dimanche 8 janvier 2012

Chapitre 14 : Avances

Patrick avança doucement vers le seuil de l’immeuble abritant son cabinet quand il vit que l'ombre appartenait à une femme : Elena. Elle se tenait debout sur le bas de la porte à attendre l’occupant des lieux, dans le but manifeste de pouvoir l'accueillir comme elle savait si bien le faire. Son attitude était manifestement différente de celle qu’elle affichait au dîner, sa tenue avait changé, Patrick, de loin, cherchait à deviner la raison de cette visite tardive… et pressa la pas, ravi de pouvoir rentrer chez lui, lorsqu’il constata qu'elle portait un imper et sûrement – même s’il espérait le contraire - rien en dessous. Il trouvait cela carrément grotesque, qui plus est, elle se dandinait d'une façon très peu subtile voire vulgaire, ce qui ne la mettait pas du tout à son avantage elle qui, aux premiers abords, pouvait paraître si douce et gentille ; comme quoi, le proverbe se confirmait, il ne faut jamais se fier aux apparences.

Ils se trouvèrent nez à nez. Elena essaya de se rapprocher de Patrick mais celui-ci recula d'un pas, elle fut surprise de sa réaction et ne la comprenait pas. A vrai dire, elle n'avait pas pour habitude qu'un homme la repousse ni même qu'elle doive faire le premier pas. Habituellement, c’était eux qui se jetaient à ses pieds mais avec notre cher Docteur, elle n'était pas au bout de ses peines.

- Il y a un problème ? Demanda-t-elle, confuse.
- Non. Seulement j'aimerai pouvoir rentrer chez moi et me coucher et vous êtes juste devant ma porte d'entrée.
- Oh excusez-moi. Minauda-t-elle.

Elle fit à peine un pas de côté, dans le but évident qu'il la frôle lors de son passage mais c'était sans compter sur Patrick qui fit de même ! Il lui tourna le dos, faisant face à la porte, de sorte à insérer la clé dans la serrure. Elena fut surprise de cette manœuvre et le lui montra.

La porte était désormais ouverte. Elle fit immédiatement un pas en avant, dans la direction de l'entrée du cabinet où se tenait Patrick. Celui-ci se mit dans l’encadrement de la porte, lui faisant comprendre qu'elle n'était pas ma bienvenue.

- Vous ne m'invitez pas ? L'interrogea-t-elle, un peu agressive.
- Je viens de vous le dire, je souhaiterais me coucher. J’ai besoin de calme.
- Oh, mais ce n'est pas un problème, je peux être très silencieuse, par moments.

 Elle le regardait comme si elle allait le dévorer. Mais il ne se laissa pas distraire pour autant. Si ça avait été dans une autre ville, à une autre époque peut-être que... Mais à ce moment même et en toute objectivité depuis le début, il n'avait guère aimé son attitude arrogante, manipulatrice et aguicheuse.

- Il y a  quelque chose que vous ne comprenez pas, quand je vous dis que je souhaiterais me coucher ? Seul, qui plus est.
- Pourquoi vous endormir seul, alors que je suis là, à m'offrir à vous sans rien vous demander en échange ?
- Ecoutez Elena. Je ne suis pas le genre d'homme qui couche avec une femme juste une nuit et ce qu'importe la personne. Et encore moins quand celle-ci a aussi peu de respect pour son entourage mais encore moins pour elle-même. Vous manquez pour le moins de dignité. Je vous en prie, ne me faites pas ce regard, que vous soyez à moitié nue la dessous ni changera rien, je ne suis pas comme ça et je n'ai jamais aimé les femmes faciles.

Elle bouillonnait de rage à l'intérieur mais se contenait pour ne pas lui montrer qu'il l'avait blessée ou du moins qu'il avait visé juste. Il lui restait un minimum de fierté quand même.

- Elena... Je ne veux pas être méchant mais vous m'êtes même sympathique et ce serait dommage de gâcher ce premier contact professionnel que nous avons eu. Il n'y a pas que le sexe vous savez et ce n'est pas pour autant qu'on ne s'intéressera pas à vous.
- Dites plutôt que je ne suis pas elle !
- Qui ?
- Haley.
- Cela n'a rien à voir avec Haley, cessez votre fixation ridicule. Je viens de vous dire ce que je pensais de vous, ce qui était plutôt flatteur et vous réagissez comme une gamine de douze ans qui n'obtient pas de jouet par son père. C'est pathétique.
- Voilà le triste portrait d'Elena : égocentrique et pathétique. Que voulez-vous, on ne peut pas tous vivre au pays des bisounours.


Patrick ne pipa mot et la fixa attendant une réaction mais elle sentit tout à fait ridicule et s'excusa. Depuis son divorce, qui datait de presque deux ans (son mari l'ayant quittée pour une femme de cinq ans sa cadette), elle vivait dans l'angoisse de ne jamais retrouver l'amour ou de ne plus être désirée. Elle ne trouva alors pas d'autres moyens que se forger une carapace et de jouer les aguicheuses, ainsi elle ne supportait pas d'être repoussée et cela faisait ressortir son côté susceptible et mesquin.

- Vous savez, la vie est là devant vous. Au lieu de la gâcher, redevenez celle que vous étiez et ce pour quoi on vous a épousée. Qu'il soit parti avec une autre ne veut pas dire qu'elle soit forcément mieux pour lui mais que lui en revanche est un sombre crétin. On sait toujours ce que l'on perd mais jamais ce que l'on retrouve.

Il avait vu juste et Elena sentit les larmes lui monter aux yeux mais les refoula.

- Merci beaucoup et pardonnez mon comportement.
- On a tous nos faiblesses, vous savez. Bonne nuit, Elena.
- Patrick ?
- Oui ?
- Ne laissez pas tomber. Un jour, elle sera dans vos bras. Bonne nuit.

Elle lui tourna le dos et s'en alla dans la ruelle sombre. Patrick la regarda s'éloigner avant de rentrer dans son cabinet et de fermer la porte à clé.


Dix minutes plus tard, il était allongé dans son lit à repenser à la soirée qu’il venait de passer. Du sourire qu'il a vu apparaître sur le visage de Haley et tomba dans les bras de Morphée avec cette agréable image en tête.



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