dimanche 8 janvier 2012

Chapitre 17 : Passer outre

"Tout est de ta faute"
 Cette phrase repassait en boucle dans sa tête. Après s'être remise plus ou moins remise de ses émotions enfin, elle avait téléphoné à Chad en s'excusant d’appeler aussi tard. Elle avait à peine finit de lui expliquer que c'était Judith, sa femme, qui ayant repris les combiné, lui expliqua que Chad était en route. Cette information la soulaga. Ne voulant pas rester seule en attendant l'arrivée de son ami, le shérif, elle avait téléphoné à Patrick qui l’espérait-elle n'était pas ne train de dormir.
- J'arrive tout de suite, ne bougez pas, lui répondit ce dernier.
Il avait mis à peine dix minutes au lieu des vingt habituelles, il n’avait pas été très scrupuleux avec les limitations de vitesse mais il était inquiet pour son amie et ne voulait pas qu'elle attende seule. Le shérif habitait quant  à lui à trente-cinq minutes de chez elle, ce qui allait lui sembler interminable.
Il se gara devant chez Haley et frappa à la porte.


Haley sursauta et paniqua. Elle se saisit d'un couteau puis se raisonna, l'auteur de la lettre ne prendrait pas la peine de s’annoncer mais avec tout ce qu'on pouvait voir de nos jours, elle resta méfiante.
- Haley, ouvrez c'est Patrick.
Au son de cette voix, elle fut tout de suite rassurée et déposa le couteau puis alla ouvrir la porte.
Quand elle vit le visage de Patrick, elle sourit et le fit entrer.
Il remarqua le couteau sur la table et comprit qu'elle avait eu un doute quant à l’identité de son visiteur, alors, pour détendre un peu l'atmosphère, il lui dit, avec son humour si particulier :
- Je suis au menu ?
- Quoi ? Demanda Haley, décontenancé.
- Le couteau...
- Oh ! Non, je pensais que c'était...
- L'auteur de la lettre ? Finit-il à sa place.
- Oui.

Il lui demanda comment elle avait découvert la lettre et ce qu'elle avait fait après l'avoir lu. Elle lui expliqua tout en détails sachant qu'elle devrait tout répéter à Chad quand il arriverait.
Patrick l'écoutait avec attention, sans la couper. Quand elle eut fini, il reprit la parole.
- Avez-vous averti Phil et Sarah ?
- Non, elle a besoin de sommeil et surtout pas de mourir d'inquiétude pour moi. Je lui téléphonerai demain pour lui dire ou je lui enverrai un texto une fois qu'avec Chad vous serez repartis.
- Vous ne devriez pas rester ici cette nuit Haley, vous n'allez pas dormir et ne serez pas rassurée d'être seule chez vous.
- Je ne vais pas fuir parce qu'un détraqué essaie de me faire peur.
- Ce détraqué, comme vous dites, a réussi à rentrer chez vous sans forcer la serrure. Il ou elle, pourrait très bien revenir pendant votre sommeil et vous faire je ne sais quoi.
- Eh bien, je ne dormirai pas, je l'attendrais !
- Quelle tête de mule !
- Vous le remarquez que maintenant ? Demanda-t-elle avec un sourire ravi, limite arrogant.
- Très bien ! Je reste ici cette nuit alors.
- Quoi ? Vous dormirez où ? Dans la baignoire ?
- S’il le faut !

Chad arriva sur le pas de la porte et frappa.
Patrick lui ouvrit et le fit entrer dans la demeure.
Il remarqua bien sûr la surprise de son ami et lui expliqua que Haley lui avait téléphoné juste après l’avoir prévenu pour qu'il vienne attendre avec elle. Chad fit un oui de la tête et se dirigea vers Haley.
 Haley se sentit immédiatement rassurée en le voyant même si la présence de Patrick lui avait permit de gérer son angoisse.

