dimanche 8 janvier 2012

Chapitre 20 : Premier rendez-vous

Patrick régla la note du repas qu'il offrit généreusement à sa sœur avant de la rejoindre à l'entrée du café. Ils retournèrent au cabinet médical de Patrick afin que Lilia puisse récupérer sa veste qu'elle avait laissée dans l'appartement de son frère avant de reprendre la route pour rejoindre l’hôtel où elle avait réservé pour ses vacances.

Le moment des "au revoir" fut très dur mais Lilia n'avait pas le choix, elle devait reprendre la route car, même si elle aimait passer du temps avec son frère et aurait aimé apprendre à mieux connaître Haley, elle avait encore à peu près quatre heures de route sans compter les pauses.

Ils se trouvaient devant la voiture de Lilia, une mini Cooper décapotable de couleur bleu pale avec deux bandes blanches. Elle s'était offert récemment cette voiture, après avoir reçu une bonne prime de son travail. Depuis le temps qu'elle désirait avoir ce modèle de voiture, elle avait profité de cette rentrée d'argent pour l'utiliser comme apport pour s'offrir un crédit voiture et avait été très contente lorsque la banque lui avait accordé le prêt et par la même occasion une  nouvelle rencontre. C'est, d'ailleurs, cette personne qu'elle allait retrouver, pendant son séjour pas loin de Los Angeles. Cette petite idylle était née avec le commercial qui lui avait vendu la voiture.

- Tu me préviens dès que tu seras arrivée, d'accord ?
- Oui, promis.
- Et par la même occasion, un jour peut-être que j'aurais le droit de rencontrer cet homme mystérieux...
- Ce n'est rien de sérieux, c'est juste comme ça, pour passer le temps, tu me connais...
- Oui, je sais, mais j'ai toujours bon espoir de te voir mener une relation stable et durable.
- Désolé frangin, mais de ce côté-là j'ai déjà donné et on en connaît les résultats.
- Je sais.
- Je te bipe dès que je suis sur place.

Elle monta dans sa voiture, après avoir serré très fort son frère dans ses bras, puis, mit le contact avant de faire une marche arrière et de prendre la direction de la nationale.

Patrick la regarda s'éloigner avec quelques regrets, ces retrouvailles étaient trop courtes à son goût. Il retourna à son cabinet pour accueillir le premier patient de  l’après-midi. Il repensa au diner de ce soir et ressentit une légère montée d'adrénaline lui fit rendre compte qu'il commençait légèrement à stresser.



Son amie devant renouveler son ordonnance, Haley arrêta sa voiture devant la pharmacie, afin de l’y déposer. Il faisait un peu plus chaud en ville car les bâtiments qui composaient le centre-ville empêchaient le vent d’y circuler mais Sarah avait, de toute façon, prévu une bombe rafraichissante dans son sac à main.

- Tu es sûr que tu ne veux pas que je t'attende, pour te déposer au café ? Demanda Haley à son amie.
- Non, c'est bon. Ce n'est même pas à cinq cent mètres, je vais survivre, je pense. Qui plus est, marcher est très bon  pour la circulation sanguine.
- D'accord, ça marche.
- Bon courage pour le travail.
- Ca va le faire, ne te tracasse pas.
- Bisous.

Sarah entra dans la pharmacie, sous le regard bienveillant de son amie.


Haley arriva à la boutique juste à l’heure pour l'ouverture et heureusement car quatre personnes attendaient devant la porte.

Elle s’empressa de déverrouiller la porte et mit le panneau "ouvert"  de sorte que celui-ci soit bien visible. A peine installée derrière sa caisse, elle sursauta quand une femme posa un livre sur l'endroit libre de la caisse. La cliente lui sourit poliment et s'excusa de lui avoir fait peur. Après avoir encaissé la cliente, Haley alla dans les rayons pour essayer de renseigner ses clients qui en auraient besoin.



