dimanche 8 janvier 2012

Chapitre 15 : Nouvelle Victime

La première vague de touristes était arrivée, la veille, à Angel's Fist. Tous les commerçants de la ville étaient littéralement débordés ; ce serait fatiguant certes, mais pour eux, voir leur petite ville accueillir tous ces gens, était un réel bonheur qui les sortait de leur train-train quotidien.

Phil était arrivé en ville de bonne heure car Sarah avait son rendez-vous avec Patrick pour sa première écographie. Il y a un mois, ni l’un ni l’autre n’aurait imaginé qu’on leur annoncerait qu'ils seraient de futurs parents quelques mois plus tard et aujourd'hui encore, bien que ce fût le début du quatrième mois de grossesse, ils ne le réalisaient pas encore.

Il se gara devant sa boutique. La semaine précédente, il avait embauché le fils de Chad et Judith pour avoir un second pendant la haute saison de façon à ne pas être débordé et d'être disponible pour Sarah comme aujourd’hui mais aussi pour satisfaire sa nouvelle future clientèle saisonnière et de ce fait, le commerce tournait alors qu’il était absent. Chaque année, c’était le même rituel donc il savait qu'il pouvait avoir confiance en Nicolas, celui-ci connaissait le magasin par cœur et était un très bon vendeur.

Ils descendirent de la voiture puis marchèrent en direction du cabinet médical. Haley sortit de la boutique pour leur faire un petit coucou et leur demander de la tenir au courant. Sarah lui dit qu'elle passerait juste après et que ce n'était pas la peine de discuter. Ils arrivèrent au cabinet médical et entrèrent. Il y avait trois personnes qui patientaient dans la salle d'attente.

- Patrick commence à avoir du succès on dirait, commenta Phil quand il aperçut les personnes présentes.
- Oui, on dirait. De toute façon nous sommes en avance de trente minutes parce que papi avait peur que la route soit bondée de monde, dit-elle en se moquant de son tendre époux.
- Madame est très taquine, ce matin, j'ai l'impression. Allez viens t'asseoir là au lieu de te moquer de moi.
- Oui papa.

Ils s'assirent  juste à côté de la porte du bureau de Patrick. Ce dernier en sortit et raccompagna son patient avant d’appeler le suivant. Il sourit à Phil et Sarah quand il les vit et rentra dans son bureau pour ne pas faire attendre son nouveau patient.

- Tu lui as souri. Miracle. Ça te réussit d'être enceinte, chuchota Phil à l'oreille de sa femme.
- Ah ah ! J'ai promis à Haley de faire des efforts et ma foi, il est pas si désagréable que ça. Je commence à l'apprécier.
- C'est très gentil à toi mais, faut pas non plus que tu te sentes obligée.
- Oh crois-moi je ne me force pas. La soirée d'hier soir m'a aidé à le voir d'un autre œil mais surtout la façon dont il s'occupe d'Haley, pour qu'elle retrouve le sourire. J’apprécie énormément le fait qu’il la soigne mais surtout qu’il lui offre son amitié.
- Oui, moi aussi. Je dois dire qu'il a l'air très attaché à elle.
- Hum c'est pas comme si je ne le disais depuis le départ.
- Madame avait tout vu dans sa boule de cristal. Tu entends ca, petit bébé, maman est devin.
- Moqueur. N'empêche que j'avais raison de puis le départ. Et les mystères concernant son passé n’existent plus et c'est pas plus mal.
- Oui mais n'oublie pas qu'on n'est pas censé le savoir.
- Je ne vais pas le crier sur tous les toits. Chacun son histoire et ça ne regarde personne.

Le dernier patient sortit du bureau et ce fut au tour de Sarah d'y entrer. Patrick avait fini sa décoration la semaine précédente, mais n'étant pas revenue depuis sa dernière consultation le mois précédent, elle fut surprise de découvrir ce petit coin de paradis très douillet et chaleureux.

- Patrick, vous avez un goût certain pour la décoration.
- Merci beaucoup Sarah.

Il y avait une dominante de tons clairs car n'ayant qu'une seule fenêtre dans cette pièce, il avait fait en sorte que ce soit le plus lumineux possible. Cependant la clarté ne jouait pas un rôle fondamental dans cette décoration, c'était plus la couleur différente dont il avait peint chaque mur, tous d'un ton différent pour différencier chaque partie de la pièce. Des couleurs chaudes et très accueillantes et extrêmement apaisantes. Sarah se sentit beaucoup plus à l'aise que lors de sa visite précédente.

