dimanche 8 janvier 2012

Chapitre 18 : Premier vrai rendez-vous

En ce jeudi 17 Juin, il faisait particulièrement chaud pour la saison à Angel's Fist, il faisait presque suffocant. Sarah avait par conséquent passé une très mauvaise nuit, sa grossesse accentuait des difficultés à supporter la chaleur ; elle fut obliger de prendre une bonne douche tiède vers trois heures du matin pour se rafraichir et humidifia une serviette dans laquelle elle s’enveloppa, ce qui lui permit de dormir plus ou moins correctement.
Mais la nuit fut courte, bien que les nausées matinales ne soient plus un problème depuis une semaine, les bébés criaient "famine" toutes les nuits vers cinq heures, ce qui fait que depuis une semaine, Sarah ne dormait pas plus de cinq heures par nuit et elle était épuisée. Bien sûr, il était hors de question de le dire à Phil car il en ferait une maladie et elle n'aurait plus le droit d'aller aider sa meilleure amie à la boutique, ce qui bien sûr était hors de question.
Une bonne douche la réveilla pour de bon et elle prit la direction de la cuisine afin de prendre un copieux petit-déjeuner et de préparer celui de son époux. Sa façon de rattraper ses cachotteries même si elle était sûre que Phil n’était pas naïf et qu’il la connaissait assez pour savoir que de sortir un peu de leur maison était une nécessité pour sa femme alors même si elle avait des doutes sur le manque d'ignorance de son mari, elle décida de faire comme si de rien n'était.
Phil arriva dans la cuisine attiré par la bonne odeur du bacon grillé et des œufs pochés, le tout accompagné d'un grand verre de jus d'orange et d'une tasse café. Il sourit en voyant l'amour de sa vie qui œuvrait à la cuisine mais comme elle le craignait, il se doutait bien que cette nouvelle façon de se mettre à la tâche, cachait quelque chose et il devait vraiment en parler avec elle avant qu'elle s'enfonce dans cette mascarade, bien qu'il fût très touché par l'investissement de cette dernière à vouloir lui faire plaisir mais elle en oubliait le principal...
- Huuum, ça sent bon ici.
Sarah sourit en voyant son mari entrer dans la cuisine manifestement ravi par l'odeur du petit déjeuner.
- Merci mon amour. Tu as bien dormi ?
- Oui, mieux que toi.
- Comment ça ?
- Sarah, ma chérie, poses tes ustensiles, s'il te plaît.

Elle le dévisagea sans vraiment tenir compte de ce qu'il venait lui demander jusqu'à ce qu'il lui touche la main pour lui faire déposer sa cuillère en bois sur le plan de travail. Ils se fixèrent jusqu'à ce que Phil reprenne la parole.
- Quand est-ce que tu vas arrêter de faire semblant ?
- Comment ça ?
- Tu crois que je ne me rends pas compte que la nuit tu te réveilles pour prendre une douche, et ce depuis une semaine, parce que tu supportes mal la chaleur ? Ce n'est pas parce que je ne dis rien que je ne sais pas ou que je ne m'en rends pas compte de ce qu’il se passe.
- Ah....
- Tu oublies une chose mon amour, je te connais depuis dix ans et tu ne peux rien me cacher à moi.
- Je suis désolée.
- Tu croyais que j'allais te priver de sortir, pas vrai ?
- On sait tous les deux comment tu es...
- Je suis prudent parce que nous avons assez lutté pour en être là. Il y a presque cinq mois, on n'aurait jamais imaginé devenir parents mais, aujourd'hui, ils sont là et le fait qu'ils soient deux te fatigue encore plus, il faut vraiment faire attention sans pour autant te priver de tout.
- Donc je peux quand même aller travailler à la boutique ?
- Oui, mais tu resteras à la caisse et assise.
- D'accord.
- Vraiment ?
- Oui. Tout ce que je veux, c'est de pouvoir aider un peu Haley et de m'oxygéner, donc ta proposition me convient.
- Très bien. Mais je te surveille, donc pas de tricherie.
- Promis, mon chéri.
- Bon, on l'attaque ce petit-déjeuner ?!

Ils s'assirent tous les deux autour de la table et commencèrent leur festin dans la bonne humeur et heureux d'avoir pu se parler à cœurs ouverts.