Chad lui demanda, comme elle l'avait imaginé, quelques minutes plus tôt, qu'elle lui raconte tout ce qui s'était passé depuis qu'elle était rentrée chez elle. Elle recommença donc son récit sans oublier le moindre détail. Le shérif notait tout méthodiquement dans son petit carnet car le moindre détail pouvait être crucial.
Une fois le monologue de son amie terminé, il inspecta la maison pour être sûr que personne ne s'y trouvait à part eux trois.
- Demain matin, tu devrais appeler Phil pour qu'il te change tes serrures mais dans la plus grande discrétion. Seuls toi, Patrick, Phil et moi-même, en ajoutant Sarah évidemment, sinon elle va nous piquer une crise, devons être au courant.
- D'accord. Que vas-tu faire, de ton coté ?
- Je vais faire analyser cette lettre par un spécialiste en calligraphie à New York voir ce qu'il en pense.
- Il se peut que cette personne, en réalité, n'écrive pas du tout comme ça, suggéra Patrick.
- Oui c'est bien possible mais au moins, nous aurons déjà une piste, c'est toujours mieux que rien.
- C'est sûr.
- Dans tous les cas Haley, je te tiendrai au courant, ne t'en fais pas.
- Je ne cesse de me demander pourquoi, on s’en est pris à moi ? Qu'est-ce que c’est de ma faute ?
- Ne cherche pas. C'est sûrement une personne jalouse qui a  voulu te faire une mauvaise blague ou te faire faire vraiment peur.
- Eh bien, elle a réussi en ce qui concerne la deuxième version.
- Je ne veux pas que tu restes ici cette nuit.
- Je lui ai déjà dit la même chose, mais Mademoiselle Tête de Bois, ne veut pas bouger de chez elle.

Chad sourit à ce surnom car il connaissait très bien son amie et se doutait qu'elle réagirait de la sorte.
- Ah ah ah , vous vous la jouez à la Sarah tous les deux maintenant ?
- Non, moi c'est Super Chad et lui c'est Super Patrick.

Les deux compères sourient suivi puis Haley ne put s'empêcher de faire de même.
- Je ne veux pas que tu restes seule Haley !
- Patrick va rester, il l'a dit tout à l'heure.
- C’est plus raisonnable. Et n’oublie pas d'appeler Phil à la première heure demain matin.
- Promis.

Chad quitta la maison, rassuré de savoir que son amie ne resterait pas seule cette nuit mais angoissé de savoir que quelqu'un avait pu rentrer chez elle comme ça sans besoin de forcer la serrure.
Ça devenait inquiétant.
"Qui peut bien en vouloir aux habitants de notre ville ?", se demanda-t-il sur le chemin du retour.
Avant de reprendre la route, il avait fait le tour de la propriété de Haley pour être sûr que l’intrus avait bel et bien disparu. Aucune trace de pas, rien. C'était vraiment bizarre.
Se pouvait-il que le meurtrier de Jake, l'agresseur de Stephenie et l'auteur de cette lettre anonyme soit la même personne ?
Voilà une question à laquelle Chad voulait à tout prix trouver la réponse avant qu’un autre drame ne se produise. Il voulait savoir ses amis ainsi que les habitants et touristes de cette ville en sécurité.
- Je vais vous mettre une couverture dans la baignoire.
- Merci Haley.

Ils se sourient mutuellement, l’humour les aidait à faire diminuer la tension ambiante. Ne pas être seule, cette nuit-là, la rassurait, même si elle ne l’admettrait pour rien au monde à voix haute.
Elle appréciait la présence de Patrick et savait qu'elle pouvait compter sur lui, voilà pourquoi c'était lui qu'elle avait appelé après avoir eu Chad au téléphone. Pas qu'elle ne voulait pas de Sarah et Phil, mais ils avaient déjà bien assez à penser, depuis quelques temps, elle ne voulait pas les ennuyer d'avantage.
- J'ai un vieux jogging et un tee-shirt de Jake si vous souhaitez, pour passer la nuit ?
- C'est très gentil Haley je veux bien.

Elle redescendit lui donner les vêtements et alla dans la salle de bain se débarbouiller un peu pendant que Patrick se changeait.
En tournant la tête, il découvrit des photos d’Haley.
Il vit une photo d'elle avec Sarah, Phil et Jake au bord du lac, ils étaient manifestement très heureux d'être tous les quatre ensemble. Puis son regard se posa sur un autre cliché où elle était seule au bord de la mer. Tout en bas de celui-ci était écrit : "Tu es mon rayon de soleil". Il supposa que Jake en était l’auteur car il savait que ce dernier était un passionné de photo. En voyant la date, il sut qu’elle avait été prise peu de temps après leur rupture, il comprit alors à quel point ils étaient restés proches et comprit encore mieux le mal être d’Haley.
Cette dernière était sortie de la salle de bain, elle alla dans le salon et vit Patrick regarder ses photos.
- C'était chez ses parents.
- Oh, vous y allez même une fois séparés ?
- On y avait été entre amis avec Sarah et Patrick, c'était il y a deux ans.
- Très belle photo. On voit que ce n'était pas sa passion pour rien.
- En effet. Vous avez une couverture et un oreiller sous le canapé, vous pouvez le déplier si vous le souhaiter, ce sera plus confortable, même si ce n’est pas un vrai lit. Bonne nuit.