C'est Elena qui s'occupa de Sarah ; la tension entre les deux femmes était  palpable. Cette attitude était antérieure à l'attitude de la pharmacienne lors de la soirée chez Stephenie. Cela datait du jour où Jake avait couché avec cette femme. Sarah n'avait jamais eu une bonne opinion de celle-ci et cela avait confirmé ses pensées au plus au point.

- Je vous renouvèle toute l'ordonnance, Sarah ?
- S'il vous plaît, répondit cette dernièrement aussi polie que possible.
- D'accord. Je vais le faire tout de suite, pour ne pas vous faire trop attendre.
- Vous êtes bien aimable, répondit Sarah sur un ton désinvolte.

Elena tourna les talons sans prêter la moindre attention à la façon dont Sarah lui avait répondu et se dirigea dans les rayons de la pharmacie.

Sarah se retourna en entendant la petite sonnette de la pharmacie qui annonçait un client et sourit poliment à la jeune femme qui fit son entrée et celle-ci le lui rendit. Elle savait qu'elle avait déjà vu cette femme quelque part mais n'arrivait pas à se remémorer où.
Elena revint avec les boîtes de médicaments prescrites sur l'ordonnance de Sarah.

- Sophia ! Comment allez-vous ?

A ce prénom, ça fit tilt dans la tête de Sarah, il s'agissait de la femme de James, cet homme arrogant et mesquin que connaissait Patrick.

"Elles ont l'air de bien s'entendre", pensa-t-elle.

- Voici pour Sarah. Tout est là. Ai-je besoin de vous noter les prescriptions sur les boîtes ?
- Non, ça ira, Elena, je commence à avoir l'habitude.
- Très bien, dans ce cas, bonne après-midi.
- Pareillement.

Elle prit le sac en papier qui contenait son traitement et se dirigea vers la sortie tout en tendant l'oreille pour savoir ce que demandait Sophia.

- Vous avez besoin de quelque chose Sophia ? Lui demanda Elena.
- Du paracétamol, s'il vous plaît. Cette chaleur me donne mal à la tête.

Elena et la jeune femme avaient de très bons rapports, peut-être même un peu trop au goût de Sarah qui trouvait cela étrange, sachant qu'elle n'était que de passage dans la ville pour une courte durée du moins,  l'espérait-elle, car ce James avait l'air de vouloir y prolonger ses vacances.


Stephenie était déjà installée à une table, attendant l'arrivée de son amie depuis peu.

Les cicatrices de son visage étaient vraiment superficielles et visibles uniquement si l'on s'approchait d'assez près. C'est cela qui motiva Stephenie  pour accepter ce petit rendez-vous avec son amie ; qui plus est, rien de tel pour se remonter le moral qu'un petit moment entre copines devant une bonne tasse de café et des cookies maison.

Sarah repéra immédiatement son amie en rentrant dans le restaurant. Elle se dirigea en souriant vers celle-ci. Stephenie lui répondit aussitôt par un large sourire, ce qui rassura Sarah car cela voulait dire qu'elle était de bonne humeur et un peu plus heureuse que ces derniers jours.

Elle prit place en face de son amie après lui avoir dit bonjour.

- Tu as l'air d'être de bonne humeur..., fit remarquer Sarah.
- Eh bien j'ai de quoi, non ?
- Oh mon dieu. C'est vrai tes cicatrices. Pardonne-moi ! Elles se voient tellement peu désormais que je n'avais pas fait le rapport.
- Pas grave. C'est même plutôt bien, ça veut que je retrouve un peu mon visage d'avant.
- Ah ba, carrément oui. Alors il te reste quoi à faire maintenant ?
- Eh bien, Patrick m'a parlé de chirurgie plastique pour cacher le peu qu'il me reste et ensuite, je serai comme neuve.
- Enfin une bonne nouvelle !
- Oh que oui.

Leurs consommations arrivèrent et elles continuèrent à discuter, elles avaient énormément de temps à rattraper.

Elles restèrent assises au café pendant quelques heures à rattraper le temps perdu et se racontant les nombreux petits potins de la ville.

Sarah expliqua ce qui se passait entre Haley et Patrick et lui indiqua que leur premier rendez-vous aurait lieu le soir même mais également que sa meilleure amie était très stressée.