Haley finit sa tasse de café tout en lisant son journal. Patrick lui avait diminué la dose de ces somnifères qu’elle pouvait prendre afin qu'elle n'en devienne pas dépendante et cela lui faisait beaucoup de bien car même si depuis cette lettre anonyme, elle avait eu beaucoup de mal à en trouver le sommeil, cela faisait presque une semaine que tout allait bien. Elle se sentait bien reposée et commençait à retrouver un peu sa bonne humeur, un peu trop même mais elle ne contrôlait pas cet état d'esprit.
Elle n'avait pas revu le médecin depuis cette conversation dans son bureau ; le baiser qu’ils avaient échangé l'avait mis très mal à l'aise car elle n'était pas sûre d'être prête pour ça. Pourtant, elle avait apprécié ce moment mais ne savait comment le gérer. Elle savait à présent que Sarah et Stephenie avaient raison mais voulait-elle vraiment aller plus loin ? Voilà ce dont elle voulait être sûre et elle savait qu'il faudrait qu'elle ait une conversation avec Patrick mais ne savait pas comment aborder le sujet.
Après avoir fini son petit déjeuner et ayant pris une bonne douche selon son rituel matinal, elle se maquillât un peu histoire d’avoir bonne mine et prit son sac à main ainsi que ses clés de voiture. Ce matin, elle avait décidé d'aller chercher Sarah et de la conduire elle-même mais comme son amie n'était pas au courant, elle se dépêcha car elle devait arriver avant qu’elle ne quitte son domicile.
Après dix minutes de route, elle se gara dans le jardin de ses amis et descendit de sa voiture. Elle frappa à la porte d'entrée et ce fut Phil qui lui ouvrit, surpris de la voir de si bonne heure chez eux.
- Bonjour Haley.
- Salut Phil. La fouine est là ?
- Elle finit de se préparer.
- Je suis venue la chercher, mais elle ne le sait pas. Ça te dérange pas, j'espère ?
- Non, bien sûr que non. Mais entre, ne reste pas là.
- Merci. Elle se prépare depuis longtemps ?
- On a pris notre temps pour le petit dej' donc nous sommes un peu en retard.
- Pas de soucis.
- Haley, il faut que je te demande un  petit service.
- Bien sûr, dis-moi, je t'écoute.
- Sarah ne dort pas très bien avec la chaleur, alors j'aimerais que tu la laisses s'occuper de la caisse aujourd'hui et surtout qu'elle reste assise.
- Euh, je lui mets de la glue sur le siège pour que ça marche ou pas ?
- Elle m'a promis de s'y résoudre donc normalement ça devrait pas être nécessaire, lui répondit-il avec un sourire.


Sarah descendit les marches d'une humeur joyeuse comme si son manque de sommeil n'avait pas d'incidence sur son humeur et fut surprise de voir Haley assise en face de Phil à cette heure de la matinée.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je t'emmène au boulot, ma belle.
- Trop cool, ça fait longtemps qu'on a pu parler entre filles.