Elle monta à l'étage pour se rendre dans sa chambre et se coucha. Elle ne dormait qu'avec un drap sur elle car, même si elle avait trop chaud, elle ne voulait pas ouvrir la fenêtre, au cas où.
Devenait-elle paranoïaque ? Qui ne le serait pas après une intrusion chez soi ?!
Haley ne mit pas trop longtemps avant de s'endormir mais se réveilla en sursaut car elle avait oublié de mettre son réveil. Une fois sa tâche accomplie, elle se rendormit comme si son sommeil n'avait jamais été perturbé.
Patrick, par contre, avait du mal à trouver le sommeil. Il n'était pas habitué à dormir dans un endroit auquel il n'était pas habitué, il se tourna plusieurs fois avant de se lever pour prendre un verre d'eau.
Il fit d'abord un détour par les toilettes car sa vessie le gênait, sans doute à cause du stress, il ne savait pourquoi à chaque fois cela lui provoquait ce genre de désagrément. Certaines personnes ont des maux de ventre, lui c'était par sa vessie.


La première fois qu'il avait passé la nuit avec sa femme, il avait dû livrer un vrai combat avec lui-même, il avait dû gérer comme il pouvait ce handicap mais très vite à l'aise avec elle, la gêne passa comme si de rien n'était mais il se souviendrait toujours de cette première nuit chez elle, quand elle était malade.
L'eau froide coula du robinet et remplit le verre transparent qu'il avait pris dans le buffet. Il se demanda si Haley n'avait pas un côté quelque peu maniaque ; tout était très bien rangé, limite classé par ordre croissant. Peut-être était-ce une nouvelle lubie depuis la mort de Jake, une façon de se changer les idées.
Il but son verre en pensant, plutôt en imaginant, la douleur qu'elle vivait et qu'elle essayait de cacher un peu plus chaque jour à ses proches. Patrick savait qu'elle trichait un peu mais il se demandait jusqu'à quel point...
Son regard se posa sur la porte de la salle de bain. Après une petite hésitation, ses jambes le guidèrent jusqu'à la porte qu’il poussa et se trouva face au lavabo au-dessus duquel était attachée au mur une pharmacie à double porte dont une avec une glace. Il se posa devant celle-ci et ouvrit les deux portes avec précaution de façon à ne pas faire de bruit, il ne savait pas trop si la pharmacie était neuve ou pas et il ne voulait pas réveiller Haley.
Une fois les deux portes ouvertes, il regarda furtivement ce qui s'y trouvait et ne trouva rien qui l'inquiéta du moins aux premiers abords.
Son regard se porta sur une boîte orange à couvercle blanc qu'il saisit de sa main droite. Il lut sur le papier qu'il s'agissait de paracétamol pour soulager les maux de tête.
"Des comprimés pour la tête... Exactement ce qu'il me faut." Pensa-t-il, rassuré par sa découverte.
Au moment de reposer la boîte où il l’avait prise, il réalisa qu'elle était qu'à moitié remplie et se demanda pourquoi. Avait-elle beaucoup de maux de tête ces derniers temps ? Le lui aurait-elle caché ?

Il décida d'ouvrir le récipient et d'y jeter un coup d'œil. Il ne savait pas pourquoi, mais il ressentait le besoin de vérifier comme pour confirmer ses doutes.
Son regard s’embua quand il vit l'intérieur du flacon. Ce n'était pas des antidouleurs, ils étaient beaucoup trop petits, il ressentit une profonde colère en voyant qu'il  s'agissait en réalité de somnifères.
Haley lui avait caché son mal être et il était très mécontent de ce mensonge ainsi que son manque de confiance.
Avait-elle fait semblant avec lui depuis le début ?
Il reposa tout et ferma la pharmacie et retourna se coucher l'esprit meurtri par cette trahison. Il ressentit une légère nausée mais passa outre et s'allongea sur le canapé essayant de trouver le sommeil, ce qui n'améliora pas son mal de tête.


