Haley vivait dans cette petite ville depuis maintenant cinq ans.
Elle y était arrivée, par hasard, après une panne de voiture. Sa vieille camionnette était le seul bien qui lui restait de sa grand-mère. Par conséquent, il était hors de question pour elle de la mettre à la casse en vue de la remplacer par une voiture qui n’aurait aucune valeur sentimentale et dans laquelle elle ne se serait pas sentie à l’aise. C’est pour cela qu’elle piqua une crise de nerfs quand celle-ci se mit à faire un bruit assourdissant qui ne présageait rien de bon et qu’elle avançait de plus en plus difficilement.
Elle finit par s’arrêter sur le bord de la route juste à l'entrée de la ville où le garage de Mike était un peu plus que voyant avec son enseigne rouge sang taguée de petites voitures aux couleurs plus pétantes les unes que les autres. Elle n'avait que cent dollars en poche à cette époque et fut soulagée quand elle sut que c'était juste le filtre à huile qui fuyait.
En ce lundi ensoleillé, elle était assise sur sa terrasse, dégustant son café, rituel indispensable avant d'aller travailler ! Elle se levait toujours un peu plus tôt le matin pour admirer le lever du soleil à travers les arbres qui étaient plantés en bordure de son chalet, à 2 kilomètre du centre ville. Ce matin-là, la température n’était pas spécialement élevée. Il faut dire que dans le Wyoming le printemps est rarement synonyme de chaleur. Elle s'était donc habillée d’un jean bleu foncé accordé à un petit chemiser à manches longues jaune coquille qui faisait très bien ressortir le bleu gris de ses yeux. Le chant des oiseaux qui nichaient dans les arbres la mettait toujours de bonne humeur et lui donnait sa dose quotidienne de motivation pour la journée. C'est alors que Sarah arriva et la fit sursauter en la sortant brusquement de ses rêveries.
- Salut Haley. Tu étais encore dans la lune, un jour tu vas finir par avoir une crise cardiaque dit-elle sur le ton de la rigolade.
- Et ce jour là tu seras là pour appeler les secours étant donné que chaque fois que ça se produit c'est toi qui en es responsable ! lui répondit son amie sur un ton sarcastique.
Sarah fit la moue même si elle savait que c’était pour la taquiner.
- Bon, on y va sinon nous allons finir par être en retard et je te rappelle qu'étant les seules employées de la boutique, elle ne va pas s'ouvrir toute seule !
- Le temps de prendre ma veste et je suis prête. On prend ta voiture ou la mienne ? lui demanda Haley
- Aujourd'hui ce sera toi le chauffeur, j'ai déposé ma voiture au garage, un petit souci de pneus.
Elles prirent la direction du centre ville, tout en écoutant la radio en sourdine pour entendre ce que l'animateur disait tout en pouvant discuter toutes les deux.
Haley avait tout de suite sympathisé avec Sarah lors de son arrivée à Angel's Fist. Une amitié s'était tout de suite créée entre elles et depuis elles ne se quittaient plus.
Sarah, avait 1 an de plus que Haley qui en avait 28, elle mesurait 1m75 pour 58kg. L’idéal pour cette fashion victime car ça lui permettait de vivre pleinement sa passion. Ses cheveux lui arrivaient cinq centimètres en dessous des épaules, ils étaient légèrement ondulés à la pointe ce qui lui faisait une coiffure négligée mais pas désagréable à regarder. Elle était mariée depuis trois ans à Phil, le gérant de l'épicerie de la ville. Haley avait été son témoin.
Etant toutes les deux passionnées de livres, elles avaient scellé leur amitié, en ouvrant une librairie. Celle-ci fonctionnait plutôt bien pendant périodes scolaires comme en haute saison car les touristes venaient acheter un ou deux bouquins pour lire sur les bords du lac.
Haley gara la camionnette pile devant la boutique, il n'était pas étonnant d'y trouver une place à cette heure matinale. Ouvrant machinalement sa portière elle percuta un piéton qui lâcha son fardeau composé de nombreux cartons.
- Oh mon dieu, je suis désolée, veuillez m'excuser, je n'ai pas fait attention, je suis confuse !
- Oui ba, ce ne sont qu’un tas de paperasse, rien de fragile mais tous mes dossiers sont mélangés alors qu’ils étaient soigneusement classés. Vous devrez les remettre comme ils étaient, lui répondit l'inconnu.
- Euh.... oui bien sûr, ça va de soi, dit-elle gênée.
Sarah, quant à elle, se retenait pour ne pas éclater de rire de peur de provoquer les foudres de l’inconnu, bien qu'il n’ait pas l’air si contrarié que ça ! Au contraire, il était très calme, un peu trop même à son goût.
- Ne vous stressez pas, je plaisantais, j'aurais très bien pu les faire tomber en ratant une marche par exemple, dit-il pour la rassurer.
- Bon, ça va alors. Désolée d'être indiscrète mais que faites-vous avec tous ces cartons ? Vous n'êtes pas d’ici, sinon on vous aurait déjà vu, tout se sait très vite ici...
- En effet, je suis nouveau en ville. Depuis à peu près 24 heures ! A présent, vous pouvez compter un habitant de plus! dit-il avec un large sourire
- Oh ! Très bien, alors bienvenue Monsieur... ?
- Docteur... Docteur Rice, je suis le nouveau médecin de la ville. J'ai appelé le maire hier suite à une annonce dans le journal et me voilà.
- Génial, avec la saison touristique qui ne va pas tarder, vous tombez à pic. Je m'appelle Haley James et voici mon amie Sarah Wolf, son mari est Phil Wolf, l'homme qui tient l'épicerie juste là, dit-elle en désignant du doigt le petit magasin qui se trouvait à cent mètres plus loin de l'autre côté de la rue.
- Eh bien, enchanté de faire votre connaissance Melle James et Madame Wolf. Pardonnez-moi de paraître si impoli mais je dois poser ces cartons au plus vite, je ne veux pas perdre de temps pour m'installer. Bonne journée à vous mesdames.
Il partit sans se retourner, ce qui était prudent de sa part sauf s’il voulait une nouvelle fois faire tomber ses cartons. Il s'éloigna des filles pour rejoindre son cabinet médical inoccupé depuis deux mois maintenant, l'ancien propriétaire ayant fait une crise cardiaque lors d'un rendez-vous. Il ouvrit la porte du cabinet puis la refermât derrière lui.
- Plutôt gentil, dit Haley à son amie.
- Mouais, comme tout nouveau venu dans une ville, on ne sait jamais ce qu'ils amènent comme fantômes avec eux, lui répondit Sarah.
- Eh bien comme ça je sais quelle fut ta première pensée en me voyant !
Sur ces mots, elles entrèrent dans leur boutique et mirent le panneau « ouvert ». La journée débuta avec cette nouvelle rencontre.
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