Haley grimaça à cette évocation.
- Phil, au secours, dit-elle pour taquiner son amie
Sarah leva les yeux au ciel.
- Ah, ah, très drôle. Tu as réussi à m'échapper pendant une semaine, fallait bien que j'arrive à t'attraper dans mes filets.
- Mouais, mais je ne suis pas obligée de parler. T'écouter devrait être suffisamment supportable pendant le trajet.
- Phil, miss grincheuse m'embête.
- Je crois qu'elle fait une allergie aux fouines, ma chérie, dit-il pour la taquiner.
- Vous avez monté une ligue contre moi ou quoi ?
- Nous ? Pas du tout. Bon allez Caliméro, on y va sinon nous allons être en retard.
Sarah prit son sac à main, embrassa son mari et suivit Haley qui se dirigeait vers la voiture. Une fois qu’elles furent installées, le moteur de la voiture vibra. La voiture quitta le jardin et se dirigea vers le centre-ville.
- Phil m'a informé de ton affectation pour la journée.
- Je n'en doute pas. De toute façon, je n'aurais pas bronché, rester debout trop longtemps me donne des maux de dos et étant fatiguée, ça ne m'aide pas à supporter la douleur donc rester assise jusqu'à ce soir m'ira très bien.
- Tu devrais aller voir Patrick pour ton dos, peut-être qu'il pourra y faire quelque chose.
- En parlant de Patrick...
- Quoi ?
- Ca fait une semaine que vous vous évitez. On peut savoir pourquoi ?
- On ne s'évite pas du tout. Seulement nous sommes chacun prit par nos activités professionnelles donc on n’a pas le temps de se voir. D'ailleurs, je te signale que nous ne sommes pas beaucoup vues non plus, ce n'est pas pour ça qu'on s'évite !
- Oui, mais moi c'est pas pareil. Nous ne sommes pas en train de construire quelque chose...
- Parce que avec Patrick je construis quelque chose ?
Sarah la regarda avec insistance pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas dupe mais surtout qu'elle restait sur son premier avis.
- Quoi ?
- Tu vas te cacher la vérité pendant encore combien de temps ?
- Quelle vérité ?
- Votre attirance l'un pour l'autre !
Haley savait que son amie avait raison. Elle était attirée par le médecin et lui par elle mais ce que son amie ne comprenait pas c'est que si elle avait tant voulu se détourner de cette évidence, c'est parce qu'elle n'était pas sûre de vouloir construire quelque chose de concret avec cet homme pour le moment.
- Bon écoute-moi, madame je mêle de tout. La semaine dernière, j'ai écouté ton conseil et je suis allée voir Patrick pour m'expliquer avec lui.
- Et ?
- Tu me laisses finir ! Nous avons beaucoup parlé, enfin moi surtout, car il était très en colère. A la fin de cette conversation, nous nous sommes embrassés.
- Je le savais, j'avais raison, je suis...
- Tu n'es rien du tout. Tu te calmes parce que sinon je ne me confie plus.
- Désolée. Je t'écoute, qu'est-ce qui bloque ?
- Comment tu sais ?
- Je te connais ma chérie, oublie pas.
- C'est vrai. Ecoute, je te demande de ne pas t'en mêler, s'il te plaît.
- Je ne m'en mêlerai pas mais laisse-moi te dire que je l'avais dit. Huuum, c'est ça qu’on ressent quand on a raison... c'est délicieux.
- Eh ba, si les jumeaux deviennent comme leur mère, je souhaite bon courage à Phil.

Sarah ignora cette moquerie car elle savait, bien qu'elle soit contente de ne pas s'être trompée, que quelque chose mettait son amie mal à l’aise.
Dès leur arrivée à la boutique, elles commencèrent à ranger un peu avant d'accueillir les premiers clients. Du coup, Sarah en profita pour interroger son amie afin, espérait-elle de l’aider.
- Alors, qu'est-ce qui cloche, ma belle ?
- Eh bien en fait, c'est vrai que, depuis notre baiser, on ne s'est pas revus mais, de mon côté, j'avais beaucoup de travail donc je n'ai pas vraiment pris le temps d'essayer d'aller le voir, je crois même que j'en avais pas envie. Et de son côté, je pense, qu'il avait beaucoup à faire mais qu'il évitait une nouvelle rencontre, en même temps, ça se comprend, depuis le décès de sa femme, il n'a jamais connu de nouvelle relation alors...
- Oui, c'est vrai qu'il a peut-être peur de s'engager de nouveau, mais je pense qu'il est super attaché à toi et qu'il va lui en falloir beaucoup plus pour renoncer à construire quelque chose avec toi.
- C'est possible mais...
- De ton côté, tu n'es pas sûre de le vouloir ? Lui demanda-t-elle, pour être sûre d'avoir bien compris ce que son amie essayait de lui confier.
- Oui, j'hésite. C'est vrai qu'il me plaît mais je ne suis pas certaine de vouloir m'engager ou de vouloir quelque chose de nouveau dans ma vie, pour le moment. Je veux être sûre de moi avant de commencer quelque chose avec lui mais, en même temps, quand je suis avec lui, je me sens différente, j'oublie tout, même cette douleur qui pèse dans ma poitrine, mais j'ai tellement peur de faire fausse route. Je ne sais pas, c'est difficile à expliquer.
- Tu devrais essayer d'en parler avec lui, pour voir où il en est de son côté et être sûre de ce que vous ressentez l'un pour l'autre. Peut-être que lui aussi, de son côté, ressent la même chose et veut prendre son temps...
- C'est ce que je pensais faire. Quand je suis seule avec lui, il se passe quelque chose en moi que j’ai du mal à contrôler, comme si j'allais me jeter dessus et lui arracher tous ses vêtements. Tu vois ?
- Oh oui, je vois. En fait, tu n'es pas sûr que ce soit autre chose qu’une attirance physique...
- Oui. Enfin, je sais que j'apprécie sa gentillesse et son côté prévenant, et tout le reste mais je me demande si c'est bien suffisant.
- Je peux te poser une question ?          
- Bien sûr.
- Que ressens-tu quand tu passes du temps avec lui ?
- Eh bien, j'aime beaucoup parler avec lui, il sait me faire sourire et nous sommes sur la même longueur d'ondes.
- Ba voilà, tu l'as ta réponse.
- Comment ça ?
- Eh bien, quand tu me parles de lui, il est bien clair que ce n'est pas son physique qui fait que tu as envie d'être avec lui.
- Oh...
- Mais tu as raison de te laisser le temps. Bon, faut qu'on ouvre il est l'heure.