Mardi 15 Juin, sept heures trente du matin, Patrick était déjà levé, ce qui surprit Haley qui pensait lui préparer le petit-déjeuner pour le remercier d'être resté cette nuit. A le voir lisant le journal, il n'avait pas l'air d'avoir beaucoup dormi et ne semblait pas être de très bonne humeur, mais après tout, elle était chez elle donc elle décida de ne pas prendre de pincettes, de toute façon ce n'était pas dans ses habitudes.
- Bonjour Patrick. Bien dormi ?
- Bonjour, répondit-il froidement.
- Vous n'avez pas l'air de très bonne humeur. Vous êtes sûr d'avoir passé une bonne nuit ?
- Je n'ai jamais dit que j'avais bien dormi !

Haley fut surprise des réponses brèves et sèches que faisait Patrick. Ne comprenant pas pourquoi il réagissait de la sorte, elle décida d'y aller franchement.
- Patrick, c'est quoi le souci ?
- Le souci ?
- Oui, vous avez l'air en colère mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi.
- Vous n'êtes qu'une tricheuse Haley James et je suis terriblement déçu par votre attitude. Il est l'heure que je m'en aille, je dois ouvrir le cabinet pour huit heures trente et j'ai vingt minutes de route à faire sans compter que je dois consulter les dossiers de mes futurs patients de la journée.
- Pas avant de me dire de quoi il s'agit ! Je vous ai déçu ?! Très bien mais je veux savoir pourquoi !!!
- Très bien je vais vous le dire parce que moi je n'ai pas pour habitude de mentir.
- Patrick, ça suffit ! Je commence à en avoir ras le bol de votre humeur de grizzli. Alors vous allez me dire ce qu'il se passe et tout de suite ou je vous renverse votre tasse de café bouillant au visage.
- Ca sera toujours mieux qu'un coup de poing.
- Pas sûr, vous aurez beaucoup plus de marques.
- Et vous irez en prison pour agression.
- Parce que vous porteriez plainte contre moi ?, s'offusqua-t-elle.
- Bien sûr, ce n'est pas comme si nous étions amis !, affirma-t-il avec conviction.
A cette réflexion, Haley se sentit plus que blessée et eut les larmes aux yeux. Patrick lui avait lancé cette phrase méchante et elle ne comprenait pas pourquoi.
- On n’est pas amis ?
- Non nous ne le sommes pas car on n’en ment pas à des amis ! D'ailleurs, je me demande si Phil et Sarah le sont aussi. En fait, avez-vous vraiment des amis, hein ? Etant donné que vous passez votre temps à mentir à tout le monde et à vous-même surtout !!!
- Mais enfin, vous allez me dire ce qui ne va pas ? Quelle mouche vous a piqué?!
- Hier soir, peu de temps après m'être couché j'ai ressenti une forte douleur à la tête. J'ai tout de même tenté de m'endormir mais j'avais toujours ce mal de crâne infernal. Alors, je suis allé me chercher un verre d'eau, en général, ça me soulage un peu, je ne suis pas très médicament.
- Bizarre pour un médecin !
- En buvant mon verre d'eau, j'ai posé mon regard sur la porte de la salle de bain et je me suis dit qu'il devait bien y avoir dans votre pharmacie des comprimés pour me soulager. Ne voulant pas vous réveiller, je suis allé me servir et devinez ce que j'ai vu en prenant la boîte sur laquelle c'était marqué paracétamol ?