- Dites-moi comment vous vous sentez depuis votre dernière consultation...
- Eh bien, j'ai un appétit d'ogre, je marche régulièrement pour ne pas provoquer d'œdème à mes jambes, toutefois, je me repose un maximum pour ne pas me faire gronder par mes deux anges gardiens...
- Elle est très drôle aujourd'hui, fit Phil à Patrick.
- Ba, je suis de bonne humeur c'est tout.

Patrick sourit à cette réponse.         

- Quand vous dîtes que vous mangez beaucoup... Quelle en est la quantité ?
- Euh... Ba si j'avais une vache devant moi, je la mangerais sans en laisser un seul morceau, répondit-elle presque honteuse.
- D'accord...
- Quoi ?
- Que vous ayez de l'appétit, c'est bien mais trop ce n’est pas recommandé. Heureusement que les vaches sont loin, dit-il en rigolant suivit de Phil. Montez sur la balance que je vois si vous avez pris beaucoup de poids par rapport à la dernière fois.

Sarah s’exécuta sans sourciller ni objecter.

- Vous avez pris deux kilos en un mois.
- C'est pas bien ?
- Si, c'est très bien mais il ne faut pas trop prendre dès les premiers mois mais si vous manger autant, je ne comprends pas que vous ne preniez pas de poids.
- Oh...
- Ne vous inquiétez pas ! Comme je vous l'ai déjà dit : je veille sur vous. On va faire les examens d’usage et on avisera. Allongez-vous sur la table.

Sarah ôta son tee-shirt pour se retrouver en soutien-gorge et s'allongea sur la table d'auscultation.  Patrick lui mit un gel transparent et froid sur le ventre, elle ne put réprimer un frisson. Phil se mit juste à côté d'elle pour partager ce magnifique moment. Bien sûr, il ne le montra pas à sa femme mais il était très inquiet. Il attendait, avec angoisse, les conclusions de Patrick.

- Vous êtes prêts ?, demanda le médecin.
- Allez-y, répondit Sarah.

Il commença à passer la sonde sur le bas du ventre puis remonta un peu plus haut avant de la passer de gauche à droite. Il s'arrêta sur la partie droite du ventre et zooma l’air perplexe.

Sarah et Phil se regardèrent sans comprendre ce qu'il se passait ni oser poser de questions.

- Voilà qui explique beaucoup de choses, dit-il avec un sourire rassurant.

Il tourna le moniteur vers ses deux amis qui scrutèrent l'écran sans ne rien apercevoir hormis un tout petit haricot qui flottait dans ce liquide transparent, jusqu'à ce qu’ils aperçoivent enfin ce dont Patrick parlait.

- Eh oui, d’une pierre deux coups, mes chers amis.
- Des jumeaux..., souffla Sarah.

Phil en était si bouleversé qu'il ne trouva de mots mais les larmes qui roulèrent sur ses joues était bien suffisantes pour exprimer sa joie.

- C'est pour cela que j'ai autant faim et que je ne grossis pas beaucoup pour le moment. C'est eux qui récupèrent tout ce que j'avale.
- Oui, en partie car vous en gardez un peu pour vous quand même mais il est vrai qu’une grossesse multiple augmente le besoin de nourriture.
- Comment ne l’avez-vous pas vu lors de l'échographie qui a permis de découvrir la grossesse de Sarah ? Demanda Phil.
- Eh bien, si le fœtus avait été visible je l’aurais mentionné de suite or, lors de cet examen, je n'ai vu qu'un seul fœtus pas deux. Mais ils se sont développés en même temps car ils mesurent tous deux la même taille.
- Est-ce qu'on peut savoir le sexe de suite ou il faut attendre ?, demanda Sarah.
- Je préférais attendre le cinquième mois afin d'être sûr à deux cent pour cent car la technologie actuelle est peut-être très avancée, elle en est pas pour autant totalement fiable. Dans un mois, ils seront un peu plus formés et  beaucoup plus facile à voir donc plus fiable.
- Des jumeaux... Je n'arrive pas à le croire ! Quand je vais dire ça à Haley, elle ne va pas me croire. Marraine en deux fois d'un seul coup la pauvre ne va plus savoir où donner de la tête.
- Elle sera très heureuse pour vous.