Sarah déverrouilla la porte de la boutique et mit le panneau "ouvert". Elle s’installa derrière la caisse et ne bougea plus de la matinée.


L'heure du déjeuner arriva et Phil vint chercher les filles pour aller déjeuner chez Stephenie. Chad leur fit signe en les voyant arriver et les invita à s'asseoir à sa table où se trouvait sa femme mais aussi Patrick. Haley jeta un coup d'œil à son amie qui la rassura d'un regard.
Ils allèrent tous les trois s'installer avec leurs amis et passèrent commande dès leur arrivée pour ne pas devoir patienter trop longtemps car avec les touristes, le temps d'attente avait augmenté donc, lorsqu’ils venaient déjeuner chez leur amie, ils prenaient les devants.
Haley et Patrick étaient mal à l'aise mais ne le montraient pas aux autres, bien que ceux-ci, ne pouvant éviter les regards furtifs de leurs amis, étaient conscients de la situation.
Leur plats arrivèrent plus rapidement qui ne s'y attendaient et ils commencèrent tous à manger dans un calme un peu pesant. C'est Phil qui brisa la glace.
- Alors Chad, tu en es où ? Je sais que tu ne peux pas trop dévoiler ce qu'il en est de l'enquête mais...
- Nous en sommes au point mort. J'ai fait tous mes interrogatoires mais tous ont un alibi solide. Quant à la lettre anonyme, je l'ai faite analyser et il y a rien qui me permet d'aborder la moindre piste.
- Donc on en est nulle part.
- Oui, mais je ne vais pas laisser tomber pour autant. Il y a quand même eu un meurtre. Tôt ou tard, le coupable commettra une erreur.
- Donc même sur la lettre, il n'y aucune empreinte ? Demanda Haley à l'intention de Chad.
- Non, aucune.
- Super.
- Désolé Haley. A côté de mon enquête sur la mort de Jake, j'ai commencé une enquête parallèle en ce qui concerne ta lettre mais je n'ai rien trouvé, je suis désolé. Tu arrives à mieux dormir ?
- Oui, Patrick m’a donné quelque chose de pas trop fort afin de me permettre de passer des nuits sans me réveiller en sursaut.
- Très bien. Je te promets que je trouverai qui t'en veut et pourquoi.
- Merci Chad.
- Quelqu'un a des nouvelles de Stephenie ? Demanda Haley.
- Oui, évidemment, le bouche à oreille à fonctionné, comme d’habitude. Elle doit venir cet après-midi à mon cabinet pour que je voie comment cicatrisent ses blessures, répondit Patrick à son intention.

Haley le regarda enfin dans les yeux et remarqua qu'il n'avait pas détourné son regard depuis le début de ce repas. Elle se sentit gênée d'un coup et s'en voulut de se montrer si distante.
- J'espère qu'elle va bien.
- Je vous dirais ça après l'avoir vu.
- Merci.
- De rien.

Ils finirent tous leur repas en silence, avant d'aller reprendre leurs activités professionnelles.