Haley comprit très bien où le médecin voulait en venir et se sentait très mal à l'aise et surtout très honteuse. Elle fuyait le regard de Patrick car elle comprenait très bien pourquoi il était en colère et ne savait pas quoi lui répondre.
- Patrick...
- Non, pas un mot si vous voulez me dire « je suis désolée », gardez votre salive car je n'y croirai pas une seule seconde ! Vous avez menti délibérément à moi, mais à vos amis surtout. Juste une petite question : vous arrivez à vous regarder dans une glace le matin ? Je m'en vais, il est l'heure. N’oubliez pas d'appeler Phil pour vos serrures. Bonne journée, Haley.
Il sortit de chez elle sans se retourner, la colère le mettait dans une rage qu'il ne pouvait contrôler, il était vraiment bouleversé par cette conversation ! Enfin, plutôt par ce monologue car il ne lui avait pas laissé le temps d'en placer une mais il ne voulait pas se retrouver face à une excuse à laquelle il ne pourrait résister sachant pourtant que ce serait probablement un mensonge.
Haley n'avait pas bougé depuis son départ, elle était trop chamboulée par ce qui venait de se passer. Elle en avait les larmes aux yeux et restait prostrée, elle n'avait aucune réaction et ne savait plus quoi penser. Elle savait que Patrick avait raison, elle avait trahi tous les siens sans aucun remord mais surtout elle s'était menti à elle-même.
Elle réagit à la sonnerie émise par son téléphone. Ses jambes se mirent à bouger par automatisme et elle se dirigea vers le mobile.
"Appel entrant Sarah."
Haley décrocha et entendit la voix de son amie. Sarah remarqua la voix tremblante de Haley et lui demanda ce qu'il se passait. Elle raconta à son amie tous les évènements de la soirée de la veille mais aussi ce qui venait de se passer avec le Docteur.
- Nous serons chez toi dans quinze minutes, ne bouges pas.
Elles raccrochèrent en même temps.
Haley monta dans sa chambre après une bonne douche, s'habilla et descendit au moment où le couple arriva chez elle.
Elle les fit entrer et fut soulager de les voir sourire en la voyant, malgré les aveux qu’Haley avait faits à Sarah.
- Je te change toutes les serrures ? Demanda Phil.
- Oui, toutes mais oubliez pas...
- Ne t’inquiète pas ça reste entre nous, ma belle.
- Pendant que mon homme s’occupe de ça, nous, on va boire un bon café enfin du thé pour moi parce que sinon les deux petits bouts vont être super excités là-dedans, dit-elle avec un sourire amusé en désignant son ventre.


Une fois leurs tasses prêtes, les filles s'installèrent sur le canapé. Elles se regardèrent un petit moment avant qu’Haley ne se décide et réagit au regard insistant de son amie dans lequel on devinait facilement, le message muet : "bon tu racontes". Elle ne perdit pas de temps et détailla tout sans rien oublier ! Sarah qui ne dit aucun mot, ce qui choqua son amie car ce n'était pas du tout à son habitude. Elle était inquiète car elle eut peur que son amie réagisse comme Patrick, ce qui n'était pas l’idéal et culpabilisa en pensant à la grossesse difficile de Sarah, mais cette dernière réagit en lui disant :
- Haley James !
" Alors là, ça craint si elle m'appelle comme ça."
- Oui ?
- On va mettre les choses au clair tout de suite toi et moi ! Je ne suis pas malade je suis seulement enceinte ! Fragile je te l'accorde quand je ne me repose pas assez hors, je te rappelle que ces derniers temps je passe plus de temps sur un canapé qu'à me préparer pour le marathon alors tu vas arrêter de me protéger et donc par la même occasion de me mentir pour me protéger
- Tu es fâchée ?
- Fâchée ? Non seulement déçue que tu aies pu penser que je te connaisse si peu pour croire que tu pétais la forme. Je me doutais bien que tu ne pouvais pas t'en remettre comme ça et que forcément il y avait des petits remontants derrière. Ce n'est pas parce que je ne dis rien que je ne vois pas ce qui se passe ! Nous sommes amies depuis sept ans, je te rappelle
- Mais pourquoi tu n'as rien dis alors ?
- Parce que c'était à toi de te sentir assez en confiance et à l'aise pour en parler.
- Je suis désolée, ma fouine.
- Je crois que les excuses, ce n'est pas à moi qu'il va falloir les présenter...
- C'est plutôt mal barré, je pense.
- Ba, tu n'as pas vraiment le choix. C'est un minimum que tu lui dois.
- Je sais...
Phil entra dans la pièce pour leur dire que les serrures étaient changées et en donna une clé, une seule à Haley précisant qu'il en existait seulement un jeu et que par précaution il ne ferait aucun double sauf à sa demande. Haley le remercia d'être venu si vite.

Ils prirent leurs voitures respectives. Phil ramena Sarah chez eux car aujourd'hui, elle devait rester à la maison comme le lui avait demandé Patrick. Haley prit la direction du centre-ville pour ouvrir la boutique à neuf heures. Elle savait qu'elle devrait se rendre au cabinet pour finir la conversation de ce matin mais elle doutait fort d’avoir assez de courage pour affronter de nouveau celui qui ne la considérait plus comme son amie, mais plutôt comme une menteuse.
Patrick vit Haley arriver à la boutique au moment même où il accueillait sa première patiente, une personne âgée qui avait du mal à marcher voilà pourquoi il se trouvait à l'entrée de son cabinet, pour l'aider à y entrer.
Il la vit descendre de sa voiture mais n'y prêta aucune intention, il était beaucoup trop en colère mais fit semblant de rien devant sa patiente. Haley regarda Patrick qui ne lui adressa aucun sourire et elle fut blessée par cette attitude mais savait très bien que le médecin était très en colère.