Sarah remit son tee-shirt après avoir essuyé le restant de gel qui se trouvait sur son ventre.

- En dehors de votre énorme envie de manger vous êtes en grande forme mais...
- ... je dois rester un maximum chez moi.
- C'est que c'est une très bonne élève, dit-il pour la taquiner.
- Je commence à connaître la chanson surtout.
- Voilà ce que je vous propose. Je ne veux pas que vous vous sentiez prisonnière parce que vous êtes enceinte, cependant dès le départ, votre grossesse était qualifiée à risque maintenant que nous savons que vous portez deux bébés, je vais être encore plus vigilent.
- Oui, docteur.

- Je sais que vous ne supportez pas de rester à rien faire. Donc je vous propose une chose et je compte sur vous pour être sérieuse.
- Laquelle ? Demanda-t-elle prête à lui sauter au cou tellement elle était heureuse.
- Le lundi matin et le jeudi après-midi, vous pouvez aller aider Haley à la boutique pendant quatre heures mais seulement ces deux jours.
- Aucun souci.
- Vous venez de faire une heureuse.
- Oui, on dirait que c'est Noël avant l'heure pour elle.

Ils se saluèrent.

Après être sortis du cabinet, Sarah et Phil se rendirent à la boutique pour annoncer ces bonnes nouvelles à leur amie.


Haley avait eu beaucoup de monde ce matin ; notamment des demandes de cartes touristiques de la région qu'elle proposait à la boutique mais aussi pour les livres détaillants les endroits les plus intéressants à visiter et les points photos afin de créer un maximum de souvenir sur papier glacé.

Elle n'avait pas eu une minute à elle et profitait de ce petit moment de répit pour souffler un peu et se boire une tasse de café. En se levant ce matin, elle avait eu le réflexe de passer chez Stephenie prendre une thermos de café.

Ses amis arrivèrent au même instant à la boutique, la faisant bondir de sa chaise tellement elle était pressée de connaître le résultat de l'échographie. Voyant les visages enjoués de ses meilleurs amis elle se doutait bien qu'une bonne nouvelle était à l'origine de cela mais elle voulait les entendre dire.

- Alors ?, demanda-t-elle impatiente.
- Euh... Ça te dit d'être la marraine deux fois d’un coup ? Proposa Sarah avec un grand sourire qui failli lui fendre le visage en deux.
- Quoi ?, demanda Haley un peu déboussolé.

Phil lui expliqua tout sans oublier les détails sans oublier le fait qu'elle mangeait beaucoup et comment Patrick était passé à côté de cette nouvelle la première fois.
Haley en avait les larmes aux yeux tellement elle était heureuse pour ses amis.

- Oui.

Sarah et Phil ne comprirent pas de suite puis réalisèrent qu'elle répondait à la question qu’ils avaient posée, quelques minutes auparavant.

- Super. Ils vont avoir une super marraine.
- Vous avez une idée pour le parrain ?
- On y a pas encore pensé.
- Vous avez encore le temps. Et on sait si ce sont ils, elles ou un de chaque?
- Non Patrick préfère attendre le cinquième mois pour être sûr à cent pour cent.
- C'est pas plus mal.
- J'ai une autre nouvelle à t’annoncer.

Haley la fixa très surprise, elle pensait avoir déjà eu son quota de nouvelles mais elle attendit que son amie poursuive.

- Patrick m'a proposé quelque chose que je n'ai pas refusé et de ton côté, tu n'as pas le choix na !
- Euh là j'ai peur, fit Haley taquine.
- Tu devras me supporter le lundi matin et le jeudi après-midi à la boutique tant uqe ma santé me le permet.
- Sérieux ?
- Tu veux pas ?
- Tu plaisantes ?! Ça va être super on pourra encore plus se voir et être ensemble comme avant c'est plus que ce que je voulais. On n’est pas le 25 décembre, pourtant !
- Elle a dit la même chose à Patrick, intervint Phil.

Ils discutèrent ensemble entre deux clients. Etant en fin de la matinée, Sarah n'ayant pas travaillé avec son amie, elle avait décidé de venir l'après-midi pendant deux petites heures pour marquer le coup.

Il était l'heure de déjeuner et ils allèrent tous les trois au café pour manger un morceau. Phil passa d'abord à la boutique voir si tout se passait bien et voyant que Nicolas gérait très bien la situation. Il le prévint qu’il viendrait le relever dès la fin de son repas. Nicolas acquiesça et se remit au travail.