Stephenie était contente de cette nouvelle mais surtout d'avoir eu raison depuis le début.



Pendant ce temps, Patrick avait eu une longue après-midi chargée et avait du faire le plus vite possible pour avoir le temps faire un minimum de courses afin de pouvoir préparer son repas de ce soir pour sa belle. Il voulait absolument être à la hauteur sachant que le stress était en train de prendre le dessus, il prit un moment pour se relaxer quand son téléphone bipa.

"Je suis bien arrivée. Bonne soirée avec Haley. Ne stress pas, tout se passera bien. Ta frangine."

A ce message, Patrick sourit.

Il se rendit dans la cuisine et prit son courage à deux mains pour commencer à cuisiner le repas de ce soir.

Il avait placé la bouteille de vin blanc au réfrigérateur afin que celle-ci soit bien fraîche lorsqu'il en proposerait à Haley en guise d’apéritif et ouvrit une bonne bouteille de vin rouge français afin que celle-ci décante jusqu'au moment du repas, rendant son arôme bien meilleur.

Il sortit les amuse- bouche qu'il avait commencés à faire le matin même avant d'aller au travail. En réalité, quelque peu stressé par cette soirée, il avait pris de l'avance de peur de ne pas avoir le temps de tout faire correctement et dans les délais qui lui étaient impartis.

Les petits panés de crabe étaient frais à souhait et avaient bien mariné dans le jus de citron. A présent, il n’avait plus qu'à les mettre sur des petits bouts de feuille de brick qu'il avait soigneusement prédécoupé la veille pour la laisser se reposer à chaleur ambiante. Cette opération terminée, il les mit de côté sur un petit plateau de façon à ce que cela soit bien présenté et s'attaqua à l'entrée : des verrines aux gambas.

Connaissant les goûts très affirmés de son invitée concernant les produits de la mer, il ne doutait pas un instant qu'elle aimerait mais il espérait la surprendre avec ses petites recettes maison dont il avait le secret. Même sa mère qui était une fine cuisinière, le jalousait de ne pas parvenir au même résultat mais surtout elle aurait voulu connaître la recette de son fils. Car une fois que l’on avait goûté à ses petites merveilles, on ne pouvait plus s'en passer.

" Peut-être que c'est de moi qu'elle ne pourra plus se passer ensuite...", pensa-t-il.

Après avoir fait une mayonnaise maison à l'huile d'olive avec une noisette de crème fraîche pour la rendre plus onctueuse, il vida ses avocats qu’il avait préalablement épluchés et fit son guacamole. Une fois cette tâche terminée, il prit deux verrines, il allait les remplir en commençant pas une couche de guacamole, une moitié de gambas puis une fine couche de mayonnaise, une pincée de noix de muscade, puis il reprit le même schéma de façon à ce qu'il y est deux couches de chaque terminant la verrine par une gambas entière avec en décoration une feuille de basilic. Ensuite, il les mit au frais en se rappelant mentalement qu'il faudrait qu'il pense à les sortir cinq minutes avant de les consommer.

A présent, il s'attela au dessert. Pas d'une grande originalité, il faut l'avouer, mais d'une grande délicatesse car il faisait en sorte que la crème soit légère et onctueuse, surtout pas liquide et une quantité suffisante pour ne pas avoir à en refaire une si il en manquait.


Une vingtaine de minutes plus tard, le tiramisu était prêt dans un plat moyen qu'il mit au congélateur de façon à ce que cela repose et qu'il prenne plus vite, en temps normal,  huit heures de repos étaient nécessaire pour que cette pâtisserie puisse être  consommée et l'appréciée à sa juste valeur. Il la sortirait du congélateur au moment de l'apéritif.

Le rôti de bœuf étant prêt à aller au four, la sauce aux champignons préparés la veille, de façon à ce qu'elle se repose correctement, et, ayant juste à être réchauffée, il posa le torchon qu'il avait sur l’épaule et prit la direction de la douche.