La matinée parut durer une éternité pour Haley qui n'avait pas eu beaucoup de client aujourd'hui. La plupart était en expédition avec les livres qu'ils avaient achetés la veille, donc aujourd'hui, c'était plutôt calme.
Elle prit donc le temps de se connecter à internet afin de consulter sa boîte mails dans laquelle il n'y avait que des publicités.
Après avoir effectué cette tâche routinière, elle sourit à une cliente qui entra dans la boutique. Cette dernière ne mit pas longtemps à revenir vers Haley un livre de Nora Roberts à la main.
Haley encaissa la dame et la remercia pour son achat, sans oublier de lui souhaiter une bonne journée à Angel's Fist.
L'heure du déjeuner se fit ressentir car son ventre grogna de plus en plus fort. En plus, contrariée par l’altercation qu’elle avait eu ce matin, elle n'avait rien mangé en dehors de l’unique café qu’elle avait bu en compagnie de son amie, alors qu'en temps normal, elle prenait un petit-déjeuner bien copieux.
Elle prit les clés de la boutique pour la fermer et se dirigea vers le restaurant de Stephenie.

Après quelques pas seulement, elle fit demi-tour, prenant la direction du cabinet de Patrick. Elle avait pris son courage à deux mains et ne comptait pas reculer devant ce qu'elle s'apprêtait à faire.
Le dernier patient de Patrick sortit du cabinet avec son enfant. Le médecin ne remarqua même pas que Haley s'avançait vers lui d'un pas décidé et ferma donc la porte du cabinet et retourna à son bureau pour consulter les dossiers des patients avec qui il  avait rendez-vous de cet après-midi.
Son téléphone sonna et il répondit.
Haley entra sans frapper et entendit Patrick qui parlait et se demandait qui était son interlocuteur car elle n'avait vu personne rentrer dans le cabinet ou alors il restait une personne à l'intérieur mais d’habitude Patrick terminait à midi et quart et pas plus tard sauf pour une urgence.
Elle se rapprocha de la porte et vit que celle-ci était à moitié ouverte. En entendant la voix de Patrick elle comprit qu'il était au téléphone car elle n'entendit aucune autre voix.
- Oui, je te promets d'y penser dès que j’aurais un peu de temps. Ça se passe bien les gens sont accueillants, certains décevants, mais on s'accommode à tout.
"Voilà ce que Patrick pense de moi à présent", pensa-t-elle.
- Eh bien, une femme qui a cru qu'elle pourrait être assez attirante pour que je lui saute dessus, un peu pathétique comme attitude mais bon, il paraît qu’elle agit comme ça avec tous les nouveaux !
"Oh Elena".
- J'essaierai mais je ne te promets rien, il y a que moi comme médecin ce n'est pas évident de laisser le cabinet.
Haley se demandait avec qui il conversait.
- Moi aussi je t'aime.
"Oh...."
- Embrasse papa pour moi. Prenez soin de vous. A bientôt.
"Sa mère..."
Haley n'avait jamais pensé que Patrick avait de la famille hormis sa femme. Comprenant qu'il venait de raccrocher, elle frappa à la porte et attendit qu'il lui dise d'entrer.
- Haley ! S’étonna-t-il.
Il l'accueillit plus que froidement, ce qui froissa cette dernière mais elle savait bien à quoi s'attendre en venant ici. Elle aurait pu rebrousser chemin mais n'écouta pas cette petite voix dans sa tête et ouvrit la bouche pour laisser sortir quelques mots
- Je... je suis désolée.
Il leva la tête vers elle et plongea son regard dans le sien attendant vraisemblablement une suite.
Elle le regarda attendant une réponse mais il ne dit rien.
Haley resta debout devant le bureau, lui était assis sur sa chaise de bureau devant les dossiers qu'il était en train de consulter avant qu'elle ne rentre. On aurait pu entendre une mouche voler mais Haley brisa ce silence pesant qui s'était installé. Elle comprenait fort bien à l'attitude de Patrick, que ce ne serait pas tâche facile.
- Vous allez rester comme ça sans rien dire ?, lui demanda-t-elle.
- Non, je pensais qu'il y avait une suite c'est tout.
- Oh... Je ne sais pas quoi vous dire enfin, je ne sais comment...
- Haley, j'ai du travail si vous voulez me dire quelque chose dites-le moi directement ou aller prendre votre repas chez Stephenie.
- Alors ça va être comme ça nos rapports, maintenant ?
- Comment ça ?
- Agressifs, distants, froids...
- Non juste des rapports cordiaux entre gens civilisés dans une ville civilisée.