L'après-midi fut longue car avec cette chaleur étouffante peu de clients ne s’aventuraient en centre-ville. Ces derniers étaient tous au bord du lac ou avaient fait la route pour rejoindre le bord de mer, afin de se rafraichir.
Haley venait de congédier Sarah pour qu'elle rentre chez elle où elle serait beaucoup mieux que dans la boutique où la climatisation fonctionnait à peine. Phil avait profité de son passage pour venir chercher sa femme pour y jeter un coup d'œil. C'était un court-circuit qu'il réparerait dès le lendemain, en attendant la fin de la journée, Haley allait devoir supporter le fait de travailler dans une chaleur très difficilement supportable.
- Merci Phil.
- Tu as pris soin de mon bébé donc normal que je te rende l'appareil.
- Sarah, repose-toi. Je passerai te voir ce week-end.
- Pas la peine, demain je dois venir en ville, j'ai rendez-vous avec Patrick pour ma prise de sang mensuel.
- D'accord, ça marche.
- A demain. Et n’oublie pas ce que je t'ai dit.
- Promis.
Sarah et Phil quittèrent la boutique et prirent la direction de leur domicile.


Haley n'avait pas eu de client depuis presque trois heures et il lui fallait une occupation mais  il était dur de rester concentré sans compter que le moindre mouvement dans cette atmosphère étouffante était très désagréable mais elle n'avait pas le choix, il fallait qu'elle installe les livres qu'elle avait reçus en fin de matinée. Elle se motiva en se disant que le temps lui paraîtrait peut-être moins long...


Stephenie venait d'arriver, exactement à l'heure prévue pour son rendez-vous avec Patrick. Elle ne voulait pas arriver en avance car rester assise sur un siège pendant un temps indéterminé, sans rien faire n'était pas du tout son genre ; qui plus est, supporter les regards inquisiteurs des autres patients n’aurait pas été supportable pour elle.
Patrick venait tout juste de terminer avec son dernier patient et fit immédiatement entrer Stephenie dans son bureau. Cette dernière fut soulagée de voir qu'elle ne devait attendre et s’empressa de le suivre.
Elle sourit à Patrick pour donner le change car en réalité, elle redoutait ce rendez-vous mais elle n'avait pas le choix, elle devait savoir où en était sa guérison donc elle devait affronter ce moment sans sourciller et sans stresser à l’annonce de ses résultats.
"Facile à dire..."
- Eh bien Stephenie, comment vous sentez-vous aujourd'hui ? Lui demanda le médecin.
- Un peu stressé, pour être honnête.
- Ne le soyez pas, tout se passera bien.
- Vous croyez ?
- Nous allons vite le savoir. Asseyez-vous sur la table.
Elle obéit tout de suite au médecin. Patrick s'approcha d'elle après s'être lavé les mains. Il lui expliqua qu'il allait lui retirer son pansement afin de se rendre compte de la cicatrisation. Ses mains s'approchèrent lentement du visage de Stephenie, et il commença à dérouler le pansement, prenant soin d’être le plus délicat possible car cette femme était traumatisée par ce qui lui était arrivé.
Une fois le pansement enlevé, Patrick examina minutieusement le visage de Stephenie sans faire aucune remarque. Cette dernière commençait à trouver ce silence très pesant.
- Quelque chose ne va pas ? Lui demanda-t-elle angoissée.
- Non. Tout va bien, je regarde juste chaque partie consciencieusement pour être sûr que je ne loupe rien.
- Et ?
- Vous avez très bien cicatrisé Stephenie. Il reste quelques parties encore superficielles mais je peux  vous rassurer avec une ou deux séance de chirurgie plastique vous allez retrouver votre visage tel qu'il était avant.
- Je peux voir ?
- Bien entendu.

Patrick lui donna un petit miroir qui lui permit de regarder son visage et elle fut surprise par ce qu'elle voyait. Son visage était encore marqué par endroit mais pas aussi grossièrement que ce fut le cas avant qu'elle ne reçoive le traitement prescrit par le médecin. A présent, les quelques séances de chirurgie plastique dont venait lui parler Patrick, lui paraissait superflues, bien que nécessaire mais au moins, elle pouvait sortir dehors sans porter un bandage sur le visage.
Elle sortit du cabinet médical confiante et beaucoup plus heureuse qu'elle ne l'était ces derniers jours et prit sa voiture pour prendre la direction de son domicile. Elle retournerait travailler le lendemain mais, pour le moment, elle voulait profiter de sa dernière journée de convalescence chez elle.