Cette journée plutôt calme avait malgré tout fatigué Haley, car à cause du manque d'occupation, elle avait énormément cogité et avait un énorme nœud dans le milieu du ventre qu'elle n'arrivait pas à dénouer. Après avoir regardé un peu la télévision, elle décida de monter prendre une bonne douche pour se relaxer un peu mais surtout pour enlever cette ignoble odeur de transpiration et cette sensation d'être toute collante.

Elle prit le temps de se laver les cheveux ce qui la détendit suffisamment pour ne pas entendre son téléphone qui sonnait. Laissant agir son soin capillaire, elle prit le gel douche parfumé à la pêche et se frotta consciencieusement chaque partie du corps. Elle ne prit pas la peine de s'épiler, elle avait été chez l'éthicienne une semaine auparavant et ne se nourrissant pas d'engrais, aucune petite tête de poil n’avait fait son apparition. Ensuite, elle brossage de ses dents, une habitude qu'elle avait prit avec Jake : se laver les dents dans la douche.

Après avoir rincé ses cheveux, elle prit une grande serviette blanche qu'elle enroula autour ses cheveux mouillés et une autre pour son corps.

Une fois à peu près correctement sèche, elle se rendit dans sa chambre pour sélectionner la tenue qu'elle allait mettre ce soir. Remarquant que  le voyant de son téléphone clignotait, elle le saisit et vit que Sarah l'avait appelé et laissé un message.

"C'est moi. C'était juste pour te souhaiter bonne chance ce soir et surtout ne stresse pas. A demain pour tout me dire. Bisous."

"Ben voyons. Et si on écrivait au journal aussi. Irrécupérable c'te fouine !", pensa Haley amusée.

N’arrivant pas à décider comment s’habiller, elle retourna dans la salle de bains pour se mettre un peu de crème sur le visage avant d'appliquer une crème légère qui colorât légèrement son visage et s'appliqua une ombre à paupière pâle puis du mascara.

Elle retourna dans sa chambre toujours indécise. Elle opta finalement pour un débardeur blanc et une chemise à manches courtes de couleur rose pâle et pour un pantacourt en jean bleu foncé qui fit ressortir la couleur de sa chemise. A cette tenue, elle ajouta des baskets après s'être séchés et coiffés les cheveux.

Après avoir prit son sac à main et une veste légère, car à la tombée de la nuit, la température diminuait sensiblement, elle rangea son téléphone dans son sac et prit ses clés de voiture pour se rendre chez Patrick.

"Vingt minutes à stresser et à me parler à moi-même comme une folle, dans ma voiture", marmonna-t-elle en sortant de chez elle.

A cet instant, perdue dans ses pensées, fermant machinalement la porte de chez elle, une personne passa en courant à ses côtés tout en la bousculant mais ne s'arrêta pas.

Haley, surprise, ne réagit pas tout de suite, c'est en se relevant qu'elle ressentit une douleur à la cheville. Fort heureusement, elle pouvait marcher donc logiquement, elle pouvait conduire, du moins le pensait-elle.

Elle tenta le coup en montant dans sa voiture et en appuyant sur l'embrayage. Elle avait mal mais c'était supportable, du moins pour le peu de route qu'elle avait à faire et surtout, étant donné que ce n'est que de la grande route elle n'avait pas à embrayer ou débrayer trop souvent.



Après avoir prit une douche d'une vingtaine de minutes, Patrick s'habilla avec un jean noir et une chemise en lin blanc pour être à son aise et ne pas avoir trop chaud. Il regarda l'heure et vit que le moment fatidique approchait à grand pas et son rythme cardiaque connut une forte accélération avant de se calmer.

Il mit la table de façon très simple pour ne pas que ce soit trop officiel, y déposa la bouteille de vin rouge et attendit patiemment son invitée, car pour le moment, tout était en ordre.
Soudain, il se souvint du tiramisu et préféra le mettre tout de suite au réfrigérateur,  pour être sûr qu'il soit parfait au moment du dessert ; puis il s'assit devant la télévision et attendit.