Haley sentit les larmes lui monter aux yeux mais les refoula elle ne voulait pas paraître faible devant lui car elle savait que de toute façon cela ne changerait rien. Elle comprit pendant cet entretien qu'elle avait blessé le médecin mais n'arrivait pas à définir de quelle façon et en fut plus que frustrée.
- Très bien. Je vais vous laisser. Sachez que j'ai tout raconté à Sarah et Phil ce matin, ils sont donc au courant et ils ne l'ont pas mal pris, eux. Bonne journée.
Patrick réagit après avoir entendu cette phrase.
- Je sais. J'ai eu Phil au téléphone ce matin, il voulait savoir ce qu'il pouvait donner à Sarah pour les nausées. Et il m'a parlé de vous.
- Et ?
- Rien. Il m'a juste expliqué son ressenti et aussi que Sarah ne vous en voulez pas qu'elle sait que vous avez voulu la protéger même si elle est quelque peu déçue, elle comprend fort bien votre attitude.
- Oui, une vraie amie, dit-elle aigrie.
- C'est sûr. Bonne journée Haley.

Il ne voulait pas s'attarder mais elle n'avait pas dit son dernier mot, elle se sentait très mal et voulait crever cet abcès qui la hanterait.
- Bon sang, Patrick. J'ai bien compris que vous m'en vouliez voire même que vous me détestez mais auriez-vous au moins l'honnêteté de me dire pourquoi ? Parce que vous êtes capable de faire des leçons de morale aux autres mais peut-être serait-il intelligent, en retour, de tenir compte pour vous même des conseils que vous donnez !

Il la regarda désarçonné car il ne s'attendait vraiment pas à une réaction de ce genre de sa part. Il se leva de son siège, fit le tour du bureau et vint s'asseoir sur le rebord de son bureau, juste en face de son interlocutrice.
- Il me semble que j'ai déjà été honnête avec vous Haley.
- Oui c'est vrai, vous l'avez été.
- Qu'auriez-vous ressenti si je ne l'avais pas été ?
- Euh... Je l'aurais mal pris je pense.
- Je n'attendais rien de vous en tant qu'amie Haley du moins je veux bien admettre que j'aurais aimé être votre confident. Mais ce qui me blesse le plus, c'est que vous n'aviez pas assez confiance en moi en tant que médecin pour vous confier.