Il n’était pas loin de midi trente quand ils arrivèrent tous les trois au café. L'ambiance était comme à son habitude, conviviale. Chacun discutait de choses et d’autres mais Haley remarqua quelque chose de bizarre : Stephenie n'était pas au comptoir.

- Virginie ! Où est Stephenie ?
- Derrière, à la cuisine.

Haley se dirigea alors vers l'arrière du restaurant et s'arrêta net en voyant Stephenie dont le visage était atrocement brûlé. Cette dernière remarque tout de suite le malaise de son amie et se dirigea vers elle. Haley prit une expression neutre pour ne pas froisser son amie.

- Ne fais pas cette tête-là. Quoique, je fais peur à voir, je sais.
- Mais co....
- Je me suis fait agressé.
- Quand ?
- La nuit dernière.
- Où ça ? Qu'est-ce qui s'est... Faut que tu vois Patrick !
- C'est déjà fait et j'ai vu Chad aussi je les ai appelé ce matin ils sont venus à l'aube avant de prendre leur travail.
- Tu as mal ?
- Non pas avec les médicaments que m'a donnés ce cher Docteur.
- Bon, c'est déjà ça.

- Oui. C'est arrivé samedi soir après votre départ quand je sortais les poubelles. Je n'ai pas compris ce qui m'arrivait ni reconnu l'agresseur mais je me suis défendu car il ou elle n'a pu finir sa sale besogne.
- Mon dieu !
- Tu comprends mieux pour quoi je reste cachée derrière, dans ma cuisine.
- Tu m'étonnes. Tu veux dormir à la maison ce soir ?
- C'est gentil, mais Judith m'a déjà proposé et j'ai accepté.
- C'est bien. Faut pas que tu restes seule. Qui plus est, tu dois avoir des soins à faire. Mais avec quoi...
- Avec quoi on m'a fait ça ?
- Oui.
- De l'acide, mais pas assez concentré pour m'abîmer tous les tissus.

Phil et Sarah entrèrent au même moment et hoquetèrent de surprise. Stephenie commença à leur expliquer mais ils venaient de parler avec Chad qui était arrivé peu de temps après eux dans le restaurant, par conséquent, ils étaient déjà au courant. Tous les quatre pensèrent de suite au meurtrier de Jake.

Stephenie avait la partie droite de son visage brûlée mais pas assez pour qu'elle soit hospitalisée ou qu'elle ait besoin de faire de la chirurgie plastique mais bien assez pour que l'on remarque que sa peau était boursoufflé et très à vif.

Elle devait souffrir mais ne le montrait pas en tout cas, son angoisse se lisait sur son visage.



Ils retournèrent dans la salle principale du restaurant et s'assirent à une table pour ensuite passer commande. Ils étaient encore sous le choc quand Chad et Patrick vinrent à leur rencontre.

Patrick avait fourni son historique d'ordinateur que lui avait demandé Chad la veille. Cela l'innocentait pour la nuit du meurtre de Jake Handson. Ce qui lui faisait un soucis de moins.

- On peut se joindre à vous ?, demanda Chad à ses amis.
- Oui bien sûr shérif., répondit Haley.
- Shérif ?
- Ba oui, tu ne viens pas te joindre à nous en tant qu'amis, n'est-ce pas ? Mais pour nous interroger sur la nuit du meurtre de Jake et aussi pour savoir ce que nous avons fait hier après être rentrés de la soirée.
- C'est malheureusement exact. Mais ce n'est que la routine, je suis obligé de le faire.
- Je sais mais c'est juste que...
- Tu es sous le choc parce que tu viens de voir Stephenie...
- On est tous sous le choc. La pauvre !, dit Sarah.
- Croyez-moi, je n'ai pas l'intention d'en rester là. Je compte bien trouver qui a fait cela mais le souci c'est qu'il faut rester le plus discret possible avec les touristes pour ne pas les faire paniquer.
- Oui, vaut mieux ne pas trop ébruiter cette nouvelle agression, confirma Patrick.
- Haley, que faisais-tu la nuit où Jake a été tué ?
- Je dormais dans mon lit chez moi. J'ai dû me coucher vers deux heures trente du matin après avoir travaillé un peu sur la réception de mes livres et les commandes que je devais faire. Si tu veux, je peux te fournir le fichier informatique puisque tout est enregistré avec les heures auxquelles j'ai enregistré les livres et commandés aussi.
- Oui je veux bien ce serait gentil. Patrick l'a déjà fait. Et en ce qui concerne la fin de soirée de samedi soir, il a un alibi en béton.
- Comment ça ?, demanda Phil curieux.
- Quand je suis rentré chez moi, au cabinet, Elena m'attendait devant la porte en impair, vraisemblablement nue en dessous. J'ai dû mettre à peu près trente minutes pour lui faire retrouver ses esprits et ensuite avant de me coucher, je suis allé travailler sur mon pc et j'ai envoyé un mail à mon ami de New York pour savoir s’il avait d'autres informations sur les analyses de sang.
- Elena a craqué sur vous, on dirait. Déjà au dîner elle avait du mal à se tenir ! Fit remarquer Haley sur un ton neutre.