Il regardait l'émission Jerry Springer Show quand les phares d'une voiture le sortirent de sa concentration et il alla à la fenêtre regarder si c'était Haley.

A la vue du véhicule, son cœur fit un énorme bond, tout faisant apparaître un sourire sur son visage.

Haley mit du temps à sortir de la camionnette, ce que Patrick remarqua directement mais il fut rassuré de la voir saisir son sac à main et sa veste qui se trouvait du côté passager.



Elle ouvrit la portière de la camionnette et sortit prudemment. Elle posa d’abord sa  jambe droite au sol pour avoir un minimum d'équilibre ; puis elle mit son pied gauche par terre et s’écroula sur le sol. Elle souffrait  mais ne cria pas, elle était plutôt surprise à vrai dire car elle n'avait pas ressenti de douleur tout au long du trajet. La porte du cabinet claqua et aussitôt Patrick se retrouva à ses côtés.

- Ca va ?
- Oui, j'ai juste mal à la cheville.
- Tu te l'es tordu en sortant de la voiture ?, demanda-t-il sérieusement.
- Non.
- Attends, on va aller à l'intérieur et tu vas me raconter.

Il prit ses affaires et fit le geste de la porter mais elle l'arrêta.

- Je peux marcher, tu sais.
- Et tomber de nouveau ?
- Non. Faut juste que je prenne appui sur l'autre cheville.
- D'accord, je vais te soutenir pour t'aider. Et tu as réussi à conduire ?
- Je suis une vraie force de la nature, dit-elle ironiquement.

Il l'aida à marcher en la tenant par le bras gauche de façon à ce que sa cheville gauche ne toucha pas le sol.

Une fois arrivés sur le seuil de l'appartement, il l’invita à s'asseoir sur le canapé ce qu'elle s’empressa de faire.

- Je vais regarder ta cheville. Et tu vas me raconter comment tu as fait ca.
- Tu risques de ne pas aimer, je pense...

A cette phrase, Patrick sourcilla et la regarda impatient de connaître la suite.

- Je vais dans la salle de bains, je reviens.


Elle attendit tranquillement sur le canapé que Patrick revienne et posa son regard sur la télévision, qui était restée allumée.

Il revint avec sa mallette professionnelle. Il avait été se laver les mains afin d'en évacuer le maximum de germes microbiens. Il s'assit sur le canapé aux côtés de Haley.

- Bon, mes mains sont propres donc je vais regarder ta cheville. Si je te fais mal, dis-le-moi.

Il lui retira sa basket ainsi que la chaussette en prenant tout son temps pour essayer de ne pas lui faire mal.

- Elle n'est pas enflée, donc pas cassée. Par contre, une entorse est possible, je vais regarder. Comment ça s'est passé alors ?
- Je suis sortie de chez moi et au même moment, une personne qui courait m'a bousculée, j'ai perdu l'équilibre et voilà le résultat.
- Quelqu'un que tu connais ?
- Je n'ai pas vu son visage... Je pense plutôt à une personne égarée, je ne sais pas, je ne me suis pas attardée sur la question. Pourquoi ?
- Je trouve cela bizarre qu'une personne arrive en courant près de chez toi comme ça...
- Je vis près du lac Patrick, qui plus est, nous sommes dans la période des grandes vacances scolaires, ce qui veut dire que beaucoup de jeunes campent dans le coin donc, il se peut que cette soit quelqu’un peu ivre, comme ils boivent n'importe quand, et qu'il n'ait pas fait attention.
- Hum, possible...

Haley grimaça.

- Je te fais mal ?
- C'est sensible à cet endroit.
- Eh bien, je pense que tu es passée juste à côté d'une belle entorse. Ce n'est qu'une foulure mais je vais devoir te mettre de la pommade et un bandage et il va falloir que tu gardes la jambe surélevée cette nuit pour éviter tout risque d'œdème et par conséquent, interdiction de conduire si tu veux que cela se remettre en quelques jours...
- Je fais comment pour rentrer chez moi et travailler ?
- Tu vas dormir ici, pas le choix, ne fais pas ces yeux ronds, je dormirai dans le canapé. Quant au travail, tu iras mais tu devras t'aider d'une béquille afin de pouvoir marcher  sans devoir t'appuyer sur ton pied.
- Bien docteur.
- Je vais te mettre la pommade, si je te fais mal dis-le-moi car pour qu'elle pénètre, je dois masser un minimum...
- D'accord.