Elle allait ouvrir la bouche mais il continua son récit.
Elle se sentait de plus en plus mal, pas une seule seconde elle n'aurait imaginé provoquer un tel malaise en Patrick.
- Jamais je n'aurais été en parler à Sarah ou Phil ni à qui que ce soit d'autre. Le secret professionnel est quelque chose que je respecte mais plutôt que de respecter mon métier, et je ne parle pas de moi en tant que personne et ami, comme si vous n'aviez pas confiance alors que vous prétendiez être en confiance avec moi, vous avez préféré me mentir et continuer de jouer un jeu plutôt que d'accepter l’aide de quiconque. La fierté est vraiment un très vilain défaut.
- Vous êtes en colère et je vous comprends mais...
- Blessé je dirais, la colère est passée mais pas la déception. Je me suis bercé d'illusions en pensant qu'en dehors de Chad et Phil, j'avais enfin une amie sur qui je pouvais compter et qui pouvait compter sur moi, mais je me suis trompé.
Haley se rapprocha un peu de lui pour qu'il relève la tête. En voyant sa tête attristée, elle ressentit une énorme boule dans l'estomac et cette fois elle ne refoula pas ses larmes qui vinrent remplir ses yeux mais elle ne les laissa cependant pas couler.
- Je vous fais confiance Patrick, croyez-moi mais je suis comme ça, je n'y peux rien, je ne supporte pas qu'on me materne et je n’admets pas mes faiblesses, même face à un médecin. Je sais que je veux paraître forte face aux gens mais, en réalité je souffre car j'ai perdu mon meilleur ami et je n'arrive pas à vivre avec cette absence dans ma vie.
- Haley...
- Laissez-moi finir.
Il ne dit plus un mot et la laissa finir son récit.
- Les autres avaient raison, vous et moi, nous nous sommes rapprochés, nous avons liés des liens d'amitié forts et j'avais peur d'affronter votre regard plus que celui de mes amis de longue date. J'ai diminué la dose de somnifères, je n'en prends qu’un quart et même pas toutes les nuits car il y a des jours où je m'écroule sans demander mon reste mais quand ça cogite trop là-haut, j'en prends un pour me rassurer car je sais que si je m'endors vite, je ne pense à rien d'autre et je ne souffre plus.
- Hier soir...
- Hier soir, je me suis couchée sans en prendre parce que je savais qu'il y avait une personne dans ma maison qui, si elle m'entendait faire un cauchemar ou pleurer, serait venue pour me consoler. Je ne vais pas chez Sarah et Phil parce qu'elle a assez à faire avec sa grossesse.
- Haley, j'étais votre...
- Vous êtes mon médecin, cessez de parler au passé. Je vous promets de ne plus rien vous cacher. La journée, quand je vais travailler, je me sens mieux, il n'y a plus ce poids dans mon cœur et je revis à nouveau. Quand je souris ou que je rigole aux blagues, je ne fais pas semblant, c'est peut-être même les seuls moments où je suis vraiment moi.
- Aujourd'hui, comment vous vous sentez ?
- Je vis, chaque jour, avec ce poids qui se fait de moins en moins lourd. En fait, j'ai peur...
- Peur que si vous ne ressentiez plus de douleur, ça voudrait dire que vous l'oubliez. Sauf que même si vous continuez à vivre votre vie, vous ne l'oublierez pas Haley, il fera toujours partie de vous. J'ai vécu la même chose je vous rappelle, j'ai ressenti la même chose mais croyez-moi, il y aura toujours une partie de vous qui dédiera un geste, une attitude ou autre chose à Jake.
- Vous croyez ?
- Je l'ai vécu Haley. Moi aussi, j'ai cette peur parfois mais vis avec, sans oublier celle qui a fait partie de ma vie pendant des années. Je sais que de là où elle est, elle veille sur moi et voudrait que je refasse ma vie, que j'aille de l'avant comme lorsqu'elle était encore de ce monde.
- Mais c'est pas si facile.
- Rien n'est facile Haley. Mais, pour que ça fonctionne, il faut le vouloir.
- Merci... de m'avoir écoutée.
- J'ai eu peur de me faire taper.

Elle sourit à cette blague comme avant lorsque leur amitié était intacte. Le regard de Patrick s'illumina un instant quand il la vit sourire.
- Je vais vous laisser travailler.
- Votre ventre n'arrête pas de grogner.
- J'ai pas mangé ce matin.
- Désolé.
- Donc... on est toujours fâché ? Lui demanda-t-elle, en le regardant avec sa petite moue de bébé.
- Je ne suis pas fâché.
- C'est vrai vous êtes déçu. Alors, on est toujours amis ?
- Haley, même si je le voulais je ne pourrai pas vous tourner le dos.
- Mais ce matin...
- Ce matin j'étais en colère et déçu je ne comprenais pas pourquoi vous aviez caché... enfin bref, je tiens trop à vous pour vous tourner le dos.

A cette phrase, Haley ne refoula plus les larmes qui roulèrent sur ses joues. Patrick les essuya avec sa main droite et lui sourit.
Elle fit de même. Un énorme poids venait de s'envoler, comme si il n'avait jamais existé, elle avait retrouvé son ami. Ami ? A présent, elle en était plus très sûre.
Sarah et Stephenie avaient-elles raison ? Y aurait-il plus que de l'amitié entre eux ?
Ils n'avaient cessé de se regarder et elle remarqua que sans s'en apercevoir, elle s'était rapproché de lui, mettant une distance entre eux quasi inexistante. Il essuya de nouveau la dernière larme qui coula sur sa joue.
Elle lui attrapa la main et lui sourit. Il lui sourit à nouveau et rapprocha doucement son visage vers elle. Voyant qu'elle ne reculait pas, il continua mais s'arrêta et lui posa un regard interrogateur. Elle lui avait déjà mis un coup de poing pour l'avoir embrassée. Une fois mais pas deux. Mais Haley, répondit à ce regard plein de questions par un mouvement de tête qui fit poser ses lèvres sur celles de Patrick.
Il la serra contre lui et elle accepta sans broncher cette étreinte.
Un frisson la parcourut.
Plus rien n'existait autour d'eux.
Ils étaient seuls au monde...



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire