vacanciers avant leur départ.
- Haley pourrait tout de même répondre aux appels.
- Quels appels ?
- Ca fait quatre fois qu'on appelle sur son téléphone. Sarah voulait lui parler de sa dernière éco faite hier soir.
- Une éco hier soir ?!, demanda Patrick surprit. Pourquoi ?
- Un simple contrôle, panique pas.
- Haley n'a rien reçu sur son téléphone sinon elle aurait répondu ou rappelé au pire.
- Le réseau doit être pourri sûrement.
- Mouais.
- Et cette éco alors ?
- Tout est normal. Le col est un peu ouvert mais tout va bien vu qu'elle se lève juste pour aller aux toilettes. Là, elle dort.
- Eh bien, c'est une super nouvelle.
- Patrick, je ne sais pas ce qui cloche à Angel's Fist, mais débrouillez-vous pour que ça s'arrange.
- Phil je ne vois...
- Pas de mensonges entre nous. Je suis capable de tenir ma langue face à ma femme. Tu ne me dis pas quoi pour pas que ma transparence l'inquiète, je comprends, mais je ne suis pas dupe.
- Je sais.
- Bon je te laisse le gynéco vient d'entrer. Je te rappelle bientôt. A plus.

Il raccrocha. Chad fixa le médecin attendant d'en savoir plus. Patrick lui expliqua alors que Phil comprenait que quelque chose se passait mais ne savait pas quoi et ne voulait pas de détails pour le moment juste qu'on ne lui mente pas et qu'on l'informe si quelque chose de grave arrivait.

- Il y a déjà quelque chose de grave.
- Oui, mais je pense qu'il l'avait compris avec ma fausse excuse du réseau brouillé du téléphone d'Haley mais moins il en sait mieux sait pour eux et le bébé. Si la fouine a le moindre doute...
- On sait déjà comment elle réagira.

Patrick acquiesça et regarda le téléphone d'Haley qu'il avait mis en silencieux. Six appels en absence. Il envoya un message à Sarah sachant que Phil comprendrait.

- Les gars reviennent de leur ronde. On va pouvoir partir à la fouille.
- C'est pas trop tôt.



Les journées étaient interminables dans ce noir infernal, pas une seule once de lumière n'avait filtrée les murs ou le peu de vitre qui existait. Haley avait essayé de l'ouvrir mais s'était blessée en forçant, rien de bien méchant juste une petite entaille mais elle ne prit pas le risque de la frotter aux barreaux de la fenêtre ne voulant pas l'infecter.

James était toujours allongé sur le sol presque inconscient. Sa compagne de cellule lui faisait boire quelques gorgées par moment mais il était faible. Elle savait que la première chose dont il avait besoin hormis d'un médecin était du repos sans qu'il sombre dans l'inconscient, ainsi elle le surveillait fréquemment sachant que de manger un peu l'aiderait sûrement à reprendre des forces mais elle n'était pas sûr de pouvoir compter sur ses pensionnaires pour cela.

La porte s'ouvrit violemment faisant sursauter la jeune femme. La démarche de la personne, la tenue qu'elle portait ainsi que les chaussures apprirent à Haley qu'il ne s'agissait pas d'Elena mais de sa complice. Cette dernière entra dans la pièce et se dirigea vers James, elle lui mit un coup de pied dans les côtes ; voyant qu'aucune réaction n'échappait de son corps elle se tourna vers Haley. Elle comprit alors que c'était son tour.




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