Patrick la regarda gêné mais ne répondit pas.

- Elle est comme ça avec presque tous les petits nouveaux, critiqua Sarah.
- Oui elle m’a expliqué un peu son histoire.
- Bref, on connaît très bien le numéro d'Elena mais elle n'est pas franchement méchante. Et samedi soir, après le dîner, qu'as-tu fait Haley ?
- Phil et Sarah m'ont raccompagnée chez moi. Je me suis couchée tout de suite.
- D'accord. Merci Haley. Phil, Sarah, je me dois aussi de vous le demander, leur expliqua Chad, gêné par ce côté-là de son métier.
- La nuit du meurtre nous dormions dans notre lit et hier soir après avoir raccompagné Haley, nous sommes rentrés directement. Avant de nous coucher, nous avons consulté notre répondeur car la mère de Phil nous avait laissé un message pour prendre de nos nouvelles.
- Merci. Je suis désolé de me montrer indiscret mais je ne fais que mon travail.
- Chad, c'est délicat pour nous aussi mais on sait très bien que ce n'est pas contre nous.
- Merci de comprendre. C'est juste que nous n'avons pas l'habitude de traiter ce genre d'affaire par ici.
- Ca, c'est peu dire, confirma Phil.
- Juste une dernière question. Avez-vous remarqué une attitude bizarre chez Jake quelques jours avant sa mort ? Du stress, de la panique ou autre ?!
- Il était blessé de la réaction de Patrick par rapport à la petite enquête mais rien d'autre pour moi, répondit Haley.
- Rien non plus. Son humeur était la même qu'à son habitude. Juste contrarié par ce que vient d'évoquer Haley mais c'est tout.
- Merci. Bon on va arrêter là et profiter de notre pause pour souffler un peu.
Ils avaient passés commande durant leur discussion. Leurs plats arrivèrent pile au moment où Chad avait terminé ses questions, ce qui évita à la serveuse de les perturber.

Ils parlèrent à présent de l'agression de Stephenie. Chad ne savait quoi penser car si il s'agissait de la même personne, il ne comprenait pas pourquoi cette dernière, s'en prit à Stephenie et surtout, pourquoi ce soir-là ?

Patrick les rassura en leur confirmant que Stephenie guérira vite mais qu’émotionnellement, il lui faudra du temps pour s'en remettre même si elle ne montrera jamais sa vulnérabilité. Il leur expliqua qu'il avait procédé à un petit échantillon de peau afin de l'analyser pour établir si il s'agissait bien de la même référence d'acide mais que pour lui, le fait que ce produit qui avait brûlé le visage de leur amie, soit dilué, explique que l'agresseur voulait seulement faire peur à Stephenie mais il est fort possible que dans l'élan dû à une poussée d'adrénaline, il ou elle ne se soit contrôler et que ce soit aller plus loin que ce que cette personne ne l’avait prévu au départ. Et devant la résistance de Stephenie, ce criminel se soit senti décontenancé et s’est donc sauvé sans demander son reste.
- Par contre, c'est une personne très minutieuse car, encore une fois, aucune empreinte n'a été retrouvée. Soit la personne porte des gants, soit elle ne possède aucune empreinte digitale, expliqua Patrick.
- Comment ça aucune empreinte digitale ? Demanda Haley confuse par cette nouvelle donnée.
- Eh bien, il n'est pas impossible que cette personne ait elle-même été victime de ce genre de produit et que sa façon d'agir ne soit qu'une sorte de vengeance pour soulager ce traumatisme.
- Et voir un psy c'est trop demandé peut-être, plutôt que de tuer ou d'agresser des gens innocents ?!, demanda Haley.
- Eh bien, si jamais ma théorie est la bonne, je pense que cette personne a préférée se renfermer sur elle-même plutôt que d'affronter son problème.
- Mais comment expliquer le fait de tuer des gens ?, demanda Sarah.
- Eh bien, étant mentalement instable, du moins en partie, je pense qu'il ne faut pas grand-chose pour provoquer cet état d'agressivité incontrôlé.
- Comme un volcan prêt à exploser, constata Phil.
- Tout à fait. La moindre contrariété peut être fatale.
- D'accord. Donc faut prendre des pincettes avec toutes les personnes auxquelles on parle...
- Surtout pas. Nous devons rester nous-même.
- Vous avez des suspects ou pas ?, demanda Sarah à Chad.
- Je suis en train d'établir une liste mais, même une fois cette dernière établie, je ne peux pas vous la communiquer car les potentiels suspects pourraient remarquer un changement d’attitude de votre part et en devenir beaucoup plus prudent donc plus difficile à démasquer. La moindre petite erreur peut nous être très utile.
- Mais rester soi-même, en sachant qu'un psychopathe traine en ville, n'est pas des plus évident.
- Je sais bien, mais nous n'avons pas le choix, répondit Chad à Haley.