Haley n'en pouvait plus. Tout en maudissant cette climatisation qui avait décidé de lui faire faux bond le jour où la chaleur était intenable, elle finissait de ranger ses livres poussiéreux mais dont elle aimait tant l'odeur et la couleur des pages.
Quand elle retourna au niveau de sa caisse, elle sursauta en voyant Patrick qui se tenait debout sur le seuil de la boutique. Il était là depuis à peu près cinq minutes à la regarder ranger sans  la déranger, peut-être parce qu'il savait qu'elle avait énormément de travail mais avant tout parce qu'il aimait la regarder travailler, concentrée sur sa tâche.
- Je ne voulais pas vous faire peur.
- Nous sommes repassé au vouvoiement ?
- Désolé, c'est que je ne sais plus trop sur quel pied danser depuis...
- Je comprends.
- Il fait une chaleur monstre ici.
- Oui, je sais ma climatisation est en panne, Phil me la réparera demain.
- Je peux regarder si vous... si tu veux.
- Euh, je ne veux pas être responsable d'un décès.
- Je promets de ne pas porter plainte.
- Ok, je finis de ranger mes livres. Elle se trouve à l'arrière du magasin.
- J'y vais.

Elle savait que c'était le bon moment pour lui parler mais elle n'en trouva pas le courage. Il y avait comme un malaise entre eux mais il fallait qu’elle agisse.
Patrick n'était pas très doué pour tout ce qui concerne le bricolage mais dans son ancienne maison il trifouillait un peu l'électricité quand il y avait des raccords à faire alors une petite climatisation ne devait pas être insurmontable à réparer.
- Je sors de ma dernière consultation.
Face au silence, il enchaina.
- C'était Stephenie mon dernier rendez-vous.
N’obtenant aucune réponse, il l’appela.
- Haley ?
Il sortit du local où se trouvait le moteur de la climatisation et chercha dans la boutique où se trouvait son amie. Elle sortit des toilettes au même moment.
- Il y a un problème ?
- Je m'inquiétais. J'étais en train de parler et devant le manque de réponse je me suis inquiété.
- Désolé. Petite vessie.
- Pas de soucis. Je retourne à mon bricolage.
- Tu disais quoi ?
- Hein ?
- Tu disais que tu étais en train de me parler mais tu me parlais de quoi ?
- Mon dernier rendez-vous de la journée, c’était Stephenie.
- Ah oui, c'est vrai.
- Je t'avais dit que je viendrais te tenir au courant, donc me voilà.
- Merci. Et donc ?
- Elle a très bien cicatrisé mais quelques séances de chirurgie plastique lui seront nécessaires pour finaliser la cicatrisation.
- Eh bien c'est plutôt positif.
- En effet.
Il continua à lui expliquer son entretien avec Stephenie, tout en bricolant la climatisation. Puis il se lança enfin car il savait qu'il devait lui parler, savoir où ils en étaient.
- Haley, il faut que nous parlions.
- Je sais...

C'est alors que le téléphone sonna.
- Désolée, il faut que j'aille répondre.
Il la regarda partir vers l'entrée du magasin.
Elle revint au bout de cinq minutes et vit Patrick secouer sa main comme si il s'était blessé.
- Ca va pas ?
- Je me suis pris un coup de jus.
- Voilà ce que c'est de vouloir jouer les héros.
- Très drôle.
- Je peux faire quelque chose ?
- Oui, m'éloigner de cet engin.
Elle le ramena vers le milieu de la boutique où se trouvait un petit canapé trois places pour que les clients puissent s'asseoir lorsqu'ils désiraient feuilleter un livre avant de finaliser leur achat.
Ils s'assirent sur la banquette de couleur bleu glacier qui donnait à cette pièce très chaleureuse une touche de fraîcheur qui savait mettre à l'aise la clientèle. Sarah et Haley avaient été très contentes de ce choix et n’avaient jamais regretté de l’avoir achetée.
- Qu'est-ce qu'il faut mettre sur ta main ?
- Rien, ça va passer.
- D'accord.
- Haley, faut que nous parlions.
- Oui je sais.

Ils se regardèrent droit dans les yeux sans bouger. Ils ne savaient pas lequel des deux allaient faire le premier pas mais ils savaient bien qu'il fallait se décider à parler de ce qui s'était passé la semaine dernière et de ce qu'ils devraient faire par la suite.
Soudain, Haley se leva d'un bond.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- J'ai oublié de fermer la porte de la boutique.
- Oh...