Il mit une noisette de pommade anti inflammatoire sur les deux côtés de la cheville, de sorte qu’elle soit répartie de façon homogène et efficace. Haley grimaça un peu par moment, selon l'intensité du massage mais trouva cela vite agréable, peut-être trop...

Patrick était vigilant, suffisamment pour rester concentrer et ne pas regarder Haley, mais garder cette concentration était très dur pour lui ; qui plus est, c'était leur premier vrai contact depuis leur baiser de la semaine passée...

"Elle a la peau si douce...Un début de soirée qui commence plutôt bien même si je ne supporte pas de savoir qu'elle a mal.", pensa-t-il tout en continuant de la masser.

 Il se permit de lever les yeux vers Haley et vit qu'elle ne grimaçait plus.

 - C'est toujours douloureux ?
- Non, au contraire ça fait beaucoup de bien, lui répondit-elle, droit dans les yeux.

Une tension se lisait dans leur regard ; une tension qui pourrait vite devenir un rapprochement si les choses continuaient ainsi...

"Merci à la personne qui m'a bousculée, la soirée ne pouvait pas mieux commencer. Il embrasse bien mais en plus c'est un dieu du massage...", pensa Haley.

Les pieds pouvaient être une zone très érogène chez certaines femmes, alors que pour d'autres, c'était loin d'être très excitant ; Haley faisait partie de la première catégorie, ce qui expliquait cette sensation de bien être qu'elle éprouvait et la température de son corps qui augmentait. Elle émit un petit gémissement qu'elle ne su contrôler et rougit.

- Je t'ai fait mal ?
- Non, pas du tout.

Ils se regardèrent sans baisser les yeux. Depuis le départ, ils le savaient, physiquement ils étaient très attirés l'un vers l'autre mais ils avaient promis d'aller doucement et par conséquent, ils se devaient de prendre le dessus sur cette pulsion...

- Je te mets le bandage et je nous sers l'apéritif.
- Ca me convient.

"Ouf, c'était moins une. On a dit qu'on devait y aller doucement mais si elle continue à me regarder avec autant de vivacité... Patrick, stop, ne pense plus à rien. Bande sa cheville et cours dans la cuisine te calmer, enfin le calmer...", se disait-il mentalement en pensant à son sexe.

- Et voilà, Mademoiselle, vous êtes soignée. Si tu veux te rendre dans la salle de bain ou aux toilettes, prends cette béquille. Il faut que ton pied reste un minimum au repos et pour manger tu resteras sur le canapé, le petit pouf te permettra de garder ta jambe surélevée.
- Quoi ? Mais non, c'est ridicule, nous allons manger à table, je mettrai une chaise à côté de moi.
- Ce ne sont que des assiettes et des couverts Haley, ils peuvent être déplacés. Je vais chercher l'apéritif.

Voyant qu'elle restait fixée sur la table qu'il avait dressé, il en profita pour se lever de façon à se qu'elle ne remarque pas que sous son jean, à un niveau plus bas que la ceinture, c'était légèrement bombé.



Sa trousse rangée à son endroit habituel, il se retrouva dans la cuisine où il sortit le vin blanc accompagné de deux verres qu'il déposa sur la table basse. Il ramena ensuite les petits panés de crabe en guise d'amuse-bouche et regarda la réaction de Haley.