Ils finirent leur repas en silence, chacun méditant sur cette conversation qui était pour du moins stressante. Mais la sécurité des habitants mais aussi des touristes étaient des plus importantes donc il ne fallait pas faire de faux pas mais laisser le coupable se vendre tout seul sans qu'il s'en rende compte de façon à pouvoir le piéger.


Il était presque treize heures quinze quand James entra dans le restaurant, seul. Sa femme, Sophia, avait préféré déjeuner au bord du lac pour se reposer un peu et profiter de la nature ainsi que du calme qu'il régnait au bord de cette étendue d'eau calme.
                                                   
Tout de suite, il se dirigea vers  le comptoir pour commander un plat du jour accompagné d'un grand café. Le type même d'un New yorkais, ne sort jamais sans son café. Après avoir passé sa commande, il remarqua de immédiatement que Patrick se trouvait à une table dans le fond en compagnie de la fille qui était venu en consultation la première fois qu'il était venu saluer son vieil ami.

Bien entendu, il ne comptait pas rester adossé au comptoir et à le contempler de loin sans réagir. Il prit le chemin de la table du docteur avec un sourire qui en disait long sur ses intentions malveillantes.

Patrick étant installé dos au comptoir, il ne le vit pas arriver, contrairement à Haley qui lui faisait face. Son sourire disparut à la seconde même où elle le vit. Elle n'appréciait guère cet homme ; pas à cause de sa première rencontre avec lui ni même de ce que Patrick lui avait expliqué même si bien sûr ça avait conforté son opinion, mais parce qu'elle sentait quelque chose de pas net chez lui, une impression qu'elle ne pouvait pas expliquer.
Voyant le sourire de son amie s'effacer, Patrick se retourna et quand il vit James, il regarda de nouveau ses amis  mais surtout Chad qui comprit de suite de qui il s'agissait.

- Bonjour.
- Qu'est-ce que tu veux ?, demanda Patrick sur un ton irrité.

Phil et Sarah regardèrent Haley et voyant la réaction de cette dernière, comprirent qu'il s'agissait de la personne dont elle leurs avait parlée et ils prirent un air distant...

- Eh bien quel accueil ! Devant tes amis qui plus est. Tu devrais te montrer un peu plus respectueux et sociable.
- Oh excuse-moi James. Que désires-tu ? Comment vas-tu ?
- Je vois que tu as toujours le sens de l'humour !
- Toujours quand il s'agit d'une personne qui ne fait pas partie de mon top dix des personne les plus fréquentables.
- Hum c'est de moi que tu parles ?! Surprenant pour quelqu'un qui n'est pas très...
- On se fiche de qui est quoi, intervint Haley. On aimerait finir notre déjeuner tranquillement alors à moins que le restaurant ce soit transformer en un ring ou une cours de récréation, je vous prie de retourner au comptoir prendre votre commande et de nous laisser tranquilles.
- Elle a du caractère ! Ça ne m'étonne pas, te connaissant... répondit-il, sans qu’Haley ne comprenne vraiment le sens de la phrase.

Chad n'intervint pas une seule fois pourtant ce n'était pas l'envie qui lui en manquait mais c'était sans compter sur l'aide de James qui le remarqua de suite après l'intervention de Haley.