Elle prit la direction de la porte d'entrée de la librairie et mit le panneau "fermé" puis ferma à clé pour être sûr que personne ne puisse entrer. Une fois cette tâche effectuée, elle retourna aux côtés de Patrick car elle le savait, elle ne pouvait plus éviter cette conversation.
Il n'avait pas bougé, il était là, tenant encore sa main douloureuse et attendait patiemment qu'elle revienne.
- Me revoilà.
- Porte fermée ?
- Oui. Journée terminée et je n'ai qu'une hâte, c'est de rentrer chez moi et de prendre une bonne douche car j'en peux plus de cette sueur.
- Je m’en doute bien. Mais avant...
- ... faut qu'on parle, oui.
- Ca fait une semaine que l’on ne s’est pas croisé une seule fois en ville. Comme si...
- Comme si qu'on s'évitait ?
- Oui mais, pour ma part, j'étais débordé et...
- Moi non plus, je n'ai pas arrêté, ça s'est calmé, il y a deux jours seulement.
- Mais tu n'es pas venue me voir ! Constata-t-il.
- Non ! Avoua Haley, gênée.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas.
- Si tu le sais mais tu veux pas te l'avouer. Ecoute Haley, je n'attends rien en retour, si tu ne veux pas aller plus loin, je peux le comprendre, pour moi aussi c'est compliqué d'envisager une nouvelle relation après la mort de ma femme, mais je ne vais pas te mentir, je tiens énormément à toi et plus particulièrement depuis que nous nous sommes rapprochés, bien avant ce baiser.
- Ah bon ?
- Je ne te l'ai jamais caché. Maintenant, je te demande une seule et unique chose.
- Laquelle ?
- D'être honnête avec moi. Que veux-tu ? Que désires-tu ?
- Moi... aussi, je tiens beaucoup à toi mais je ne suis pas sûre d'être prête pour une relation plus... intime. Je suis pas clair, hein ? Demanda-t-elle en voyant la tête de Patrick.
- Si, tu l'es et je ressens la même chose, je viens de te le dire. Je ne veux pas aller vite non plus. Mais la question qu'il faut se poser est : est-ce qu'on veut être ensemble ou pas ?
- Et toi, tu veux quoi ?
- Haley, je ne tiens pas seulement à toi, je crois que je suis même tombé amoureux de toi mais je ne veux pas non plus aller trop vite.

Elle sourit à cette phrase, elle était soulagée de voir qu'ils étaient tous les deux sur la même longueur d'ondes et fut rassurée de savoir qu'il ressentait la même chose qu'elle.
- Moi non plus, je ne veux pas aller trop vite. Et je suis sûre d'une chose, c'est que moi aussi je veux être avec toi.
- Bien. Alors je te propose un premier rendez-vous mais ne paniquons pas ! Pas le grand tra la la, juste une soirée en tête à tête, parler de tout et de rien devant un bon dîner maison.
- Euh, alors là, tu n'as pas peur d'une intoxication alimentaire parce que je ne sais pas cuisiner. La seule chose que je sais faire, c'est faire cuire une pizza surgelé dans mon four.
 - Je n'ai jamais dit que tu devrais cuisiner.
- Tu... tu sais cuisiner ?
- Ah, j'ai beaucoup de talents cachés. Si je te dévoile tout maintenant il n'y a plus de surprise.
- Et tu vas cuisiner quoi ?
- Ah ah, c'est une surprise mais fais-moi confiance, je suis un vrai cordon bleu.
- Tu ne comptes pas concurrencer Stephenie et son café, hein ?
- Non promis, lui répondit-il en souriant.
- Ca me va alors.
- Demain soir, chez moi ?
- Tu as une cuisine ? Demanda-t-elle surprise.
- Je vis au-dessus de mon cabinet pas dans mon cabinet Haley.
- Désolé. Vas pour demain soir alors mais...
- Ne t'inquiète pas, je te l'ai dit, moi aussi, je veux prendre mon temps.

Ils sourient tous les deux à l'évocation de ce premier rendez-vous bien qu'ils furent tous les deux stressés.
Patrick raccompagna Haley jusqu’à sa voiture puis retourna chez lui. 

Haley rêvait d'une bonne douche et le stresse que lui infligeait cette soirée, n'avait fait qu’augmenter sa transpiration. Mais elle était contente de savoir que le médecin ressentait la même chose qu'elle et que lui aussi souhaitait prendre son temps.
C'est avec soulagement qu'elle rentra chez elle tout en envoyant un texto à Sarah.
"Nous avons parlé. Premier rendez-vous demain mais juste pour apprendre à se connaître. Repose- toi bien. Bisous."



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