- Tu n'aimes pas le crabe ?
- Si j'adore. Mais...
- Quoi ?
- Tu as fais toi-même ?
- Oui. J'ai tout fait moi-même, mis à part le vin, bien sûr.
- Mais fallait pas te donner autant de mal ! Ca a dû te prendre un temps fou...
- Non pas vraiment, j'avais pris un peu d'avance la veille.
- Eh ben... Tu m'avais dit que tu cuisinais mais je ne pensais pas que tu étais un vrai cordon bleu...
- Ne t'avance pas trop. En réalité, tu es mon cobaye pour certaines parties du dîner. Il y a des choses que j'ai déjà faites comme l'entrée mais les amuse-bouche, par exemple, c’est la première fois.
- Eh bien, on va goûter cela alors ! Dit-elle avec enthousiasme.

Patrick était très satisfait de voir qu'elle était très tentée par ce qu'il avait mit tant de temps à préparer et fut content de voir qu'elle en appréciait le goût.

La jambe d'Haley était posée sur le pouf que Patrick lui avait mit juste au pied du canapé.

"Evidemment, c’était la jambe gauche, du coup nous voilà loin l’un de l’autre...", avait-elle pensé.


 Durant l'apéritif, surmontant difficilement leur timidité, ils discutèrent de choses banales. Ensuite, ils avaient mangé l'entrée que Patrick avait préparée avec soin et qui avait plu à Haley. En fond sonore, pas de musique comme on pourrait le voir dans certains  films, non Patrick avait mis les informations en réglant le son de façon à ce qu'il ne gêne pas leur conversation.

Haley l'avait interrogé sur sa relation avec sa sœur et lui avait avoué avoir été quelque peu intimidée ce matin, en la voyant et qu'elle ne savait sur quel pied danser.

- Je te rassure elle ne mord pas, lui répondit Patrick sur le ton de la plaisanterie.
- Je n'ai rien dit de tel. Ce qui m'a refroidi, en fait, c'est qu'elle savait qui j'étais sans même que je me sois présentée.

Patrick rougit à cette évocation.

- Hum. Il est vrai que j'ai parlé de toi avec ma mère et qu'elle lui a répété mais je te rassure, je ne détaille pas tout à ma famille.
- Suis-je censée te croire ? Demanda-t-elle pour le taquiner.
- Non je te promets. Je dois reconnaître que je suis très proche de ma mère et encore plus depuis que j'ai déménagé mais même si je me confie beaucoup à elle, entre autres, pour avoir ses conseils quand je ne sais trop comment réagir, mais je ne lui révèle pas tout de ma vie sentimentale.
- Je te taquine. Tu fais ce que tu veux.
- Je tiens à ce que tu le saches. Je ne veux pas que tu sois de nouveau mal à l'aise devant ma sœur si elle repasse par ici lors de son retour de vacances.
- Merci.

Patrick apporta le plat de résistance accompagné de la bouteille de vin rouge. Il servit Haley dans une belle assiette en porcelaine de couleur crème qu'il déposa à côté d'elle sur le canapé de façon à ce qu'elle n'est pas trop de mouvements à faire avec sa jambe.

Durant le plat principal, Haley questionna Patrick sur sa rencontre avec sa femme voulant en savoir un peu plus sur son passé et pourquoi ils n'avaient pas eu d'enfants.

- Stérile ?
- Oui. Nous avons voulu avoir un bébé quelques années après le début de notre relation et voyant qu'il n'y avait aucun résultat, nous avons passé des tests pour avoir des réponses à nos questions.
- Oh ! Pourquoi ne pas avoir adopté ?
- Eh bien, elle ne pouvait pas concevoir d'adopter un enfant qu'une autre femme avait porté pendant neuf mois.
- Je comprends.
- Puis il y a eu ces petits soucis qui on fait que nous en sommes arrivés à ce point dont je t'ai déjà parlé.

Haley but une gorgée du vin et mangea un morceau de viande. Cette conversation concernant le passé du médecin ne lui plaisait pas, mais c’était un passage obligé, vu qu’ils s’étaient promis d’apprendre à se connaître.

- Et toi ?
- De quoi moi ?
- Pour Angel's Fist ?
- Ma camionnette.

Patrick la regarda sans comprendre ce que voulait dire Haley et attendit une explication.