- Monsieur Scott. Shérif de Angel's Fist ! Eh bien ,ça doit vous changer de New York !

Chad se sentait tout gêné mais ne le montra pas afin de pouvoir déstabiliser son interlocuteur.

- Oui en effet, ça change beaucoup. Mais vous savez, ça fait des années que je travaille et vis dans cette petite ville. Mon passage à New York n'était que professionnel mais aussi personnel car j'y ai passé un peu de mes vacances.

Le naturel avec lequel il expliqua ce détail, étonna Patrick mais fut bien content de voir que son "ennemi" était désarçonné face à cette explication. A un tel point, qu'il ne trouva aucun mot à répliquer, du moins, pour le moment.

- Bien. Je vais chercher ma commande. Elle doit être prête. Bonne après-midi à vous. Patrick on n’aura encore l’occasion de se revoir, étant donné que je suis ici en vacances.

Il leur tourna le dos et se dirigea vers le comptoir où il prit sa commande et sorti après avoir régler l'hôtesse.


Phil et Sarah regardèrent Haley qui n'était pas au courant de ce détail non plus. Ils se mirent tous trois à regarder tour à tour Chad et Patrick, attendant une explication.

Chad prit alors la parole pour tout leur expliquer. Il commença par expliquer ce dont Haley était au courant suite aux explications de Patrick puis, il passa au moment où il fut appelé par l'avocate de Patrick qui était en fait, une très vieille amie de Chad. Il avait passé la majeure partie de son enfance avec elle, avant d'être séparés, pour suivre des cursus universitaires différents ; mais ne s'étaient jamais réellement perdus de vue.

- Mon amie sachant que je venais passer des vacances à New York, chez mes parents, elle en a profité pour me contacter et me demander si je ne pouvais pas l'aider à résoudre une affaire afin qu'elle puisse prouver l’innocence de son client.

Il désigna Patrick du regard.

- Mais Judith où était-elle ?, demanda Haley.
- Ca s’est passé au moment où sa mère était malade et qu'elle avait préféré rester avec elle.
- Ah oui, je m’en souviens, intervint Sarah. Donc tu as aidé ton amie, si je comprends bien ?
- Oui j'ai accepté et mené ma propre enquête. James me connaît car il était amoureux de la femme de Patrick et c'est lui qui l'a accusé du meurtre de celle-ci. Or, en faisant mon enquête, petit à petit, j’ai découvert plusieurs indices prouvant qu'il était innocent mais j’ai préféré attendre d'avoir un maximum de preuves, avant d’en parler à mon amie. James, lui, me mettait des bâtons les roues. Mais au bout de deux semaines, j'avais un dossier en béton que j’ai remis à son avocate.
- Donc ?
- Eh bien en fait, Chad avait découvert que James avait provoqué l'accident sur la table d'opération. Il avait, par erreur, mal dosé la solution anesthésique, ce qui, en réalité a provoqué la paralysie respiratoire de ma femme. Il fut reconnu coupable au second degré car ce n'était pas volontaire ; mais de mauvaise foi il ne voulait pas admettre son erreur et donc m'a fait accusé.
- Vous connaissiez les sentiments qu'il éprouvait pour votre femme ?
- Non je l'ai appris qu’une fois qu’une fois que le verdict est tombé. Il n'avait pas supporté qu'elle le repousse mais pas au point de la tuer. Le pire, c’est qu’il me tient responsable du fait qu'elle n'ait jamais voulu de lui.
- Il a été condamné ?
- Eh bien, étant donné que ce fut considéré comme un acte sans préméditation, il fut viré du corps médical et a dû payer des indemnités à ma belle-famille. Voilà, vous savez pourquoi je ne voulais pas que Jake fouille dans mon passé.
- Oui, je comprends mieux.

Ils ne le jugèrent pas un instant bien au contraire, ils avaient apprécié son honnêteté. Ce sujet était encore douloureux pour Patrick car cela s'était passé il y a un an donc c'était encore trop récent mais il se sentait beaucoup mieux de l'avoir dit à ses amis.

Haley comprenait mieux à présent pourquoi il se tenait toujours là, avec ses conseils sur la façon d’affronter la mort d'un être cher et se trouva gênée en repensant à l’attitude qu’elle avait eue après la mort de son meilleur ami.

- Je vous dois des excuses.
- Comment ça ?
- Pour mon attitude envers vous après la mort de Jake.
- Haley, vous ne saviez rien de mon passé donc vous ne pouviez comprendre pourquoi j'étais si prévenant avec vous.
- Oui mais l'autre fois quand vous m'avez expliqué, j'aurais dû...
- ... rien du tout. Mon récit n'était pas détaillé vous n’aviez pas tous les éléments en mains.
- En tout cas, je comprends mieux. Et je suis désolée pour votre femme.
- Moi aussi.
- Comment vous avez réussi à vivre avec cette douleur ?
- En l'affrontant tous les jours. Haley, cette sensation de vide en vous, ne disparaîtra jamais, elle sera toujours là en vous mais vivre au quotidien comme si l'être qui vous manque fait toujours partie de ce monde est plus facile et supportable. Il faut vivre pour eux, pour que de là où ils sont, ils nous sourient et veillent sur nous.
- Merci.
- Je vous en prie.
- Je retourne au cabinet. Je vous raccompagne à la boutique ?
- D'accord.

Ils marchèrent tous les deux l'un à côté de l'autre tout en discutant. Haley voulait en savoir plus sur la façon dont il avait vécu ce drame il y a un an et Patrick fut très ouvert et lui détailla tout sans rien oublier.


Arrivés à la boutique, ils s'arrêtèrent pour finirent leur conversation.

- Je comprends mieux votre empathie à propos de certains sujets.
- Vous savez, au bout d'un moment, on s'endurcit pour beaucoup de choses.
- D'où votre courage pour résister à Elena..., conclu-t-elle en souriant.
- Rien à voir.
- Comment ça ? Demanda-t-elle surprise.
- Comme je lui ai dit, je ne suis pas le genre d'homme à passer la nuit avec une femme et à faire comme si de rien n'était le lendemain. J'ai besoin de sentiments. Quand j'ai connu ma femme, avant notre premier baiser, on a attendu trois mois car, avant tout, nous avons appris à nous connaître. Les relations purement physiques ne m'intéressent pas, il me faut beaucoup plus que cela.
- Un vrai romantique.
- Ca vous étonne ?
- C'est qu'on en voit plus tellement de nos jours.
- Eh bien, il faut croire que je suis resté « vieille France ». N’oubliez que j'ai dix ans de plus que vous Haley.
- C'est vrai. Faites-moi penser à vous offrir une canne pour Noël.

Il sourit suite à sa plaisanterie. Il aimait l'entendre parler ainsi car comme ça elle ne pensait pas à la douleur qui la rongeait ni à cette tristesse qui risquait de l'envahir à chaque instant.

- Quoi ?, lui demanda-t-elle face à sa réaction.
- Rien. C'est que c'est agréable de vous voir plaisanter et sourire.

Haley sourit de nouveau, touchée par ce compliment. Une complicité certaine était née entre eux depuis deux semaines mais elle se renforçait de jour en jour. Il y avait une attirance entre eux mais auront-ils le courage de se l'avouer ?

- Bien je vais y aller avant que mes patients ne s'agglutinent devant le cabinet.
- Et moi, il faut que je sois là pour accueillir Sarah.
- Pas plus de trois heures cet après-midi je compte sur vous !
- Oui chef, aucun souci. Vous pouvez compter sur moi.
- Je n'en doute pas.
- Bonne après-midi Patrick.
- A vous aussi Haley. A plus tard.

Il s'éloigna doucement d'elle prenant la direction du cabinet qui se trouvait à peine à cent mètres.


Haley ouvrit la boutique et avant d'y entrer se retourna et sourit à Patrick qui la regarda également avant de rentrer accueillir ses patients.

Sarah arriva au même moment.

- Hum, non pas d'attirance du tout.
- Tiens, voilà la fouine.
- Très drôle, Madame Patrick Rice.
- Roooooooo mince quelle sotte.
- Quoi ? Demanda Sarah qui commençait à s'affoler.
- Il faut que j'aille à la mairie pour changer mon nom.
- Ah ah, très drôle. Pfff...
- Allez la fouine, au boulot. T'es pas trop rouillée ?
- On va vite le savoir.

Le premier client de l'après-midi entra dans la boutique suivit de plusieurs personnes et la boutique était bondée, tous désiraient des livres différents.

C’est alors une femme entra dans la boutique et se figea devant Haley qui se trouvait derrière la caisse.

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