- J'étais sur la route toute la journée et ma voiture est tombée en panne juste à l'entrée de la ville. Et le temps qu'on me la répare, je me suis promené au bord du lac et dans le centre ville et là, je suis tombée amoureuse de ce paysage, puis j'ai rencontré la fouine en voulant boire un café et voilà.
- Tu aurais pu retourner chez toi. Pourquoi ne pas l'avoir fait ?
- Repartir à zéro était une idée qui me convenait. Puis j'avais envie de changer d'air. En réalité, lorsque ma voiture est tombée en panne, ça ne faisait pas loin de cinq jours que je roulais à la recherche d'un nouveau chez moi...
- Eh bien, quand tu disais aimer ton indépendance, je comprends mieux maintenant.
- Oui. Mais c'était il y a presque dix ans depuis j'ai... mûri.

Une fois leurs assiettes terminées leur assiette et la bouteille de vin rouge vidée, Il débarrassa la table. Tout en servant le dessert, il continua à lui poser des questions mais elle ne se laissa pas prendre et le questionna en retour.

Pendant cette dernière étape du dîner, ils rirent tous les deux de bons cœur.

- Je suis contente que nous ayons parlé comme ça.
- Moi aussi Haley. Au moins, nous savons que nous avons un même point en commun.
- Ah oui, lequel ?
- Nous sommes tous deux des paumés de la vie.

A cette phrase, Haley éclata de rire, suivie de Patrick. 

- Eh bien Monsieur le chef cuistot, votre tiramisu fut une merveille.
- Merci.
- Tu souhaites un café ?
- Non merci. Je ne vais pas tarder.
- Non non. J'étais sérieux en disant que tu ne prendrais pas le volant avec ta cheville dans cet état.

Haley fit la moue voyant que le médecin était sérieux.

- Bon, étant donné que je suis séquestrée, peux-tu aller dans ma camionnette, dans le coffre de ma voiture il y a un sac avec des affaires... Quoi ?
- Un sac avec des affaires ?! Tu avais prévu ton coup ?, dit-il pour la taquiner.
- Mais non ! C'est une habitude que j'ai pris avec Jake. On partait souvent à l’improviste, pour changer d’air donc, à présent, j'ai toujours un sac dans ma voiture avec des affaires de rechange, au cas où...
- Où sont tes clés ?
- Dans mon sac...

Il prit les clés qui se trouvaient dans le sac à main de son invitée posé sur la petite table qui se situait juste à côté de la porte d'entrée et se rendit dehors pour prendre le sac de Haley.


Patrick avait changé les draps de son lit le matin même sans savoir qu'elle devrait rester dormir chez lui. Il prit un oreiller et une couverture qu'il déposa sur le canapé. Haley avait passé un peu de temps dans la salle de bain; histoire de se rafraîchir un peu, et sorti de la pièce avec un débardeur bleu ciel et un pantacourt léger de couleur noir.

En la voyant dans cette tenue, Patrick ressentit une bouffée de chaleur qu'il se dépêcha de refouler pour ne rien laisser paraître devant Haley.

- Voilà je suis prête Docteur.
- Je vois ça.
- Tu es sûr de ne pas prendre le lit ?
- Je ne vais pas te faire dormir sur le canapé avec ta patte folle...
- Ah, ah, très drôle.
- Je vais te porter car avec la béquille, ça ne va pas être facile de monter.

Haley ne put dire le moindre mot de négation, il la prit dans ses bras sans qu'elle puisse émettre un son. Leurs regards se croisèrent, diffusant une tension sexuelle qu’ils essayèrent de contrôler avec beaucoup de mal.

Arrivée dans la chambre, elle le remercia de l'avoir aidée et se mit au lit. Il lui mit un oreiller pour surélever sa jambe, afin d'éviter l'œdème. Après l'avoir aidée, il lui déposa un baiser sur le front et sortit de la chambre.

Il se coucha dans son canapé, tout en pensant à celle qui se trouvait dans son lit...

" Je l'ai prise dans mes bras à peine deux minutes, mais deux minutes de bonheur... ", pensa-t-il.

Mini Patrick se redressa.



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